DIMANCHE VILLAGES Un nouvel espace pour les ex-voto du sanctuaire de Rochefort
Les ex-voto, ces peintures ou objets de tailles et de nature diverses, étaient et sont toujours déposés en guise d’offrande suite à une guérison miraculeuse ou encore après avoir réchappé à un accident.
Plus de 120 tableaux, dont certains étaient en péril
Le sanctuaire Notre-Dame de Grâce, qui surplombe Rochefort-du-Gard depuis le VIIIe siècle, en compte une magnifique collection de plus de 120 tableaux, auxquels il convient d’ajouter des objets de dévotion comme des coeurs en cristal ou encore la cape du célèbre matador Nimeño II, déposée au sanctuaire de Rochefort après son accident pour supplier sa guérison. Seulement voilà, cette collection d’ex-voto, dont le plus ancien date de 1634, bien que classée au titre des monuments historiques ne bénéficiait pas d’un écrin à sa hauteur. Pire, certains tableaux étaient en très mauvais état. « Une dizaine d’entre eux étaient vraiment en péril, expliquent les restauratrices villeneuvoises Danièle Amoroso et Isabelle Devergne. Tous les tableaux rentoilés à la colle de pâte étaient contaminés par le stegobium, la larve de la farine du pain, qui ont mangé les ingrédients de la colle et la cellulose de la toile. » Résultat : certains tableaux ne tenaient plus que par la peinture elle-même… S’ajoute à cela une bonne trentaine de tableaux en très mauvais état pour d’autres raisons.
Alors après un inventaire effectué en 2014, les tableaux ont été restaurés. Tout comme l’ancienne chapelle des Maristes, au nord du sanctuaire, qui accueille la collection depuis la fin des années 1960. L’architecte de l’agence Échelle 1, Gabrielle Welisch, a ainsi repensé le lieu en créant une salle d’interprétation en entrée munie d’écrans, distincte de la salle d’exposition elle-même. Elle a également restitué les volumes originels de la pièce. Ce qui a eu pour effet d’améliorer la luminosité de la nef de l’église, où les plus grands ex-voto sont accrochés. Par ailleurs, les toitures de l’église et sa façade ont également été reprises durant les travaux, qui ont duré de septembre 2016 à juin 2017 et qui ont coûté au total environ 800 000 euros. Le tout financé à 40 % par la Direction régionale des affaires culturelles. Dans la salle d’exposition, on retrouve une profusion d’ex-voto de divers formats. Un effet voulu. « L’idée de la salle est de retrouver la configuration originelle, avec des ex-voto de partout », explique l’architecte, qui s’est simplement imposé un ordre chronologique dans l’accrochage - du XVIIème au XXème siècle-. Une grande vitrine trône également dans la salle, avec les autres objets faisant office d’ex-voto.
La tradition perpétuée
« Ces ex-voto sont de nouveau présentés et à la disposition de tous, pour répondre à la curiosité des touristes comme à la médiation des pèlerins », s’est félicité l’évêque de Nîmes, Monseigneur Robert Wattebled. Et l’évêque d’évoquer ces œuvres comme autant de « témoignages historiques associés à l’identité et à l’histoire d’une population » qui « perpétuent le souvenir d’un bienfait reçu et en transmettent la mémoire. »
Une mémoire encore vivace : les ex-voto les plus récents de la salle n’ont pas quarante ans et l’architecte a laissé la place à de nouvelles œuvres, comme celle confectionnée suite à la guérison qualifiée de miraculeuse d’un collégien francilien dont la classe avait visité le sanctuaire. Un autre, qui fait suite à un accident qui s’est produit sur le chantier lui-même, à savoir la chute d’une grosse pierre qui s’est révélée sans gravité, doit suivre. Avec une originalité symbolique à plus d’un titre : cet ex-voto là sera numérique. Il faut savoir vivre avec son temps...
Thierry ALLARD