FAIT DU JOUR Le Département à la rescousse des grands barrages du Gard
Gérés jusqu’à présent par le Conseil départemental, les cinq grands barrages du Gard sont passés dans l’escarcelle des intercommunalités suite aux récentes évolutions législatives. Aujourd’hui, le Département a trouvé le moyen de conserver la gestion de ces ouvrages grâce à des conventions signées ce mercredi avec les trois syndicats mixtes concernés.
Sénéchas, Sainte-Cécile-d’Andorge, Conqueyrac, Ceyrac et la Rouvière : sur ces cinq communes gardoises, des barrages ont été édifiés dans les années 60-70 pour écrêter les crues, c’est-à-dire diminuer le débit des cours d’eau, et limiter ainsi le risque d’inondations lors d’épisodes pluvieux exceptionnels.
Construits après les intempéries catastrophiques de l’automne 1958, ces ouvrages continuent à jouer leur rôle aujourd’hui et assurent même, pour certains, une fonction de soutien d’étiage. En effet, en période estivale, les barrages sont sollicités pour augmenter le niveau des cours d’eau, qui souffrent de plus en plus de la sécheresse.
Depuis 2007, la gestion de ces barrages était assurée par le Conseil départemental du Gard, qui en était également propriétaire. Puis de nouvelles lois (*) sont passées par là et, depuis le 1er janvier 2008, la compétence de la Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi) a été transférée aux Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et à leurs syndicats mixtes.
Plus propriétaire, mais gestionnaire
Mais le Département ne voyait pas les choses ainsi, comme l’explique son président, Denis Bouad : « Les barrages faisant partie de la solidarité territoriale, j’ai décidé que nous continuerions à assurer l’exploitation de ces ouvrages en mettant à disposition nos équipes techniques et moyens financiers. »
Une décision pleinement saluée par les représentants des syndicats mixtes concernés, réunis mercredi matin à Sainte-Cécile-d’Andorge pour signer ces nouvelles conventions de gestion. Max Roustan, président de l’EPTB (**) des Gardons, a souligné « le bon sens paysan » de Denis Bouad et « l’importance de rester solidaires », tout en taclant les décisions prises là-haut : « Le désengagement de l’État nous pèse. On nous interdit de dépenser des sous et on nous impose des dépenses obligatoires. Il fallait bien être Parisien pour inventer ça. »
Moins incisifs envers l’État, Jacques Dautheville et Benoît Trichot, respectivement vice-président de l’EPTB Vidourle et du syndicat mixte d’aménagement du bassin versant de la Cèze, se sont également réjouit de l’engagement du Département « que la loi n’imposait pas. »
Conserver cette responsabilité n’est pourtant pas chose aisée. Outre la surveillance quotidienne de ces ouvrages, le Département assure également leur maintenance et leurs éventuels travaux, comme ce sera le cas prochainement sur le barrage de Sainte-Cécile-d’Andorge qui doit faire l’objet d’un chantier de sécurisation.
Sainte-Cécile d’Andorge : début des travaux en 2022 ?
« À l’époque de sa construction, le barrage a été calibré pour faire face au même type de crue que celle de 1958, qui ne s’est d’ailleurs jamais reproduite, indique Patrice Thomas, chef du service des grands ouvrages hydrauliques pour le Département. Depuis, les normes ont changé et l’ouvrage doit être en mesure de répondre à une crue décamillénale. Si un tel épisode devait se produire aujourd’hui, la submersion de l’ouvrage entraînerait un phénomène d’érosion qui pourrait causer l’effondrement du barrage. Il fallait donc trouver une solution pour évacuer la crue sans risque d’écroulement de la structure. »
Après de longues années de débats enflammés sur les différentes possibilités, dont celle préconisée par l’État de démolir et reconstruire l’ouvrage (le coût s’élevait à 43 millions d’euros, Ndlr), c’est finalement la proposition portée par le Département qui a été retenue : la construction d’un déversoir en béton au centre du barrage, qui devrait coûter 17 millions d’euros.
Les délais d’autorisations administratives étant très longs, les travaux ne débuteront pas avant 2022 pour éventuellement s’achever en 2026. Comme le dit le dicton populaire, de l’eau aura coulé sous les ponts d’ici là… Pas en quantités dévastatrices, espérons-le.
Élodie Boschet
* Les lois NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) et Maptam (loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles.
** EPTB : Établissement public territorial de bassin.