ALÈS Aux Restos du cœur, l'afflux est massif et les moyens plus limités
Si les 35 M€ qui manquaient au niveau national pour finir l'année ont été trouvés, les bénévoles des Restos du cœur ont appris à dire non et limitent les quantités distribuées. Mais l'inquiétude est grande pour la suite, et les chiffres ne contredisent pas cette impression. À titre d'exemple, entre les étés 2022 et 2023, la fréquentation des locaux alésiens a bondi de 48%...
Une quinzaine de personnes patientent, dans le couloir, que les dix autres assises dans la bibliothèque soient reçues pour l'inscription. Dehors, une trentaine de personnes attend son tour pour la distribution alimentaire. Alors que la campagne d'hiver des Restos du cœur a débuté mardi dernier, les bénévoles de l'association relèvent déjà une fréquentation en hausse. "On a gardé les barêmes d'été, gelés pour l'année, explique la responsable du centre, Cathy Bendjeddou, qui constatait déjà une hausse en septembre sans disposer encore des chiffres définitifs (relire ici). On a baissé les dotations. Et on n'a plus la latitude pour accueillir tout le monde." Mais les bénévoles ne se refont pas. "On aide quand même ceux qui sont dans un grosse misère, mais on en laisse plein sur le bord de la route", se désole Cathy Bendjeddou.
"On assiste plus à de la désolation qu'à de la colère. Mais je ne sais pas du tout comment vont faire certains."
Cathy Bendjeddou, responsable alésienne des Restos du coeur
L'association traite donc la subsistance de 160 familles. "Les gens constatent que les quantités baissent mais ils comprennent, souligne Cathy Bendjeddou. On assiste plus à de la désolation qu'à de la colère. Mais je ne sais pas du tout comment vont faire certains." Les Restos fonctionnent par point, quatre par personne, soit seize points pour une famille de quatre. "Avant, c'était six par personne. Une famille de quatre perd donc huit points." Ce sont des légumes en moins ou des boîtes de conserve supprimées quand les légumes ont été distribués. "Avant, on donnait aussi un litre de lait par personne, selon la composition de la famille, sans le faire entrer dans le système de points." Désormais, la bouteille de lait, aussi, a une valeur fixe.
Et si les magasins - comme Hyper U de la rocade pour l'antenne alésienne des Restos - continuent de jouer le jeu, les difficultés financières que traversent les ménages se répercutent invariablement sur leur générosité. En octobre avait lieu la collecte départementale de l'association. "35 tonnes ont été données dans le Gard, sur 49 magasins. L'an dernier, c'était le même tonnage avec moitié moins de magasins", constate Cathy Bendjeddou. Il y a quelques jours, les Restos ont aussi conventionné, au niveau national, avec l'association Emmaüs "pour que leurs pourboires soient transformés en bon d'achat, qu'ils nous reverseront", sourit la responsable alésienne des Restos du cœur. Un apport à la marge, mais rien ne doit être négligé dans une situation qui empire.
"On est obligés d'être un peu pessimistes pour la suite"
Didier, bénévole aux Restos du coeur d'Alès
"On a malheureusement appris à dire non, confirme Cathy Bendjeddou, mais il y a des situations qui font mal aux tripes. On peut faire jouer nos relations. On appelle parfois à l'aide. Mais ce ne peut être que de courte durée. On est tous un peu dans la même galère au niveau des associations." Didier, bénévole à côté de Cathy Bendjeddou, résume la situation globale : "On comprend que les gens soient amers et frustrés de repartir avec moins. Et on est obligés d'être un peu pessimistes pour la suite."