FAIT DU SOIR Le député communiste André Chassaigne en visite pour parler agriculture
Ce vendredi, André Chassaigne, président du groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR) à l'Assemblée nationale, était en visite dans le Gard. À Euzet-les-Bains ce matin, comme à Uzès en début d'après-midi, le député communiste a nourri un peu plus ses connaissances sur la filière agricole, laquelle figure en bonne place dans le programme du candidat Fabien Roussel (PCF).
Alors qu'il était en déplacement dans l'Aude ce jeudi soir, André Chassaigne ne se voyait pas regagner son Puy-de-Dôme natal sans faire un petit détour par le Gard. À l'initiative du maire de Vallabrix, Bernard Rieu, celui qui est depuis 2012 président du groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR) à l'Assemblée nationale a fait escale à la cave coopérative d'Euzet-les-Bains, ce vendredi matin.
Respectivement chefs de file du Parti communiste sur les 4e et 5e circonscriptions du Gard, Paul Planque et Sylvain André étaient là pour l'accueillir. "Je n'aime pas trop les grands meetings. Mais j'apporte quand même ma pierre à la campagne de Fabien Roussel en faisant ce genre de visites informelles en petit comité", a justifié le très souriant André Chassaigne, au terme d'un échange d'une heure avec les élus communistes, les employés de la cave et des viticulteurs gardois. Et le Clermontois d'ajouter : "Je me nourris de toutes ces interventions. Ce matin, avec ce contact sur le terrain, j'ai obtenu des éléments qui viendront enrichir mon travail parlementaire."
La loi Chassaigne a fait le bonheur des agriculteurs
Député de la 5e circonscription du Puy-de-Dôme depuis 2002, conseiller municipal de Saint-Amant-Roche-Savine - dont il a été maire - depuis 1977, l'ex-conseiller régional sait de quoi il parle, lui qui jouit de "presque un siècle de mandats cumulés". Si sa longévité en politique a été ponctuée de succès, sa plus belle victoire remonte sans doute au 1er novembre dernier, lorsqu'une loi portant son nom a été adoptée à l'Assemblée nationale, revalorisant les pensions de retraite des chefs d’exploitation agricole de 75 à 85 % du Smic.
"C'est un grand pas en avant, même si c’est encore imparfait", a commenté Bernard Rieu, qui a aussi présenté le Gard comme un Département à "fort potentiel agricole". Et le maire de Vallabrix d'ajouter : "Avec le vin, les fruits, le maréchage et l'élevage, on pourrait même être autosuffisant. Mais malgré ces atouts, les récoltes s’effondrent et les générations ne se renouvellent pas."
Un constat qui a amené André Chassaigne, lequel a aussi porté un minimum retraite de 700 euros pour les conjointes d'agriculteurs en décembre dernier, à s'interroger : "Quelles propositions pourrions-nous porter à l'Assemblée pour faciliter l'installation de jeunes agriculteurs ?" Ce à quoi Roland, viticulteur et membre de la Confédération paysanne du Gard, a répondu : "Le principal obstacle à l’installation, c’est l’achat du foncier. Il faudrait aussi augmenter les prix de vente des produits pour que les paysans vivent mieux de leur travail. Mais pour cela, il faudrait que tous les salaires des consommateurs soient revalorisés."
Très à l'écoute, André Chassaigne a aussi entendu le dernier nommé suggérer "un retour à la polyculture", de sorte que le paysan "ne mette pas tous ses œufs dans le même panier pour mieux résister en cas de calamité agricole". À ses côtés, les viticulteurs et arboriculteurs gardois, victimes du gel en avril 2021, ont opiné du chef, tout en étant conscients de la charge de travail supplémentaire que cela pourrait engendrer.
Bien qu'ils assurent en premier lieu un soutien à l'aventure présidentielle de Fabien Roussel, Sylvain André et Paul Planque, pas officiellement candidats, n'ont pas oublié de lancer récemment leur campagne respective pour les Législatives de juin prochain. S'il apprécie "les belles propositions" qui émanent du déploiement à l'échelle nationale de plans alimentaires territoriaux (PAT), le premier cité s'inquiète : "Quel argent va mettre l’État pour soutenir réellement la mise en œuvre de ces PAT ?"
Le second, élu d'opposition à la ville d'Alès, s'est emparé d'un point du programme du député PCF pour s'intéresser à "l’articulation entre la ville et la campagne", dont il fera une priorité s'il est élu sur la 4e circonscription. Une circonscription "gagnable" pour le PCF si l'on en croit André Chassaigne qui, avant de rejoindre Uzès pour achever sa visite gardoise, y est allé de son pronostic : "Avec Fabien Roussel, j'ai le sentiment qu'on va faire bondir le nombre de députés communistes !"
Un fonds alimentaire de dix milliards
À Uzès, André Chassaigne a détaillé les mesures pour l'agriculture contenues dans le programme du candidat Roussel. La première, et la plus importante, consiste en la création d'un "fonds alimentaire de 10 milliards d'euros pour accompagner la restauration collective, les collectivités, pour lutter contre la malnutrition, détaille le député communiste. En France, chaque année, 5,5 millions de personnes vont à l'aide alimentaire, il nous faut accompagner vers une nourriture de qualité, avec des repas à un euro." La mesure présente aussi le bénéfice, ajoute-t-il, de "donner un débouché" aux agriculteurs.
Fabien Roussel porte aussi la création d'une "assurance agricole publique", note André Chassaigne, alors que la plupart des agriculteurs et des viticulteurs ne sont pas assurés, compte tenu du prix des polices. Enfin, le programme du PCF compte un volet foncier agricole, avec la possibilité d'avoir "du stockage de foncier" pour les jeunes agriculteurs souhaitant s'installer.
"Le problème de fond, c'est la revalorisation du travail des agriculteurs", note le co-chef de file pour la 6e circonscription Denis Lanoy, qui insiste sur la notion de "dignité", ardemment défendue par les communistes. Sylvain André, maire de Cendras et co-chef de file sur la 5e circonscription, insiste quant à lui sur la désertion des services publics dans la ruralité, et Céline Alphon-Layre, co-cheffe de file sur la 4e circonscription, sur les déserts médicaux.
Autant de sujets autour desquels ils comptent bien rassembler. Le rassemblement revient ainsi dans la bouche de Paul Planque comme dans celle d'André Chassaigne, et explique que les chefs de file ne soient pas encore candidats, laissant une ouverture pour discuter et négocier avec les autres partis de gauche. Le but étant, rappelle le président du groupe Gauche démocrate et républicaine à l'Assemblée, de "renforcer la présence de députés de gauche dans l'hémicycle."
Corentin Migoule et Thierry Allard