FAIT DU JOUR 70 ans après, le thermalisme amorce sa renaissance à Euzet-les-Bains
Alors qu'un accord vient d'être trouvé entre Alès Agglomération et la Chaîne thermale du soleil, le projet de centre de balnéothérapie équin que d'aucuns espèrent depuis des décennies prend enfin son envol. Une aubaine pour Euzet-les-Bains qui redeviendrait un haut lieu du thermalisme.
Rien ne dit qu'il a sabré le champagne, mais tout indique qu'il aurait eu raison de le faire. C'est avec une joie non-dissimulée que celui qui est le maire d'Euzet-les-Bains depuis 2010 a pris connaissance du courrier communal le 10 février dernier. Attendue depuis des années, la lettre indiquant un accord trouvé entre Alès Agglomération et la Chaîne thermale du soleil est enfin arrivée.
Associée à la société d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER), l'Agglo s'apprête en effet à racheter la fameuse source d'Euzet-les-Bains qui comprend le forage, le parc et l'ancien établissement thermal, dans l'optique d'y construire un centre de balnéothérapie équin écologique. "Tout ce qui nous manquait en somme", résume Cyril Ozil, indiquant qu'une première proposition de la collectivité avait été refusée, avant qu'un terrain d'entente ne soit trouvé après une contre-proposition jugée "indécente".
Pour rappel, Alès Agglomération, qui s'est emparée du projet en 2016, avait déjà acquis l'ancienne discothèque "Les Sources" et les 8 000 m² de terres agricoles, jadis propriétés de Christian Saint-Léger. "Sans l'Agglo, on n'aurait jamais ressorti le projet", reconnait fort justement Cyril Ozil. Un projet qui doit permettre à la petite commune de 450 âmes, quasi-équidistante d'Alès et d'Uzès, de renouer avec son riche passé thermal.
40 ans de tentatives avortées
Découverte au XVIIe siècle puis transformée en station thermale, la source d'Euzet-les-Bains fut dirigée par le célèbre docteur Perrier à la fin du XIXe siècle. En 1947, elle a fermé ses portes définitivement en raison de la vétusté des captages et des installations. Vendu à la fin des années 80 à Adrien Barthélémy, fondateur de la Chaîne thermale du soleil, l'établissement thermal est aujourd'hui à l'état de ruine, complètement laissé à l'abandon et gagné par la végétation après que le dernier nommé a renoncé de l'exploiter.
Et pour cause ! "Il avait la volonté d'acheminer les eaux thermales d'Euzet-les-Bains à Uzès où il espérait établir la station. Par chance pour Euzet, les études avaient démontré à l'époque que les eaux perdaient en qualité à l'issue du transport", rejoue Cyril Ozil, parfaitement au fait du dossier. Car cette avancée majeure du projet que constitue la vente de l'ancienne station à l'Agglo met fin à 40 ans de tentatives avortées. "Depuis 1984, les maires qui se succèdent se battent pour que ça arrive. Aujourd'hui ça y est, on voit enfin le bout du tunnel !", savoure l'édile euzétien.
La prochaine étape consiste à s'assurer que les eaux thermales euzétiennes n'aient rien perdu de leur superbe. En partenariat avec l'école vétérinaire de Toulouse, partie prenante du projet, l'Agglo inviterait alors des éleveurs équins à investir des installations provisoires sur place afin de vérifier les bienfaits des eaux. De manière générale, les bénéfices de l'eau thermale sur les équins ont fait leurs preuves, notamment pour des pathologies telles que l'arthrose ou l'asthme. "Dans notre cas, ce serait très orienté vers les chevaux d'endurance de compétition pour lesquels la récupération est primordiale", projette Cyril Ozil. Et d'ajouter : "L'idée, à terme, c'est d'avoir une clinique vétérinaire, voire un bloc-opératoire ici."
Le premier centre européen du genre avant 2026 ?
Six boxes, un paddock de 2 000 mètres linéaires, un hangar de stockage, un tapis roulant immergé et une salle d'examen, entre autres, pourraient ainsi être érigés en lieu et place de l'ancienne station thermale. "À ce jour, un centre de soins et de rééducation avec de l'eau thermale dédié aux chevaux, il n'y en a qu'un dans le monde et il est au Japon. Le hic, c'est qu'il est à Fukushima. Les richissimes propriétaires ne veulent donc plus amener leurs chevaux là-bas", fait savoir le maire d'Euzet-les-Bains, lequel n'a pas eu de mal à percevoir l'aubaine pour le territoire en faisant référence à la catastrophe nucléaire.
S'il peut rapidement prendre de l'épaisseur tant l'attente lui a conféré une certaine maturité, le projet de centre de balnéothérapie équin, premier du genre en Europe, devra aussi surmonter les obstacles administratifs. Après l'analyse des eaux, viendra le chiffrage affiné des investissements et le montage des dossiers. Un long processus qui ne décourage pas Cyril Ozil, lequel espère secrètement la livraison du chantier avant la fin de son mandat en 2026. "Une fois que le permis de construire sera accordé, ça peut aller vite car ce ne sont pas des structures très imposantes, à l'exception du bassin de nage", expose-t-il.
D'autant que le volet écologique adossé au projet, dans la mesure où le bois serait un matériau plébiscité tout au long du chantier, devrait inciter le Département, la Région et l'État à rejoindre la table des négociations. Quelques semaines après la réactivation de la rénovation des Thermes des Fumades, c'est un autre projet phare du territoire qui s'amorce enfin. De quoi positionner le bassin alésien en pôle mondial du thermalisme !
Corentin Migoule