FAIT DU JOUR Les dix personnalités politiques gardoises les plus influentes
Carnets d'adresses bien fournis, mannes financières juteuses ou encore savoir-faire aiguisé... Plusieurs élus gardois réussissent plus que d'autres à servir l’intérêt général et, pour certains, leurs propres intérêts. Voici notre sélection des personnalités politiques qui pèsent.
Denis Bouad, le chéquier entre les dents. Le président socialiste du Département a un atout indéniable : plus de 100 millions d’euros à dépenser chaque année pour réaliser ou financer des projets. Forcément, ça le rend tout de suite plus sympathique. Les maires et autres édiles vantent d'ailleurs régulièrement les mérites de l'élu du canton d'Uzès. Très haut débit, Maison des services publics, contrats territoriaux… : Il a de la suite dans les idées pour ses administrés. L'intérêt général n'est toutefois pas le seul intérêt qu'il sert. Denis Bouad, c'est les copains d'abord. Ses amitiés l'ont par exemple poussé à soutenir, aux législatives 2017, le candidat En Marche, Olivier Gaillard. Un choix au détriment de la malheureuse candidate socialiste, Nelly Frontanau.
Françoise Dumas ou l'art de réseauter. Souvent moquée par le mundillo politique - et par les autres députés -, la Nîmoise a fermé le clapet de plusieurs de ses détracteurs. Députée socialiste sortante, elle est réélue en 2017 sous les couleurs d’En Marche. Son secret ? Un mélange de chance, un brin de retournement de veste, mais aussi une indéniable capacité à se trouver au bon endroit au bon moment. À l'Assemblée, cette membre du club des réformateurs se lie d'amitié avec des ministres comme Gérard Collomb, avant de soutenir Emmanuel Macron à la présidentielle. En retour, Françoise Dumas essaie de sensibiliser l'État aux enjeux de sa ville. Tous types d'enjeux... Comme pour les élections municipales 2020 pour lesquelles elle tente par tous les moyens d'empêcher le président centriste de Nîmes métropole, Yvan Lachaud, d'obtenir le soutien d'En Marche. Réussira-t-elle ? Françoise Dumas a de la ressource. N'oublions pas qu'en 2014, elle avait coupé l’herbe sous le pied au président du Département, Damien Alary.
Simon Sutour, le sénateur mystère. Simon qui ? Ancien directeur général des services du Conseil départemental du Gard, le sénateur socialiste œuvre dans l’ombre. Au Palais du Luxembourg depuis 1998, il n’a nul besoin d’éclairage médiatique - ce qui semble très bien lui convenir -, ses électeurs étant les « grands électeurs » : des maires, conseillers départementaux, députés. À la tête de la Commission des affaires européennes, de la Commission des lois constitutionnelles, le parlementaire s’est hissé à de prestigieuses fonctions. Son mandat s’achevant en 2021, Simon Sutour a annoncé qu’il ne se représenterait pas, soufflant même le nom d’un potentiel successeur : Denis Bouad, président du département du Gard. Et pourquoi pas Nelly Frontanau ?
Fabrice Verdier, ce « bébé Sutour ». Maire de Fons-sur-Lussan, le socialiste a débuté sa carrière comme assistant parlementaire du sénateur Sutour. Il en a gardé une certaine appétence pour le travail de dossiers. Loyal, le député PS qu’il était a été emporté par la vague macroniste en 2017. Lot de consolation : il réalise tout de même une petite performance en obtenant le meilleur score régional pour un socialiste sortant avec 16,5 %. On se console comme on peut. Élu conseiller régional quelques mois auparavant, il ne se démonte pas, laboure le terrain et joue de l’influence que lui donne son mandat pour rapporter des financements régionaux dans l’Uzège, où il nourrit des ambitions municipales. Habile, il s’est rapproché du vrai duc d’Uzès, Jean-Luc Chapon, auprès de qu'il a obtenu, il y a quelques mois, une vice-présidence de la Communauté de communes du Pays d’Uzès taillée sur mesure : on l'a mis au tourisme (et ça le connaît !). De quoi préparer son atterrissage dans la cité ducale, même si ça a fait grincer quelques dents.
Jérôme Talon, les yeux et les oreilles de La République en marche. Lui-aussi est passé par l’écurie Sutour, mais n’a pas du tout le même parcours que l’ex-député socialiste. Déjà parce qu’il n’est plus socialiste. Soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, le directeur de cabinet du maire de Bagnols a pris la tête du parti de la majorité dans le Gard. Un sacré instrument d’influence pour celui qui aime rester dans l’ombre, mais prend de plus en plus souvent le soleil, dans un département qui compte quatre députés sur six affiliés LREM. Alors à huit mois des municipales, Jérôme Talon est courtisé. Les mauvaises langues prétendent que Talon prend son pied. Car même si dans le très vertical parti majoritaire les décisions sont prises à Paris, il n’en est pas moins les yeux et les oreilles du bureau national dans notre département. Son avis compte. Pour voir à quel point, il faudra attendre la désignation du candidat macroniste pour Nîmes. Jérôme Talon pousse le président de l’USAM, David Tebib, alors qu’Yvan Lachaud veut l’investiture. Voilà qui ressemble à un petit crash-test.
