FEMME DE l’OMBRE Élisabeth Montez, chef d'orchestre du Département
Seulement huit mois après son arrivée au Département, Élisabeth Montez est propulsée au rang de directrice de cabinet. Un choix qui reflète la volonté du président socialiste d’écrire une nouvelle page de l’histoire de la collectivité.
En apparence, Elisabeth Montez est un mystère. Comment cette quadragénaire sans expérience politique a pu passer, en moins d’un an, du rang de simple chef de cabinet à celui de directrice ? « Pensez-vous que je sois fou ? », s’amuse Denis Bouad, plein de malice. Depuis sept mois, cette petite brune tirée à quatre épingles suit et conseille le président socialiste.
Observatrice et réservée, le profil de cette fonctionnaire de carrière tranche avec ceux des apparatchiks qui remplissent souvent les cabinets. Pourtant, son arrivée ne relève ni de la "folie", ni du hasard. Elisabeth Montez est l’une des traductions concrètes de la volonté de l’exécutif de réformer l’institution, politiquement instable et soumises à d’importantes difficultés financières.
Une agent de la collectivité
Originaire de Milhaud, la Gardoise endosse le costume de chef de cabinet en juin 2015, soit un mois après l'accession de Denis Bouad à la présidence. C'est Sébastien Arnaux, le directeur de cabinet de l'époque et également fonctionnaire territorial, qui soumet son nom à l’exécutif. Ancien collaborateur de l’éphémère président Jean Denat, le Nîmois est à mille lieues de se douter que sa recrue prendra sa place, quelques mois plus tard...
Son nouveau poste marque un tournant dans la carrière d’Élisabeth Montez. Non encartée, cette mère de trois enfants restait jusque-là en dehors du jeu politique, même si ses convictions ont plutôt tendance à faire battre son cœur à gauche. Attachée principale, elle entre en 1987 au Département, occupant pendant plusieurs années le poste de chef du service des moyens et de l'environnement du travail. « Quand je maîtrise parfaitement un poste, je trouve que je ne suis plus une plus-value. J’ai besoin de me mettre à nouveau en danger », martèle-t-elle.
En 2010, l'ambitieuse fonctionnaire migre au conseil régional pour devenir directrice de la Maison de la Région à Nîmes. Elle n’y restera que trois ans, cherchant un nouvel accomplissement au service des relations publiques et du protocole. « C’est une personne rigoureuse et méthodique. Des qualités essentielles pour un chef de cabinet qui gère l’agenda du Président », constate l’un de ses anciens collègues.
Une directrice de cabinet à son image
Son profil séduit le président du Département, désireux de réformer l’administration afin d’engager des économies pérennes. « Elle a gravi tous les échelons de la fonction publique, elle connaît bien cette maison », vante Denis Bouad, « elle a aussi une vision politique qui n’est pas une vision d’appareil ». Un point important pour celui-ci qui ne se soucie pas uniquement de l'éthique socialiste...
Quelques jours après les Régionales de décembre 2015, actant la fin de l’ère Alary en Languedoc-Roussillon, Denis Bouad décide de se séparer de Sébastien Arnaux et se tourne vers Élisabeth Montez. « Je l’ai observée pendant six mois. C’est une femme travailleuse, franche avec de l’intuition », assure-t-il. Malgré ses appréhensions, « une telle proposition ne se refuse pas », confie Élisabeth Montez, qui apprécie également « le président travailleur» qu'est Denis Bouad et « sa proximité avec les gens ».
Si pour l’opposition, cette nomination « n’altère en rien les relations directes que nous entretenons avec Denis Bouad », une partie de l’entourage du Président s’inquiète du manque de sens politique d’Élisabeth Montez. Vieux routard de la politique, (maire de Blauzac de 1989 à 2015, conseiller départemental depuis depuis 2004, vice-président de 2008-2015), le socialiste « sait très bien ce qu'il fait et où il va », confirme l’un de ses proches.
La chef d’orchestre du 5ème
Consciente de ses points faibles, Élisabeth Montez « travaille comme une malade » pour la préparation du budget 2016. Ses week-ends en famille se transforment petit à petit en séance de lecture intensive des rapports de la collectivité. Chantre du travail collectif, elle met sur pied « des conférences de direction » : des réunions tous les 15 jours qui se tiennent entre les membres du cabinet et ceux de l’administration pour arbitrer les décisions. Si Denis Bouad reste « le véritable patron », cette mise en commun stimule l’exécutif. Ainsi, le flair politique d’un Juan Martinez côtoie volontiers le sens de la communication d’un Mathieu Laurent ; la culture politique d’un Stéphane Cartoux ou encore le pragmatisme des directeurs généraux de l’administration…
En avril, le budget 2016 a été voté à la majorité. Si elle peut s'avérer fastidieuse, la méthode Bouad semble, pour l’heure, porter ses fruits.
Coralie Mollaret