FAIT DU JOUR Cévennes : Rose, 2 ans, épileptique et exclue de sa crèche
Le 29 février à 17h, le couperet tombe. A 2 ans, Rose est exclue de sa crèche de Meyrannes à cause de son épilepsie. Le personnel ne serait pas assez compétent pour accueillir ce type de pathologie. La famille vient de porter plainte pour discrimination.
Rose, cadette d'une famille recomposée de 5 enfants, est inscrite à la crèche de Meyrannes depuis l'an dernier. A 8 mois, les médecins diagnostiquent à la petite fille une épilepsie génétique qui se déclenche en cas de montée de fièvre rapide. "Ce n'est pas un cas grave. Quand Rose n'est pas malade, elle ne fait aucune crise", commente sa mère Emilie Augustin.
Pour se soigner, la fillette est astreinte à une prise quotidienne de médicaments matin et soir, et dispose d'un traitement d'appoint en cas de convulsion, qu'on lui administre par la bouche. "On appuie simplement sur un piston. Il peut être administré par n'importe qui". Si la maman insiste sur ce point, c'est parce qu'il constitue aujourd'hui le nerf de son combat.
Discrimination ou maladresse ?
Chaque matin, elle prend la température de son enfant et la garde à la maison en cas de poussée de température, si minime soit-elle. Début janvier 2016, Rose fait sa seule et unique crise en crèche et le personnel agit sans difficulté, en présence de la directrice, ancienne infirmière. "Elle nous a beaucoup soutenu et essuyé nos larmes quand le diagnostic est tombé", se souvient Emilie. Quelques jours plus tard, la responsable prend le départ vers de nouvelles destinées, et une éducatrice de jeunes enfants prend sa place.
Le scandale va bientôt éclater. Tandis que les parents rencontrent la nouvelle recrue en rendez-vous, celle-ci avance que Rose "devrait aller en institut", selon les propos rapportés de la maman, suggérant que l'épilepsie génétique serait une forme de handicap. Emilie et Fabrice sont choqués. Le 29 février, un mail sans préavis annonce que Rose est exclue de la crèche. "J'ai demandé l'avis de plusieurs experts, notamment le service prévention santé du département du Gard. Il m'a informé que seul un médecin ou une infirmière pouvait aider à la prise d'un médicament. Or, Rose doit recevoir le traitement dans la minute et on ne peut garantir l'arrivée aussi rapide d'un soignant. Il nous est interdit de garder la petite, pour sa sécurité", justifie longuement Olivier Martin, président de la communauté de communes Cèze-Cévennes, qui gère la micro-crèche.
Malgré tout, les parents crient à la discrimination et portent plainte contre la directrice, l'association gestionnaire Présence 30, ainsi qu'Olivier Martin. Ce dernier défend péniblement son personnel : "Ce n'est pas de gaieté de cœur que l'on dit non à des parents. La directrice ne s'est pas senti face à la situation. C'était peut-être discriminatoire pour eux, mais pas au sens de la loi".
Rose attend aujourd'hui d'être accueillie à la crèche de St-Ambroix, qui dispose, de par sa taille, d'un personnel médical. Le manque de place l'oblige à attendre. "Mon mari a dû arrêter de travailler pour garder notre fille et il est grand temps, financièrement, qu'il reprenne une activité professionnelle", martèle Emilie qui refuse de recourir à une assistante maternelle, pour faciliter l'éveil de son enfant "en collectif". L'audience au tribunal d'Alès devrait se dérouler à l'automne.