FAIT DU JOUR Mineurs étrangers : retour sur un mois de polémique…
Ce mercredi en conseil départemental, les conseillers départementaux ont validé la rallonge de six millions d’euros pour le suivi des mineurs étrangers. Un vote qui met fin à un mois de tractations et autres polémiques... Retour sur cet épisode.
L’alerte est donnée fin septembre. La tête dans les rapports, les conseillers départementaux travaillent sur la prochaine DM (décision modificative). Ce sont des ajustements budgétaires réalisés par la collectivité, en fonction des évolutions des dépenses et des recettes. Cette fois, l’équipe du président socialiste de Denis Bouad a été un peu dépassée par la prise en charge des mineurs étrangers et doit rajouter six millions d’euros sur le budget 2019.
Laurent Burgoa : « Hors de question »
Pour Laurent Burgoa, président du groupe d’opposition Le Bon sens républicain, c'est « hors de question. » Dans nos colonnes, la veille de l’examen de la DM, le 13 octobre, l'opposant annonce la couleur : « On ne votera pas six millions d'euros supplémentaires alors que six millions ont déjà été votés. Et pendant ce temps là, on baisse de 550 000 euros l'aide aux personnes âgées du département. »
14 octobre : rejet du rapport !
Le ton est donné. Sans surprise, le 14 octobre, jour de la séance publique, l’opposition rejette en bloc le rapport. Au élus du Bon sens républicain sont venus s’ajouter ceux du groupe Centriste, justifiant leur opposition par leur désir d'envoyer un message à l'État. Plus virulent, le président du groupe Rassemblement national, Nicolas Meizonnet, compare les migrants à des « racailles. » Furieux, le président socialiste du Département Denis Bouad quitte l'assemblée, lâchant un péremptoire : « Qu’ils se débrouillent ! »
La Gauche contre-attaque
Dans l'après-midi du 14 octobre, les présidents des groupes de la majorité (Parti communiste français, Parti socialiste et Verts) ripostent en organisant une conférence de presse. « On est dans le cadre d’une dépense obligatoire. Si ces élus rejettent encore le rapport, c’est le préfet qui prendra la main et paiera la somme », plaide Christophe Serre, président du groupe socialiste, qui annonce qu'une nouvelle séance se tiendra le 13 novembre.
Le préfet du Gard : « Le Département est condamné à trouver une solution »
Et le préfet, que pense-t-il de tout ça ? Le 16 octobre, Objectif Gard interroge Didier Lauga sur le sujet : « En janvier, l’accueil a explosé (1 200 mineurs suivis contre 690 aujourd’hui, ndlr). Denis Bouad a subi des pressions personnelles. Depuis quelques mois, on travaille ensemble », constate le représentant de l’État qui explique : « Si le président me dit qu’il est dans une impasse, je prendrai la main. » Quoi qu’il en soit, la décision sera prise. « Le département est condamné à trouver une solution », termine le préfet.
« Rendez-nous nos 14 800€ ! »
Le rejet de la DM n'a pas été sans conséquence... Si six millions devaient être débloquées, d'autres crédits étaient destinés à des entreprises et autres structures comme la commune de Saint-Martin-de-Valgalgues qui attendait 14 800€. Le 24 octobre, s'adressant aux élus départementaux de son canton qui ont voté contre le rapport, le maire réclame son dû : « Mme Meunier, M. Ribot, rendez-nous nos 14 800€ ! Cette somme représente un manque énorme pour les finances de notre commune. »
L'ouverture de William Portal
En parallèle, le 30 octobre, Objectif Gard s'intéresse au maire de Marguerittes et conseiller départemental, William Portal. Celui qui se présente comme un politique « humaniste » en a étonné plus d’un en s'opposant à la DM. L’intéressé confie en avoir « ras-le-bol » que les collectivités mettent la main à la poche pour « une compétence qui relève des prérogatives de l’État. » Et d'ajouter : « Marguerittes est la commune la plus impactée par l’accueil des mineurs étrangers. Dans notre hôtel F1, près de l’autoroute, plus de 90 migrants sont accueillis», conclut celui qui aurait apprécié s’entretenir avec Denis Bouad pour évoquer ces problèmes.
La solution de la majorité
Avant la séance du 13 novembre, la majorité fait une proposition. Par la voix de Martin Delord, le vice-président aux finances, elle annonce dans notre journal, le 6 novembre : « Nous allons inscrire une recette hypothétique de l’État de 3,5 M€ […] Les élus d’opposition ont dit que leur vote n’a rien à voir avec la gestion du président Bouad. Par l’inscription de cette recette, nous envoyons un message fort à l'État. »
Le rapport finalement validé
Il en faudra (un peu) plus pour convaincre les élus d'opposition de laisser passer ce rapport. Ce mercredi 13 novembre, le président du Département accepte la création d'un comité de suivi sur les mineurs étrangers, proposant à William Portal de le co-présider avec lui. Une reconnaissance pour l'édile. La délibération est votée à la majorité (22 voix pour, 14 contre et 10 abstentions).
Et après ?
Denis Bouad en a-t-il pour autant terminé avec le sujet sur les mineurs étrangers ? Pas sûr... À l'occasion du vote du budget 2020, « une nouvelle enveloppe de 12 M€ sera votée », peste un élu Les Républicains. À l'approche des municipales de mars, la gros navire départemental risque encore de tanguer...
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com