BEAUCAIRE Julien Sanchez ne veut pas "d'un Chemin-Bas d'Avignon" dans sa ville
L'habitat est un vaste sujet sur Beaucaire souvent abordé sous l'angle de la vacance, de l'insalubrité, de précarité énergétique. Le centre-ville s'inscrit dans les quartiers prioritaires de la Politique de la Ville dont le pilier "cadre de vie et renouvellement urbain" vise de manière globale à la déqualification urbaine et au renforcement de l'accès au logement.
Plusieurs délibérations concernant le sujet de l'habitat ont été soumises au vote du conseil municipal de Beaucaire ce mardi 27 juillet. L'une d'elles portait sur l'approbation de la délégation octroyée par la communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence à la municipalité pour la mise en oeuvre du permis de louer. Créé par la loi ALUR du 24 mars 2014, le permis de louer permet aux communes d’instaurer une autorisation préalable avant de pouvoir mettre en location un bien immobilier dans un périmètre défini. Celui-ci est d’une durée de validité de deux ans et devient caduc si le bien n’a pas été loué pendant cette période. Dans le Gard, la commune de Vauvert a mis en place cette mesure il y a deux ans. Beaucaire lui a emboîté le pas. Outre le fait de souligner que la CCBTA se décharge du dispositif pourtant inclus dans le domaine de l'habitat dont elle a la compétence, les discussions ne se sont pas prolongées à ce sujet.
Puis il a été question du lancement d'une enquête publique de désaffectation et de déclassement d'une parcelle de 320m2 appartenant au domaine public communal. Il s'agit d'un parking situé à l'angle des rues de la Placette et des Bijoutiers. Un point noir, puisque le stationnement y est souvent anarchique, qui revêt pourtant un intérêt stratégique majeur dans la requalification de l'îlot dit des bijoutiers. Ce dernier a été identifié parmi les ensembles d'immeubles prioritaires dans le cadre de l'Opération programmée d'amélioration de l'habitat - renouvellement urbain (OPAH-RU). Lors de ce même conseil municipal, les élus ont voté pour la cession de deux bâtiments compris dans cet îlot du centre ancien situé au sein du Site Patrimonial Remarquable. Montant de l'opération 153 000€ (*). Privatiser ce parking donnerait de la plus-value à ce qui s'apparente aujourd'hui à une verrue urbaine, offrant ainsi des places de stationnement réservées aux futurs occupants des deux immeubles précités au cœur d'un vaste programme de réhabilitation. Pour l'heure, nous n'en sommes qu'au lancement de l'enquête publique.
Cette fois, les débats ont été plus vifs et c'est l'élu d'opposition, Luc Perrin, qui est intervenu le premier. "Cette opération va dans le bon sens. Pourtant, démarrer la rénovation du centre ancien sans avoir une vision globale du projet final est regrettable. Ainsi, ce parking que vous privatisez aurait peut-être pu participer à un projet plus global d'aération et de verdissement du centre ville. Il aurait aussi éventuellement pu être utilisé pour enterrer des containers à ordures." L'élu d'opposition Unis pour Beaucaire a également jugé prématuré les votes concernant les cessions d'immeubles. "Vous lancez un projet de révision du plan de sauvegarde et de mise en valeur du site patrimonial qui va aboutir à des orientations importantes. C'est dommage de se séparer du foncier dont la ville dispose maintenant sans savoir quelles seront les orientations. Vous risquez de vous bloquer sur des choix qui seront faits par cette révision du plan de sauvegarde."
La révision du PSMV débutera dans les semaines à venir. "Ça durera quatre ans, a rappelé le maire Rassemblement national, Julien Sanchez. On ne sait pas si ça ira au bout, ça va être une négociation de quatre ans avec les services de l'État. Alors en attendant on ne fait rien ? On gèle tout ? Et on n'agit plus ? L'OPAH par contre, on sait ce qu'il y a puisqu'on y a travaillé. Il y a cet îlot et tout le monde est d'accord sur le projet, la CCBTA, l'État, la Région Occitanie et la mairie. Nous avons trouvé l'investisseur qui va porter le projet, là-dessus on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de projet global. On sait où on veut aller."
Charles Menard, élu d'opposition Beaucaire en commun, a pris la suite. "Sur le fait qu'il faille requalifier ces îlots pour faire des logements décents à Beaucaire, on est d'accord. Simplement, on peut mettre un bémol sur le fait que ça passe par une privatisation, que ce soit confié à des opérateurs privés. J'aurais préféré des bailleurs sociaux. Je vous signale qu'une très grande partie de notre population - 70% - est éligible au logement social. Il faudrait peut-être commencer par ça." Ce à quoi Julien Sanchez a répliqué, préférant "rétablir une mixité en sens inverse en centre-ville plutôt que de rajouter des logements sociaux partout". Et le même de poursuivre : "Surtout que ce n'est pas nous qui choisissons ceux qui occupent les logements sociaux et si c'est pour récupérer les cités de Nîmes et d'Avignon, non merci. On n'a pas besoin de ça. Je ne veux pas d'un Chemin-Bas d'Avignon ici. Je n'en ai pas et je n'en veux pas." Une histoire de "tarte à la crème" selon Charles Menard.
Stéphanie Marin