Publié il y a 1 an - Mise à jour le 04.01.2023 - Thierry Allard - 3 min  - vu 1783 fois

BAGNOLS/CÈZE Les urgences de l’hôpital saturées, avec jusqu’à 9 heures d’attente

Le centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze. (Marie Meunier / Objectif Gard)

« La situation nationale est très tendue sur les urgences, et Bagnols n’y échappe pas » : le directeur du centre hospitalier de la troisième ville du Gard, Jean-Philippe Sajus, tire la sonnette d’alarme ce mercredi.

Confronté comme tout le pays à trois épidémies simultanées, bronchiolite, covid et grippe, « nous sommes en situation de saturation », pose le directeur, sur un territoire confronté aussi à « des facteurs plus structurants. » Au premier chef le vieillissement des quelque 140 000 habitants du territoire concerné par l’hôpital, mais aussi la pénurie de médecins généralistes, qui s’accroît chaque année notamment à Bagnols et Pont-Saint-Esprit.

Résultat : « L’activité des urgences est en hausse avec 32 000 passages par an, ce qui représente de 80 à 130 passages par jour, nous en sommes à entre 100 et 120 passages par jour depuis Noël », détaille le docteur Pierre Kovalevsky, président de la Commission médicale d’établissement. Des passages qui peuvent s’éterniser sur les brancards, avec « jusqu’à 9 heures d’attente depuis plusieurs mois », souffle Jean-Philippe Sajus, une situation jamais vue de son propre aveu, là où ces délais d’attente n’excédaient pas 2h30 auparavant.

Or, ce temps d’attente « peut entraîner une perte de chance » pour le patient, rajoute le directeur, alors que les lits d’hospitalisation sont aussi saturés. Il entraîne aussi des plaintes de patients, « j’en ai encore reçu une ce matin (mercredi, NDLR) », souffle le directeur. Et encore, les urgences sont quelque peu soulagées par l’ouverture d’une maison médicale de garde avec des médecins de ville au sein de l’établissement, « une solidarité précieuse » pour le Dr Kovalevsky, qui permet de prendre en charge une quarantaine de patients par soirée qui passent eux aussi par le 15. Pas de quoi cependant faire baisser l’activité générale des urgences.

Jean-Philippe Sajus, directeur du centre hospitalier de Bagnols/Cèze. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Si Jean-Philippe Sajus sonne l’alerte aujourd’hui, c’est que la période est sensible : avec les fêtes, les contaminations intra-familiales sont en hausse. Alors le message est clair : « Évitez d’arriver directement aux urgences de Bagnols sans passer par le centre 15 », martèle Jean-Philippe Sajus, et ce même si les temps d’attente sont longs aussi au 15.

« Ça ne tient qu’à un fil »

Et la situation ne tend pas à s’améliorer : les soignants aussi tombent malades en cette période, « et nous avons dû fermer des lits car nous n’avions plus le personnel pour soigner les gens », indique le Dr Kovalevsky. À cela se rajoute un découragement des soignants constaté aussi à Bagnols, et « une absence de solution en aval pour tous ces patients, car le centre hospitalier est plein », poursuit-il. Et impossible de transférer des patients vers Alès, Avignon ou Nîmes, « qui sont dans le même état de saturation », selon le docteur. Bref, le tableau dressé est bien sombre.

Il pourrait encore s’assombrir : une fermeture ponctuelle du service d’urgences n’est « pas exclue », prévient le président de la CME, toujours pour cause de manque de personnel, vu que seuls 8 équivalents temps pleins sur 13 sont pourvus aux urgences. Et ces valeureux huit soignants enchaînent les heures supplémentaires depuis des mois.

Plus globalement, la liste des postes à pourvoir et qui le restent est longue au centre hospitalier de Bagnols : outre les urgentistes, il manque aussi au moins deux gériatres, un orthopédiste, un pédiatre et pas moins de 16 infirmiers. Et il n’y a pas vraiment de marge : seule une infirmière et un administratif non-vaccinés n’ont pas encore été réintégrés, et l’établissement n’a reçu que très peu de candidatures de médecins étrangers hors-Union européenne.

Face à cette situation, si l’établissement n’a pas encore dû déprogrammer d’opérations chirurgicales, « la situation est difficile, ça ne tient qu’à un fil », dit Jean-Philippe Sajus. Tout le monde écope, alors que l’hôpital « n’a pas quitté la crise depuis le covid, reconnaît-il, c’est une situation clairement anormale mais qui dure. »

Thierry Allard

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