FAIT DU SOIR Que se passe-t-il au sein du conseil municipal de Saint-André-de-Roquepertuis ?
Il y a quelques jours, une lettre ouverte sur laquelle figurent les noms de 12 des 15 conseillers municipaux du village de Saint-André-de-Roquepertuis, une commune de 600 habitants située à une petite vingtaine de kilomètres de Bagnols/Cèze, a été distribuée dans le village.
Cette lettre rend public un conflit entre le maire, Fabienne Michel, et une bonne partie de ses élus. Dans ce document, il est question entre autres de « manque de dialogue, de confiance, l’impossibilité d’avoir une marge d’autonomie suffisante (qui) ont totalement dégradé nos relations avec Madame le Maire. »
Dans le détail, le texte évoque plusieurs démissions, celle du troisième adjoint, Bernard Salomé, fin juin « après une série d’incidents », suivie de celle du premier adjoint, Thierry Pradier, à la mi-septembre, celle du responsable de la commission finances, Éric Bourgeault, ou encore celle du 4e adjoint, Yvon Edeline, fin novembre. La lettre évoque également le fait que le conseiller délégué Jean-François Coste ainsi que d’autres conseillers délégués ont décidé de renoncer à leurs fonctions.
Ça fait beaucoup pour un village comme Saint-André. Les signataires de la lettre reprochent à la maire d’avoir « renié ses engagements », par exemple avec « son désir et ses manœuvres » pour représenter le village à l’Agglo du Gard rhodanien en lieu et place de l’ancien maire, Michel Coullomb. « Son refus inattendu de céder une part de ses indemnités afin de défrayer les conseillers délégués » ou encore « ses échanges peu amènes avec son 3e adjoint, Bernard Salomé, qui provoqueront la démission de celui-ci. » La lettre évoque aussi le fait que la maire a été en arrêt maladie cet été.
Les signataires affirment que la maire s’est isolée. « Elle exerce sa fonction en confondant une autorité - construite et acceptée - et autoritarisme. Ses décisions surprenantes semblent frappées d’une versatilité et d’une instabilité qui nous inquiètent », affirment-ils tout en demandant un retour aux urnes. La maire Fabienne Michel ne nie pas les difficultés tout en affirmant que « sur les 15 élus, il n’y a eu que deux démissions, les troisième adjoint une semaine après l’élection et le quatrième en novembre ». Quant aux douze noms qui figurent sur la lettre ouverte, « il y a des noms mais ce n’est pas signé », relativise-t-elle. Soit.
« Ce n’est pas un maire qu’ils cherchaient, mais un prête-nom »
Sur son isolement, la maire le martèle : « Je ne me suis pas isolée, on m’a isolée. » Car elle l’affirme : les élus en question « ne viennent pas en mairie. Quand je les sollicite pour discuter personne ne vient. Ils ne répondent pas à mes coups de fil et certains me disent qu’ils n’ont pas le droit de me voir en tête-à-tête. » Alors elle prépare elle aussi une lettre à ses administrés dans laquelle elle répondra « point par point avec des arguments vérifiables en mairie. »
Car cette infirmière du CHU Carémeau, novice en politique, ne compte pas se laisser faire. Revoter ? « Il n’y aucune raison. » Et elle l’affirme, on est venue la chercher pour devenir maire du village où elle a ses racines et où elle est revenue en 2018 « car parmi les six élus qui repartaient, personne ne voulait la place de maire. »
Si elle a dit oui malgré un emploi du temps chargé, c’est qu’on lui a assuré « qu(‘elle) ne serai(t) pas seule. » « Or, cinq semaines après l’élection, on m’a quasiment convoquée à une réunion qui était un réquisitoire contre moi. On m’a traité d’incompétente », rejoue-t-elle. On est alors en pleine première vague de crise sanitaire qui l’a de surcroît vue attraper le covid, et la maire est alors « extrêmement fatiguée, et cette réunion (l’)a achevée. » D’où l’arrêt maladie.
Pour elle, tout part du fait que « pendant ces cinq semaines j’ai donné mon avis et mes réflexions ont été prises de manière personnelle », mais aussi de la démission du troisième adjoint « qui intervenait dans un domaine où il n’avait pas à intervenir. Je lui ai dit fermement et il a démissionné tout de suite. » Ce domaine c’est la sécurité, que la maire n’avait pas délégué.
Pour elle c’est clair : « J’ai essayé de prendre ma place, mais je me suis sentie très vite en dehors. Ce n’est pas un maire qu’ils cherchaient, mais un prête-nom. Sauf que ce n’est pas du tout dans mon tempérament d’être une femme de paille. » Elle se veut « maire à part entière », même si elle affirme que la succession de Michel Coullomb « n’a quasiment pas été préparée. »
Quant au fait qu’elle aurait voulu lui piquer la place à l’Agglo, « ce n’ai pas moi qui ai intrigué, j’ai eu une pression énorme », dit-elle. De qui ? « Sans commentaire », élude-t-elle. Et concernant l’histoire des indemnités, Fabienne Michel indique que pour devenir maire, elle est passée à 60 % au CHU, et que ses indemnités de maire « ne couvrent qu’une petite partie des 40 %. »
Si aujourd’hui la situation au sein du conseil semble bloquée, la maire affirme que ce n’est pas le cas de l’action municipale : « À tous les conseils municipaux que j’ai convoqués, tout a été voté. » Et elle le dit : « S’ils venaient en disant qu’on repart à zéro sur des bonnes bases, je dirais oui. »
Thierry ALLARD