GARD Réforme des retraites : toujours présents !
Ce mardi marquait la reprise de la mobilisation contre la réforme des retraites, avec une quatorzième journée de mobilisation intersyndicale en cinq mois, alors que la proposition de la loi du groupe LIOT, visant à abroger la réforme, doit être examinée ce jeudi à l'Assemblée nationale. Des manifestations étaient organisées à Nîmes, Alès ou Bagnols.
À Alès
Ne leur parlez pas de baroud d'honneur. Même avec une mobilisation moins élevée que lors des derniers cortèges - mais plus forte que ce que certains attendaient vraiment - il n'y a officiellement pas de déception chez les leaders syndicaux alésiens. "Je pensais que ça ne serait pas un grand jour", avoue Martine Sagit pour la CGT tout en s'étonnant en cours de parcours du nombre de personnes qui ont quand même rejoint la manifestation. "Les gens sont fatalistes, constate la secrétaire de l'union locale CGT. Quand ils se battent et qu'ils sont autant méprisés... Et puis, c'est la fin de l'année scolaire, l'époque des sorties des enfants... Mais je ne suis pas déçue, il y a quand même une belle petite mobilisation."
Le cortège a effectivement grossi en cours de parcours, atteignant son maximum devant la clinique Bonnefon - soit entre 2 000 et 2 500 personnes - où une halte a été faite pour dénoncer l'abandon du système de santé. "La colère reste, poursuit Martine Sagit, la contestation sociale augmente. Notre président n'est pas très démocrate." Face à lui, Martine Sagit met en avant "l'unité syndicale encore là et je pense qu'elle va rester parce que le président n'est pas respectueux".
"On nous a déjà annoncé le baroud d'honneur, rembobine Thierry Olivier de la FSU. On ne peut pas lâcher alors qu'on nous retire les deux plus belles années de retraite pour les remplacer par les deux années de travail les plus dures. Une loi comme ça, il faut au moins qu'elle soit votée." Pour ce directeur d'école, il reste des combats "à mener", alors qu'on assiste à "la destruction des acquis et des services publics". Pour lui, le Gouvernement a tellement "fait de cadeaux aux riches ces dernières années" qu'il n'est pas étonnant que "les personnes les plus riches du monde, homme et femme, soient Français. On ne lâchera pas", souhaite Thierry Olivier, qui pense que "les syndicats ont marqué des points, le mouvement syndical a prouvé sa force".
Une force qui n'a pourtant pas donné les résultats escomptés. "Symboliquement, on n'aura peut être pas gagné. Mais le mouvement aura quand même un impact sur l'avenir, espère le syndicaliste FSU. Parce que le Gouvernement a été ridicule." "La colère ne s'éteindra pas, reprend Arnaud Bord, du Parti socialiste. Pas avec un non-vote. Aujourd'hui, on sait que la réforme passe car le Gouvernement est majoritaire sur le sujet avec le sénat. Mais de l'aveu même de Philippe Berta, il manque dix voix à l'Assemblée. Les gens sont ainsi prisonniers d'un pouvoir qui ne les regarde plus."
"Les colères vont s'agréger à un moment donné, entre pouvoir d'achat, éducation et retraites, espère l'ancien premier fédéral socialiste. Le président doit prendre en compte ce que le peuple dit car il n'a pas été élu sur son programme. Et si on veut des milliards, on rétablit l'impôt sur la fortune."
À Bagnols-sur-Cèze
À Bagnols, Ils étaient 2 000 selon les syndicats, 500 selon la police, à se retrouver pour une quatorzième fois depuis janvier mobilisés face à la réforme des retraites. Sous le soleil, le cortège s’est élancé depuis le monument aux morts de la place Urbain-Richard vers le rond-point du pont de Cèze, où la circulation est restée bloquée quelques minutes, provoquant quelques coups de klaxon dont l’histoire ne dit pas s’ils étaient en soutien ou pas des manifestants.
L’intersyndicale, toujours au complet, s’est partagée le micro pour revendiquer, une énième fois, « le retrait de la réforme », lancera Patrick Lescure de la CGT, parlant une nouvelle fois d’une réforme « brutale et injuste. » Louise Moulas pour FO, David Crunelle pour la FSU, Marion Couffin pour SUD Solidaires et Florent Hugon pour la CFDT lui succèderont, pour évoquer l’augmentation des salaires, l’égalité salariale hommes-femmes ou encore la réintroduction des critères de pénibilité. Le dernier nommé finira par lancer : « Nous ne tournerons pas la page ! » Pour autant, nul ne savait ce matin si une quinzième journée de mobilisation serait organisée, le seul horizon étant à jeudi, avec l’examen de la proposition de loi LIOT visant à abroger la réforme des retraites. Les syndicats ont d’ores et déjà donné rendez-vous jeudi soir à 18 heures place Mallet pour un rassemblement.
À Nîmes
C'est un cheminement similaire aux précédentes manifestations qui a été effectué cette après-midi dans le chef-lieu du département du Gard. Ils étaient 10 000 selon la CGT, quand la préfecture annonçait un tout autre chiffre : 1 800. Pour cette 14e manifestation, à deux jours du vote de la proposition de loi du groupe LIOT pour abroger la réforme des retraites, il était clair que moins de manifestants se sont mobilisés. Cependant, les présents ne se sont pas sentis abattus et les différents syndicats habituels ont répondu présent, à l'image de la FSU et de son camion, où les parodies de chansons populaires ont accompagné les danses des Rosies.
Habitué des manifestations contre la réforme des retraites, le premier fédéral du Parti Socialiste dans le Gard, Pierre Jaumain, a expliqué ne pas vouloir lâcher : "Nous sommes à deux jours de l'examen de la proposition de loi pour abroger la réforme des retraites. Il faut à tout prix mettre la pression contre cette loi qui n'a pas été votée et qu'une grande majorité des Français n'accepte pas", explique-t-il. Nos confrères du journal Le Point annonçaient il y a quelques jours que Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, aurait voulu censurer la réforme des retraites : "J'étais agréablement surpris, Laurent Fabius est un socialiste comme moi, c'est une bonne nouvelle que même dans cette instance-là, les socialistes agissent contre la réforme".
Pendant le cheminement des manifestants, un fait assez insolite s'est produit. Sur les arènes de Nîmes, des banderoles ont été accrochées par des Rosies, où l'on pouvait lire "64 ans, c'est non". Le cortège s'est fini comme à son habitude devant la préfecture du Gard. La CGT a annoncé qu'un rassemblement sera prévu ce jeudi à l'occasion du vote prévu à l'Assemblée Nationale.