Publié il y a 1 an - Mise à jour le 02.05.2023 - Propos recueillis par Abdel Samari - 4 min  - vu 6334 fois

L'INTERVIEW Vincent Bastide : "Il n’y a pas de débat sur notre implantation dans le futur quartier des Costières"

Vincent Bastide

Vincent Bastide, PDG du groupe Bastide Médical

- Photo DR

Vincent Bastide, PDG du groupe Bastide Médical, s’exprime rarement dans la presse. Il a décidé de le faire ce mardi matin sur Objectif Gard pour expliquer la démarche qui est la sienne désormais : amplifier l’investissement auprès des talents du Gard et accélerer, pour son entreprise, l’internationalisation de l’activité.

Objectif Gard : Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre le groupe The social club, dirigé par Denis Allegrini et Christophe Chalvidal ?

Vincent Bastide : Tout simplement parce qu’ils sont venus me chercher pour les aider à trouver des sources de financement dans le cadre de futurs projets immobiliers. Ils avaient aussi besoin d’une ingénierie financière robuste et pertinente pour prendre les bonnes décisions. En la matière, je sais faire avec plus de 320 millions de levées ces dernières années, et un groupe côté en bourse depuis 1997. Nous avons aujourd’hui un pacte d’associés qui prévoit de me consulter pour toutes les décisions clés et chacun compte un tiers de l’entreprise. C’est équitablement réparti.

Ce ne sont pas les seuls à être venu frapper à votre porte…

Non en effet, il y a quelques années, nous avons encouragé le développement d’Anissa avec ses propositions innovantes en matière de pâtisseries. Plus récemment, c’est Victor Jalaguier qui m’a demandé de l’aide pour ouvrir son premier restaurant La Vida au chemin du Carreau de Lanes à Nîmes. J’ai décidé d’aller plus loin et d’investir sur l’ensemble du lieu qui comprends un centre de fitness, un club de tennis et de paddle et demain, une boutique avec une offre de produits adaptés aux sportifs. J’adore cela, relever tous ces challenges…

Qu’est-ce qui vous pousse à cela ?

La motivation pour Nîmes et le Gard. Et puis, je trouve cela chouette d’aider des gens motivés, travailleurs. Ce sont des profils comme cela qui m’intéresse. Ma démarche est dans une optique bienveillante. Vous savez, j’ai beaucoup de chances d’avoir un père qui m’a transmis un vrai savoir-faire. Tout le monde n’a pas cette opportunité. J’ai aujourd’hui 54 ans, c’est le moment aussi de transmettre intelligemment ce capital positif. Moi, je suis un entrepreneur dans l’âme. C’est génial de pouvoir le partager avec des personnes plus jeunes que moi.

Au départ, c’est de l’opportunisme ou c’était réellement une philosophie ?

Depuis longtemps, je m’intéresse au secteur de l’hôtellerie et de la restauration. J’ai une attirance pour l’investissement immobilier. Comment tu occupes l’immobilier ? Avec des actifs immobiliers, et l’hôtellerie, quelque chose de noble et de beau. Prenons l’exemple du Social Club, c’est une très belle réussite avec Margaret, avec l’hôtel Chouleur, moi je trouve que c’est captivant. Travailler sur des concepts, des projets de restaurant, du tennis, etc. Je me dis, pourquoi ne pas le dupliquer sur d’autres sites ? En plus, ça coche toutes mes valeurs : le sport, la convivialité et le bien-être. Et cerise sur le gâteau, cela participe à la vie de l’agglomération nîmoise.

Envisagez-vous d’ouvrir une structure d’investissement ?

