FAIT DU SOIR Ils se lancent le défi d'un tour du monde à moto et en moins de 80 jours
Accompagnés de leur ami Franz Schwarz, Charlène et Bruce Rulfo ont pour projet de parcourir à moto 41 000km autour du monde, en moins de 80 jours. Une aventure nommée Écomotour, car le défi n'est pas que sportif. L'enjeu pour ce trio est de partager avec le plus grand nombre leurs convictions en matière d'écologie mais pas seulement.
"Des marginaux assumés." C'est ainsi que s'autoproclament, avec fierté, Charlène, 38 ans et Bruce, 50 ans. Installé depuis 2015 sur des terres reculées de la campagne marguerittoise, le couple vit en parfaite autonomie énergétique et tout ou presque est issu du recyclage. Au fil des années, sans jamais se couper de la société, la Gardoise et l'Isérois se sont créés une bulle, une sorte de monde idéal à l'échelle de leur lieu de vie. Au-delà des convictions écologiques, ces deux-là partagent la même passion pour la moto. C'est d'ailleurs sur une piste qu'ils se sont rencontrés et leurs jumeaux de 4 ans, pilotent depuis l'âge de 2 ans.
Pilote chevronné, Bruce Rulfo a notamment décroché une troisième place à la coupe du monde d'endurance moto en 2001. Plusieurs titres de champion du monde de snowscoot - une trottinette des neiges - figurent également à son palmarès. En 2003, c'est sur les routes, que l'homme a battu un record : un tour du monde en moto sans assistance en 68 jours. "Lors de cette aventure j'ai ressenti beaucoup de bonheur à découvrir une carte postale différente au quotidien. On parcourait l'équivalent de Paris-Marseille par jour. Mais j'ai aussi ressenti une frustration, l'absence de ce fameux volet éco-responsable", se souvient Bruce.
20 ans plus tard donc l'objectif n'est plus vraiment le même. Le pilote marguerittois, qui cette fois-ci sera accompagné de son épouse, Charlène et de son ami, un autre pilote expérimenté et ancien formateur au centre de formation moto au circuit de Lédenon, Franz Schwarz, souhaite mettre en avant le deux-roues, "un moyen de transport plus écologique qu’une voiture."
Et le même de poursuivre : "D'abord parce que la moto permet de fluidifier le trafic. Et de manière générale, son empreinte carbone est moins élevée que celle de la voiture, de sa fabrication à sa fin de vie. Et puis, on le voit bien, le co-voiturage ne fonctionne pas, en tout cas sur les trajets quotidiens, chacun est tout seul dans son véhicule." Alors bien sûr, Bruce ne le nie pas, "je pratique un sport polluant, mais je peux agir en tant que citoyen responsable en compensant mon empreinte carbone." C'est-à-dire financer un ou plusieurs projets environnementaux qui permettent la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
"Nous avons calculé, pour ce parcours de 41 000km à travers le monde en passant par l'Iran, le Pakistan , l'Inde, la Chine, l'Australie, les États-Unis, etc.. Notre empreinte carbone sera de 80 tonnes que nous compenserons à hauteur de 20€ la tonne." Le trio espère boucler son périple au départ comme à l'arrivée de Paris, en moins de 80 jours, 70, dans l'idéal. Mais il prendra le temps d'aller à la rencontre des populations, des initiatives éco-responsables pour piocher quelques bonnes idées à dupliquer en France, dans le Gard. Franz Schwarz s'intéressera également au volet formation des jeunes auprès des divers ministères et fédérations de moto.
Charlène quant à elle, défendra la place des femmes dans le milieu. "Pour ma part, étant petite en plus d'être une femme, ça a été compliqué dès le moment où j'ai eu envie de passer mon permis. Des moniteurs ont refusé de me former car ils n'avaient que des motos standards et avaient peur que je tombe. Mais sur le marché aussi, les motos adaptées aux femmes, en matière de taille, sont trop rares", insiste-t-elle. La sienne a subi une transformation au niveau de la selle pour lui permettre de poser les pieds à terre. Si elle ignore encore comment, Charlène aimerait aussi porter une action pour la défense de la cause animale.
Initialement prévu dans le courant du deuxième semestre 2023, le départ des trois pilotes a été reporté, au vu du contexte géopolitique, à 2024. En attendant, ils préparent le terrain et recherchent des partenaires auprès des entreprises. Ils prévoient d'organiser un salon de la moto toujours dans l'esprit écolo, à Marguerittes les 29 et 30 avril 2023, et une seconde édition l'année suivante.
Stéphanie Marin