ALÈS Une épicerie solidaire par et pour les étudiants de l’École des Mines
Elle a ouvert le 25 janvier dernier et a été inaugurée ce jeudi. Les étudiants de l’École IMT Mines Alès disposent désormais d’une épicerie solidaire au sein de la Maison des étudiants.
Une épicerie qui propose désormais ses produits alimentaires et d’hygiène à des prix cassés « à tous les étudiants de l’École des Mines d’Alès », souligne la présidente de l’association Entr’EMA, Marion Fuzet, qui chapeaute l’épicerie solidaire. L’étudiante en deuxième année à l’école alésienne a été à l’initiative de la création de l’épicerie solidaire, dont l’idée a germé lors du premier confinement il y a un an.
« J’ai décidé de me confiner sur Alès et j’avais du temps, donc je me suis investie dans l’associatif et j’ai rejoint le Collectif action contre le chômage et la précarité d’Alès, rejoue-t-elle. J’ai très vite pris goût au bénévolat. » Au sein de l’association, l’étudiante se rend compte de l’importance de l’aide alimentaire et décide de se rapprocher de l’assistante sociale de l’École des Mines pour voir si un tel besoin existe dans ses murs.
« Je me suis rendue compte que certains étudiants rencontraient de grandes difficultés et n’arrivaient pas à manger à leur faim », explique-t-elle. Alors avec Christiane Piat du Collectif, elle décide de lancer le projet qui lui apparaît dès lors comme « une évidence. » À la rentrée de septembre, Marion Fuzet sonde ses camarades pour savoir si une telle initiative les intéresse. La réponse sera oui, et certains choisiront même de l’accompagner dans son projet, pour constituer le bureau de l’association et faire tourner l’épicerie.
Cent quarante adhérents
La Banque alimentaire du Gard les suit dès le lancement, en approvisionnant en stock et en matériel, tout comme l’IMT Mines Alès, qui fournit du matériel, un local de stockage et une aide précieuse via sa responsable de l’action sociale Keltoum Belaroussi, la Fondation IMT, qui fait un don, ou encore GRDF, partenaire de la Banque alimentaire du Gard, qui donne à l’association un fourgon. L’épicerie démarre finalement fin janvier, et compte à ce jour 140 adhérents, sans distinction.
Pour éviter la stigmatisation, l’épicerie propose un système de compte rechargeable, ce qui fait que les étudiants adhérents ne paient pas en caisse. Quant à ceux qui n’auraient pas les moyens de faire leurs courses, même à prix cassés, après s’être rapprochés de l’assistante sociale, ils bénéficient de paniers d’urgence financés par l’école directement. « La priorité est de ne laisser personne au bord de la route », note Christiane Piat, qui accompagne le projet depuis ses débuts.
Et outre cet aspect d’urgence, l’épicerie solidaire est également conçue comme « un lieu de vie où les personnes isolées peuvent discuter, se confier », explique Maryan Krawczuk, étudiant et membre du bureau de l’association, qui en profitera pour rappeler que le mal-être étudiant n’est pas né avec le covid.
« Le plus dur commence »
« Nous avons 40 % de boursiers et nos étudiants rencontrent les mêmes difficultés que la société française », souligne le directeur par intérim de l’École des Mines d’Alès, Pierre Perdiguier. Il en profitera pour dire à quel point « la direction et tout le personnel trouvent l’initiative remarquable, émouvante et essentielle. Elle incarne des valeurs de partage, d’entraide, de générosité. » Une initiative qui revêt également un aspect pédagogique pour les étudiants, puisqu’il s’agit d’une gestion de projet grandeur nature, rappellera-t-il ensuite. Un point également souligné par le président de l’Amicale des anciens élèves de l’école, Guy Sabatier.
Un projet mené par les étudiants pour les étudiants donc, et que nombreux espèrent voir faire école, comme le président de la Banque alimentaire du Gard, Joseph Pronesti. « Il faut que l’écho de ce projet se fasse au niveau régional et national et qu’il arrive jusqu’aux étudiants de Nîmes, où nous travaillons beaucoup avec le Centre communal d’action sociale et les associations pour leur venir en aide », lancera-t-il.
Le sous-préfet Jean Rampon profitera ensuite de la tribune pour rappeler l’intervention de l’État dans le projet, indirecte mais substantielle, puisqu'il finance la Banque alimentaire du Gard à hauteur de 140 000 euros par an, notamment. Il en profitera également pour saluer les élèves, dont l’investissement « n’est pas une surprise. J’ai toujours eu en face de moi des interlocuteurs sérieux, compétents, qui font aussi de l’accompagnement des enfants des quartiers "Politique de la ville" ou avec les Petits débrouillards sur des ateliers dans ces mêmes quartiers. »
Des étudiants solidaires donc, pour qui désormais sur cette épicerie « le plus dur commence, pronostique Joseph Pronesti. Il va falloir faire vivre cette association, la pérenniser, la transmettre aux étudiants futurs. » Pour qu’eux aussi puissent étudier le ventre plein.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Et aussi : Au détour de son discours, le sous-préfet a incité les étudiants à redoubler de prudence concernant le respect des gestes barrières face au covid-19. « Aujourd’hui dans le Gard le taux d’incidence frôle les 300, mais chez les jeunes entre 10 et 20 ans ce taux est en train d’exploser. Il était de 211 fin février et est de 416 aujourd’hui, affirmera le représentant de l’État. Le variant britannique fait des ravages chez vous, les jeunes. » Le message est passé.