FAIT DU JOUR À Nîmes, la rénovation urbaine pour les nuls (partie 1)
Accompagné de l’adjoint chargé de la rénovation urbaine, Laurent Burgoa, Objectif Gard s’est rendu dans les quartiers Pissevin et Valdegour pour en comprendre les futurs aménagements. De la théorie à la pratique…
Nîmes, ville préfecture du Gard. Outre ses arènes, l’une des particularités de la cité, ce sont ses nombreux logements sociaux. « On est à 24% sur la ville. C’est bien au-delà de ce que nous impose la loi », commente l’adjoint municipal en charge de la rénovation urbaine, Laurent Burgoa.
Le 12 novembre, préfet et élus se félicitaient du financement à hauteur de 50% des aménagements urbains sur Pissevin et Valdegour. « Ces quartiers concentreront les opérations les plus importantes avec une enveloppe de 319 M€ sur les 470 M€ du projet Anru 2 », poursuit le Nîmois qui a présenté le projet le 6 novembre à Paris. Mais de quels projets parle-t-on ? Allez, en voiture, M. Burgoa !
Valdegour : destruction de trois tours
Notre périple démarre à Valdegour, 8 000 habitants. En 2005, le quartier a bénéficié d’un projet de rénovation urbaine, baptisé ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) 1. Contrairement aux copropriétés privées de Pissevin, la Zup nord se compose exclusivement de logements sociaux.
Parmi les travaux les plus significatifs : la destruction des tours Avogadro et Jean-Perrin d'ici deux ans, ainsi que de celle de Pythagore, soit au total 385 logements. « Des opérations de relogement ont déjà démarrées », indique Laurent Burgoa, avant d'ajouter : « L'urbanisme des années 60 ne répond plus aux besoins d’aujourd’hui ».
À l'est du quartier, en bas de la pépinière d’entreprises, « la Ville va mettre un terrain à disposition d’Action Logement, plus gros financeur de l’ANRU, pour construire 12 logements sociaux et 40 en accession abordable à la propriété », explique Laurent Burgoa. Une opération destinée à favoriser la mixité sociale, l'objectif premier de l'ANRU.
En contrebas, la Ville réhabilitera le stade des Amandiers, début 2020. Une opération de 2 M€ en dehors de l’ANRU mais financée toutefois à 60% par l’État, via le "Contrat de ville". « C’est un signal envoyée aux habitants pour leur assurer que ça bouge », plaide l’adjoint.
Kennedy : c’est le chantier !
En descendant Valdegour, nous nous arrêtons près de l'avenue Kennedy. Une sorte de frontière qui sépare la Zup nord de la Zup sud. Les choses sérieuses commencent ici. Il y a d’abord les travaux de la ligne T2, dont la mise en service est prévue pour le début de l’année prochaine. « Nous allons reconfigurer ce secteur », entame Laurent Burgoa.
Fin 2021, la ferme école de Valdegour sera déplacée en hauteur, dans la pinède : « L’espace libéré servira à implanter des commerces et de l’habitat privé », poursuit notre guide.
Pissevin : le gros morceau
L’entrée nord de Pissevin sert de point de départ à la transformation du secteur. « C’est le gros morceau de l’ANRU 2. Il y a quand même 13 000 habitants, soit plus que la population de Saint-Gilles ! », insiste Laurent Burgoa. Une enveloppe de 55 M€ a été débloquée pour la refonte de l’îlot de l'ancien supermarché, la destruction de la dalle Wagner, de la barre Pollux (118 logements) et du viaduc Puccini.
Préempté par la municipalité, l'îlot du Carrefour accueillera une maison de santé, des commerces et 89 logements (22 logements d’Un toit pour tous et 67 en accession abordable). « Début décembre, un appel d’offre sera lancé pour trouver un investisseur », précise Laurent Burgoa qui a initié un club d’investisseurs locaux pour les informer des futurs aménagements.
Comme déjà évoqué, la particularité de Pissevin, c'est le nombre important de copropriétés. Une difficulté pour rénover les bâtiments, ces derniers devant se mettre d’accord avant de démarrer les travaux. Concernant les quatre tours Wagner, du chemin a été parcouru.
La SPL Agate (aménageur de la ville de Nîmes) cherche à acquérir une quarantaine de logements pour désendetter les copropriétés afin de réaliser la réhabilitation. Une opération estimée à 17 M€, financée à 50% par l’ANAH (Agence nationale de l'habitat ), le Département, la Ville et Nîmes métropole.
En face, c’est plus compliqué. La copropriété Soleil Levant impressionne par sa taille avec ses 537 logements. « Seulement, certains propriétaires sont partis, se contentant de louer leur appartement », explique l’adjoint. Une étude a été lancée avec l’Établissement public foncier pour voir comment cet immeuble pourrait être découpé en plusieurs parties avant bénéficier d’une rénovation. Une première en province.
Plus bas, l’école maternelle Paul-Langevin sera déplacée sur le stade Condorcet, à côté du lycée Voltaire. Une opération qui n'est pas prévue avant 2023 et qui aura un un coût de 8 M€. « Cette école est dans le cours d’eau. Elle est susceptible d’être inondée. C’est trop dangereux », commente Laurent Burgoa.
L’entrée sud requalifiée
L’entrée sud, près de la RN 106, c’est la fameuse porte des Arts. Ici, la Ville aspire à racheter la station essence « pour mettre une douzaine de commerces, une deuxième maison de santé avec, au-dessus, des logements pour les seniors ainsi que des appartements en accession abordable », commente Laurent Burgoa.
L’espace vert devant la station accueillera le marché de Pissevin, qui était auparavant installé sur la dalle de la galerie Wagner. « Changer l’image du quartier, ça commence par les abords et les entrées de ville » conclut Laurent Burgoa, passionné par le dossier : « Toucher à l’habitat, c’est toucher à l’humain. C’est redonner de l’espoir aux gens. Je suis fier de participer à ce projet. »
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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Qui fait quoi ? Entre la Ville et l'Agglo, ce n'est pas toujours un fleuve tranquille. Pour plus de clarté, chaque collectivité a une mission précise. La reconstitution de l’offre, le relogement sur l’agglomération ainsi que la ligne T2 sont gérés par Nîmes métropole. La ville de Nîmes, elle, s’occupe des aménagements urbains. En 2016, la municipalité a confié au paysagiste-urbaniste Alain Marguerit la réalisation du projet de renouvellement urbain de Pissevin et Valdegour.
1 200 logements détruits. Sur ce millier d'appartements voués à être détruits, 50% seront reconstruits sur la ville de Nîmes et 50% sur les communes de l’agglomération... qui le voudront bien. Autant pour les élus que les habitants, le sujet est délicat. « Certains habitants sont attachés à leur quartier. Ils y ont leur famille, leurs amis. On ne va pas les forcer à aller là où ils ne veulent pas aller », rassure l’élu nîmois.
Signatures. Une convention d'engagement financier devrait être ratifiée avant la fin de l'année pour inscrire la participation financière des différents acteurs du projet. Quant à la convention officielle, « elle ne sera pas signée avant l’été 2020 (soit après les élections municipales) puisqu’il s’agit d’un document administratif très technocratique », commente Laurent Burgoa.