L’immobilier est un point central. J’ai la chance d’avoir le soutien des banques. Des banques régionales qui ont des centres de décisions sur place, et qui sont capables de faire du sur-mesure. Par ces atouts-là, je peux réussir à m’intéresser à d’autres secteurs d’activité. Créer une structure d’investissement avec différents pôles d’activité, pourquoi pas. Je ne suis pas contre l’idée d’élargir en tout cas mon champ de vision ! Entreprendre, ça me passionne ! Moi j’ai toujours évolué dans une activité réglementée, l’État étant l’élément décisif, en France comme à l’étranger. Forcément, cela m’intéresse d’entreprendre dans des métiers moins réglementés.

N'allez-vous pas délaisser Bastide Médical ?

Certainement pas. L’avantage, c’est que je maitrise mon modèle économique. Et sur le reste, je suis humble et modeste. Ce n’est pas parce que je dirige un groupe aussi connu que je pense tout connaître. Ces nouvelles activités, je découvre les ressorts au fur et à mesure. C’est pour cela que je veux rester à ma place et laisser faire des experts. Pour le moment, j’apprends, j’observe, j’écoute.

Comment se porte d’ailleurs Bastide Médical ?

Nous sommes alignés sur nos objectifs avec une trajectoire de 12 % de croissance, et une rentabilité en amélioration. On est vigilant sur la maitrise de notre endettement même s’il n’y a pas d’alerte particulière. Je voudrais dire que nos résultats sont positifs à plusieurs titres mais particulièrement parce que nos tarifs n’ont pas augmenté alors que nos coûts ont explosé. Vous le savez, c’est l’État français qui fixe les tarifs dans le monde médical et ces tarifs ne prennent même pas en compte à ce stade, l’inflation. Si nous avions pu réindexer l’inflation comme dans tous les métiers en France, nous aurions pu davantage amortir le choc et réaliser une croissance bien plus forte ! Cependant, nous sommes présents dans sept pays aujourd’hui (Suisse, Espagne, Italie, Canada, Royaume-Uni, Belgique, etc) et nos résultats sont très prometteurs. Ils pèsent déjà 18% de l’ensemble de l’activité du groupe. J’ai bon espoir d’atteindre les 30 % rapidement. Et à termes 50 %.

La dynamique est clairement tournée vers l’étranger pour votre groupe ?

Le cap est très nettement mis sur l’étranger. Nous avons des discussions dans le Nord de l’Europe. On veut continuer à internationaliser notre activité. On va se lancer dans une démarche de points de vente en franchise. Aujourd’hui, nous avons 57 points de vente intégrés et 100 en franchise. On doit aller plus loin. On aimerait d’ailleurs ouvrir des franchises en Europe.

Regarder vers l’international parce que le secteur de la santé est malade en France ?

Je ne sais pas si le diagnostic est le bon. Ce qui pose problème à l’État, c’est la démographie. On est toujours dans un système d’assurance maladie des années 50 alors que la démographie était complètement différente. Je suis en contact avec des médecins, presque tous les jours. C’est un baromètre. La médecine universitaire comme en ville souffre. L’État a devant lui un challenge difficile mais nécessaire pour redonner du souffle et de l’envie aux médecins.

En France, et ici à Caissargues, vos équipes sont à l’étroit. Avez-vous toujours l’intention de transférer vos locaux dans le nouveau quartier du futur stade des Costières ?

Il n’y a pas de débat ni de question aujourd’hui sur notre implantation sur le futur quartier des Costières. Nous avons en effet un effectif croissant et un besoin de locaux adaptés. Je vous rappelle que nous sommes l’un des plus gros employeurs du Gard avec 600 salariés dans le département. Et 4 000 au total. Maintenant, sur le projet de M. Assaf, il y a des notions qui me dépassent, un contexte inflationniste, des taux d’intérêts en progression rapide, un coût des matériaux exponentiel. C’est à M. Assaf de nous dire s’il y a un problème avec le projet. Je n’ai pas eu de rencontre récente avec lui, aucun appel de sa part donc pour moi, il n’y a pas d’interrogation à avoir. Tout cela suit à la feuille de route fixée initialement…

Propos recueillis par Abdel Samari

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