Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 25.11.2020 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 1536 fois

GARD Le directeur des pompiers, Jean-Michel Langlais : « Le SDIS ne doit pas être un outil politique »

En poste depuis un an, le colonel Jean-Michel Langlais a signé un contrat de 5 ans au SDIS du Gard renouvelable une fois (Photo : Coralie Mollaret)

En poste depuis un an, le colonel Jean-Michel Langlais a signé un contrat de cinq ans au SDIS du Gard, renouvelable une fois (Photo : Coralie Mollaret)

En poste depuis un an, le colonel Jean-Michel Langlais a pris la direction du SDIS (Service départemental d'incendie et de secours). Composé de 2 600 pompiers, l'établissement public - financé par le Conseil départemental et les communes -  est régulièrement au cœur de l'actualité. 

Objectif Gard : Cela fait un an que vous êtes arrivé à Nîmes. Vous avez pris la suite du colonel Simonet qui est resté en poste depuis 19 ans. N’était-ce pas compliqué de prendre la relève ? 

Jean-Michel Langlais : Un nouveau poste de direction, c’est toujours difficile. Il faut un petit peu de temps pour s’imprégner de la situation. J’arrive de l'École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers que je dirigeais. Avant, j’étais directeur adjoint du SDIS de Haute-Savoie. […] Chaque département a son lot de risques… 

Au-delà du département, les pompiers gardois ont une culture assez contestataire. La grève d’un mois sur l’avenue Feuchères a marqué les esprits...  

Chez les pompiers professionnels, il y a une tradition d’expression syndicale forte. C’est lié à la dangerosité du métier. Nous avons une culture de l’hygiène et de la sécurité du travail très développée. De fait, nous avons une collaboration, un dialogue avec les partenaires sociaux qui le sont tout autant. Et puis, dans le Gard, il y a tradition de lutte sociale avec les mineurs du Nord et une lutte identitaire avec les guerres de Religion qui font que ce territoire a du caractère. 

Crise sanitaire, saison des feux de forêt et épisodes cévenoles

Quel regard portez-vous sur cette première année ? 

Cette année a été mouvementée. Dès le mois de mars, on est tombé dans le premier confinement avec la gestion de la crise sanitaire. Depuis le début, nous avons réalisé plus de 2 000 transports en milieu hospitalier de malades atteints du virus. Dans nos troupes, 200 agents ont été malades - dont 27 actuellement. À peine sortie du premier confinement, nous sommes tombés dans la saison feu de forêt puis ont suivi les inondations. D’ailleurs à propos des feux de forêts, on a eu quasiment le même nombre de départ de feux que l’an dernier : 1 500 en 2020 contre 1 200 en 2019. Toutefois, moins de surface ont brûlé grâce au redimensionnement de notre dispositif préventif très important.  

Quel était ce dispositif préventif ? 

Nous avons mis en place six groupes par jour, soit une centaine d’agent sur le terrain. Ils étaient positionnés à des endroits stratégiques pour intervenir à chaque départ de feu. Du coup, les interventions ont été extrêmement rapide. Cette année, nous avons été obligé de louer un hélicoptère d’eau, puisque les Tracker de la Sécurité civile ont fait l’objet d’une maintenance. En deux mois, 260 largages et 48 h de vols ont été effectué. L’hélicoptère était basé à Saint-Génies, ce qui nous permettait d’intervenir partout dans les meilleurs délais. Le coût de cet hélicoptère a avoisiné les 280 000€. 

Jeudi dernier au Conseil départemental, vous avez présenté le SDACR (schéma départemental d'analyse et de couverture du risque). De quoi s’agit-il ? Que trouve-t-on dans ce document ? 

C’est l’une des missions principale du directeur du SDIS. Vous savez, 80% de mon temps est consacré à la gestion des ressources humaines. Le SDACR est une photographie de la situation du département, une analyse des risques et de propositions pour mieux répondre aux enjeux. À savoir qu’il y a deux types de risques : le risque dit courant et le risque complexe. Le risque courant, c’est la gestion du quotidien, le secours à la personne. Chaque jour, nous avons 160 interventions en moyenne. On travaille alors sur le maillage du territoire pour couvrir en moins de 20 minutes 95% de la population.

Que proposez-vous pour répondre à cet objectif ?

Nous avons un manque de caserne. Dans le Gard, nous en avons 30. Il faudrait en construire quatre de plus dont une nouvelle en Camargue gardoise, entre Aigues-Mortes et Saint-Laurent-d’Aigouze. Il y a également une caserne à implanter sur le territoire de Quissac dans le triangle Saint-Hippolyte-Lédignan-Sommières. Une autre à Alès ouest, vers Bagard ou Anduze et enfin, une dans la vallée de la Cèze. 

Qu'en est-il des risques complexes ? 

Dans chaque territoire, il y a des risques particuliers. Dans le Gard, ce sont les inondations, les feux de forêt ainsi que le risque chimique et nucléaire. En cas d’inondation, par exemple, il faut être capable de mobiliser simultanément trois équipes de secours en eaux vives. À savoir qu’une équipe est composée de 12 agents. Et pour en avoir 12, vous en embauchez 36. Nous avons un besoin de personnel. Voilà, en somme, ce schéma nous permet d’identifier un risque, de dimensionner la réponse pour se donner les moyens. 

Avez-vous fixé un délai pour construire ces casernes et recruter ? 

Non, pas de délai. Aujourd’hui, la couverture des secours n’est pas en péril. Ce que l’on veut s’est améliorer. Après, il nous faut trouver des financement pour recruter. 

Il y a cinq ans, les pompiers étaient au cœur du débat du Conseil départemental qui abonde du budget du SDIS. La Droite demandait que des efforts subventions soient réalisés en termes d’économie de fonctionnement. L’avez-vous senti lors de la présentation du schéma, ce jeudi ? 

Franchement, non. Nous avons eu avis favorable unanime dans l’assemblée. Une assemblée avec des couleurs politiques qui couvrent quasiment tout le spectre politique. Le SDIS ne doit pas être un outil politique. C’est un outil pour protéger les habitants. 

Prime de feu : 1,5 M€ à trouver

Vous allez entrer dans la préparation du budget 2021 du SDIS. Comment allez-vous financer la prime de feu, décidée par l’État, qui représente 1,5 M€ ? 

L’État pense financer une partie avec un allégement de cotisations sociales dans le cadre de la loi sur l’Assurance maladie. Nous, ici, ce qui prévaut, c’est l’objectivité. Nous n’avons pas d’épargne pour couvrir ces dépenses. C’est un sujet qui mérite discussion. […] Aujourd’hui, la contribution du conseil départemental est de 45,8 M€ en fonctionnement et de 5 M€ en investissement. 

Enfin, où en êtes-vous de l’application du protocole d’accord qui a mis fin à ce mois de grève en 2017 ? 

Ah, ce protocole ! Quand je suis arrivé, c’est la première chose dont on m'a fait part. Ce protocole est respecté. Nous avons 697 pompiers professionnels comme l’accord le prévoyait avec l’ouverture de la caserne de Nîmes ouest. Nous avons entre 15 et 20 départs chaque année, entre la retraite et la mobilité. En 2022, nous devront être à 701 pompiers professionnels. À savoir que dans le Gard, il y a 2 000 pompiers volontiers et 150 agents administratifs. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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