Fournier-Lachaud : je t'aime... moi non plus. "Ensemble, rien n’est impossible". Le slogan de campagne de Nicolas Sarkozy, en 2007, colle parfaitement aux deux poids lourds de la Droite nîmoise. Quand ils sont unis, le maire Les Républicains de Nîmes et le président centriste de Nîmes métropole peuvent accomplir de grandes choses. C’est comme ça qu’ils ont conservé depuis 2001 la municipalité et son agglomération. Aujourd’hui divisés, les pièges qu’ils plaisent à se tendre limitent leur champ d’action. Sans l’accord de Nîmes, l’Agglo est incapable de se muer en communauté urbaine, privant les administrés de plusieurs millions d’euros pour une meilleure intégration des territoires. Le pouvoir de Nîmes est lui aussi limité. Jean-Paul Fournier est soumis à certaines décisions de son rival, telles que la reprise en main de l’aéroport par Nîmes métropole ou l’extension de l’hôtel communautaire. En 2020, les prochaines municipales diront si ces deux hommes politiques sont liés à jamais.
Roustan-Rivenq : un duo redouté et redoutable. Max Roustan et Christophe Rivenq, c’est 24 ans de collaboration et de nombreux succès électoraux. Il se murmure que les deux hommes entendent bien jouer la prolongation en 2020 pour aller chercher les 30 ans de collaboration. À la mairie comme à l’Agglo, le binôme rafle tout et personne n’ose véritablement s’attaquer à eux. Quand une tête dépasse, à l’image de Marc Peyroche (un proche du duo qui a osé demander l’investiture de La République en marche) son contrat, reconduit depuis des années, ne l’est pas le mois suivant. Auprès de la population, la sympathie naturelle de Roustan fait l’unanimité et, dans l’ombre, le professionnalisme de Rivenq est même salué par ses adversaires politiques. Il faudra être sacrément costaud pour aller les chercher ces deux-là !
Eddy Valadier, le pèlerin de Saint-Gilles. Élu maire de Saint-Gilles en 2014, puis conseiller départemental un an plus tard, le républicain a pris son bâton de pèlerin. Sa quête ? Des subventions pour changer le visage de sa commune, marquée par l’enracinement du Rassemblement national. Son premier atout ? Son savoir-faire. Dossiers sous le bras, Eddy Valadier sait à quelle porte frapper. Il sait aussi tirer profit des délicates situations politiques. Au Conseil départemental, la majorité relative lui permet d’obtenir des crédits substantiels, en témoigne par exemple la rénovation du pont surplombant le canal du Rhône à Sète. À Nîmes métropole, il assure une certaine stabilité au président Lachaud en échange d’alléchants fonds de concours. Au sectarisme, l’édile opte pour le pragmatisme, si bien que LREM a déjà annoncé qu’il le soutiendrait aux municipales de 2020. Un petit filou qui passe bien avec tout le monde, tant qu'on aura besoin de lui.
Patrick Malavieille, l'artiste de la politique. À La Grand’Combe, le communiste Patrick Malavieille règne en maître. Municipales, départementales : l’élu remporte toutes les élections haut la main. Sur les anciennes terres minières, il a fait son trou grâce à ses talents d'orateur et ses références littéraires, subjuguant souvent son électorat qui aimerait connaître les auteurs cités. La culture, c'est son dada. Depuis 2015, il en occupe d’ailleurs la vice-présidence au Conseil départemental et s’est vu confier la gestion du site du Pont-du-Gard. Vieux routard de la vie politique, Patrick Malavieille ne donne pas non plus dans le sectarisme. Assez rare chez les "cocos".
Julien Sanchez, un savant fou à Beaucaire. Raflée en 2014, la ville de Beaucaire est un laboratoire pour le Rassemblement national. Dans la peau du chercheur expérimental, Julien Sanchez. À 36 ans, l’édile incarne l’avenir de l’extrême-droite, soucieux de démontrer que son parti peut gérer une commune sans en diluer la doctrine. C’est ainsi qu’il interdit, l’an dernier, les menus sans porc dans les cantines (favorisant à son insu une contrebande de pied de porc durant la récré). Julien Sanchez a l’oreille attentive de Marine Le Pen qui en a fait l’un de ses porte-paroles, très visible sur tous les plateaux télés après les résultats des élections européennes. Alors qu'il sera très certainement candidat à sa succession, les municipales beaucairoises seront l’occasion de mettre à l‘épreuve ses récentes découvertes.
Ils n’y sont pas :
Franck Proust, battu aux européennes et mis en examen, Gilbert Collard, qui a choisi de s’éloigner du Gard pour devenir député européen, Jean-Marc Roubaud, qui a lâché la présidence du Grand Avignon, Jean Denat, qui aura du mal, en tant que premier fédéral du Parti socialiste départemental à empêcher ses ouailles de ne pas partir sur des listes LREM aux municipales, comme à Bagnols, ou encore Jean-Christian Rey, le président d'une Agglo du Gard rhodanien aux finances en berne. Et évidemment Nelly Frontanau.
Ils ont contribué à ce classement :
L'association des végétariens de Beaucaire, Jean Roucas pour les jeux de mots, le fan-club des amis de Nelly Frontanau, qui n'avait plus été autant citée dans un même article depuis 2007...
Mais aussi Coralie Mollaret, Thierry Allard et Tony Duret