Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 18.03.2021 - corentin-migoule - 3 min  - vu 929 fois

ALÈS Groggy mais pas KO, le Punch insertion cévenol attend des jours meilleurs

Nordine Sekarna, Sofiane Hadj-Brahim et Kamel Hadj-Brahim s'impatientent à l'idée de retrouver une activité normale. (Photo Corentin Migoule)

Un an après le début de la pandémie, les boxeurs du club alésien spécialiste des combats pieds-poings sont toujours confinés loin des rings. Si la mission sociale du Punch insertion cévenol est mise en péril, Kamel Hadj-Brahim, son président, ne désespère pas d'organiser la traditionnelle Nuit du K1 au mois de juin. 

L'odeur de la sueur mêlée à celle des pieds qui émane généralement des tatamis d'une salle de sport n'est plus qu'un lointain souvenir pour les licenciés du Punch insertion cévenol. La salle de boxe gérée d'une main de fer dans un gant de velours depuis 1998 par Kamel Hadj-Brahim, champion du monde de kick-boxing, est fermée au public depuis le mois de novembre dernier, synonyme de reconfinement pour tous les Français.

C'est un président plus désabusé que courroucé qui nous a ouvert les portes de son "temple", accompagné de Nordine Sekarna, trésorier, qui n'a plus aucune occasion de renflouer les caisses du club. La centaine de licenciés qui avait renouvelé sa confiance au tandem de choc à la dernière rentrée n'a eu en effet que peu de temps pour s'exprimer. "On avait repris les entraînements en septembre et moins de deux mois après tout s'est arrêté", rembobine Kamel Hadj-Brahim.

"Quand le covid est arrivé, j’étais en pleine bourre"

Depuis, quelques cours en plein air ont été proposés par le club à une poignée de pratiquants désireux de se défouler, mais "ça ne remplacera jamais les entraînements sur un ring", rebondit le président. "Ce n’est pas évident, surtout l’hiver. Il ne faut pas oublier que c’est un sport d’intérieur par essence", complète son fils, Sofiane. Seul ce dernier qui bénéficie du statut de boxeur professionnel et donc d'une dérogation de la fédération, continue à s'entraîner avec assiduité, "du lundi au dimanche". 

S'il se dit "chanceux" de pouvoir exercer sa passion quand d'autres sont confinés à la maison, Sofiane Hadj-Brahim sait aussi ce qu'il rate en raison de la pandémie : "Quand le covid est arrivé, j’étais en pleine bourre. J’avais signé pour quatre combats et c'était la première fois de ma carrière que j'étais au bon poids deux ou trois semaines avant la première échéance." Depuis, Sofiane a eu 28 ans, "la force de l’âge pour un boxeur", mais les perspectives de reprise de la compétition sont inexistantes.

Heureusement, le boxeur pieds-poings, qui est passé professionnel il y a trois ans, fort de l'expérience de son papa, n'a pas tout misé sur le sport : "Le kick-boxing, même professionnel, tu n’en vis pas ! Il ne faut pas vendre du rêve aux jeunes", enfonce celui qui est surveillant de nuit et donnait des cours de boxe quand la pandémie n'existait pas.

"On est une crèche gratuite"

À l'arrêt, cette pépinière de champions où se côtoient habituellement petits et grands, compétiteurs et pratiquants amateurs, ne peut plus exercer sa mission première. "Dans le nom du club, il y a un terme qui n’a pas été choisi au hasard, c’est "insertion". On voulait donner aux jeunes la perspective de rencontrer du monde de tous les horizons et en ce moment ce n’est pas possible", regrette Nordine Sekarna.

"Si la mairie d'Alès nous fait confiance et nous soutient depuis tant d'années, c'est que nous sommes respectés pour notre travail et notre action sociale", résume Kamel Hadj-Brahim, qui "se débrouille toujours pour accueillir les enfants", même quand les parents n'ont pas les moyens de régler le montant de la licence. Un accueil qui, en ce moment, "manque beaucoup aux enfants, et surtout à leurs parents", ironise le président du Punch insertion cévenol. Et d'ajouter : "Pour beaucoup, on est une crèche gratuite ! (rires)"

Si l'événement a dû être annulé en 2020, Kamel Hadj-Brahim veut tout faire pour redonner à la Nuit du K1, organisée chaque année depuis vingt-ans aux arènes du Tempéras d'Alès, ses lettres de noblesse. "On a bloqué la date du 5 juin pour faire un gros show mais on n'a aucune certitude de pouvoir le faire", expose-t-il, trop lucide pour se laisser gagner par un enthousiasme démesuré.

Corentin Migoule

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