Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 19.11.2017 - thierry-allard - 4 min  - vu 775 fois

INTERVIEW Le député Anthony Cellier : "la vallée du Rhône doit devenir la vallée de l’énergie"

Cinq mois après son élection sur la troisième circonscription du Gard (Bagnols, Remoulins, Villeneuve), le député LREM Anthony Cellier se positionne sur deux thématiques majeures : l’énergie et le numérique.
Le député de la 3e circonscription du Gard Anthony Cellier (Photo d'archives : Thierry Allard / Objectif Gard)

Et le parlementaire compte bien peser via sa nomination au Conseil supérieur de l’énergie d’un côté, et un rôle d’aiguillon des collectivités locales de l’autre. Le tout avec une même ligne directrice : cliver le moins possible, sur des sujets qui ne font pas toujours l’unanimité. Jusqu’à quand ?

Objectif Gard : Vous venez d’être nommé membre du Conseil supérieur de l’énergie, chargé d’accompagner le gouvernement dans sa politique énergétique, largement dominée actuellement par le nucléaire. Faut-il selon vous rééquilibrer le mix énergétique ?

Anthony Cellier : Il y a la loi, celle sur la transition énergétique qui nous guide vers un mix à 50 % de nucléaire. Ce qui a changé dernièrement c’est uniquement le timing, car contrairement à ce qui a été dit, on ne s’est pas aperçu que ce n’était pas possible d’ici 2025, on assume juste le fait que ça ne l’est pas. La trajectoire reste fixée par la loi, c’est le calendrier qui change. Une politique énergétique s’inscrit dans un temps long pour respecter les enjeux comme la production, la sûreté, l’indépendance énergétique, le coût, la compétitivité, l’environnement…. Si on sort du nucléaire d'une part on n’a pas les ressources, sans compter que nous avons une obligation morale de "décarboner" notre énergie, et ça fait partie des atouts du nucléaire.

Quelle doit-être la place du nucléaire alors ?

Le nucléaire était le pilier, il doit être le socle de notre politique énergétique. Après, l’énergie renouvelable a fait des progrès technologiques importants, et l’efficience énergétique est un sujet structurant, comme le stockage de l’énergie. Aujourd’hui, un acteur majeur comme EDF investit 2 milliards d’euros sur les énergies renouvelables. D’une manière générale, il ne faut pas être dogmatique sur ce sujet.

La production énergétique est-elle encore l’avenir du Gard rhodanien ? Peut-on envisager un cluster de l’énergie par exemple ?

Je suis convaincu que, plus que le Gard rhodanien, la vallée du Rhône doit dès maintenant — et c’est là que la politique a un rôle majeur à jouer — devenir la vallée de l’énergie. J’ai invité des députés de la République en marche de la vallée du Rhône à réfléchir avec moi là dessus, car il faut que l’entité politique prenne en compte les transformations à venir sur ce territoire. Ce sera sur un temps long, mais on aura impulsé quelque chose.

Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ?

Il faut préparer notre territoire à la transition énergétique. On n’est pas en train de dire que c’est la fin du nucléaire, mais qu’il faut intégrer des espaces de stockage de l’énergie ou favoriser le déploiement de fermes solaires par exemple. On a des marqueurs forts ici, mais il faut pousser le raisonnement jusqu’au bout. Dans cette optique, je fais un tour énergies, où je reçois et vais à la rencontre de tous ceux qui font le microcosme de la production énergétique, jusqu’aux collectifs d’autoproducteurs, pour avoir une vision à 360 degrés.

Vous allez pousser pour que le réacteur de quatrième génération ASTRID s’installe à Marcoule ?

C’est déjà fait. J’ai rencontré le président du forum international des réacteurs de quatrième génération à plusieurs reprises, ainsi que le haut commissaire à l’énergie, qui est le conseiller direct du gouvernement en la matière, avec pour objectif d’aller jusqu’à l’échelle 1.

Vous avez défendu, puis retiré, un amendement qui permettrait de compenser les pertes fiscales pour les intercommunalités en cas de fermeture de centrale thermique, comme c’est le cas à Aramon. C’était un coup d’épée dans l’eau ?

Non, c’est une main tendue que nous fait le gouvernement, on la prend et on va travailler avec Anne-France Brunet (députée LREM de la 3e circonscription de Loire-Atlantique, ndlr) sur cet IFER (l’Imposition forfaitaire pour les entreprises de réseaux, ndlr).

Il y a une forme d’injustice et une double peine reconnues par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, car l’IFER n’est pas compensée par l’Etat lorsqu’une installation ferme, ce qui peut mettre en péril les intercommunalités. On va travailler avec Bercy, et j’ai fait des propositions que je considère logiques. Comme on ne peut pas générer de dépenses supplémentaires, j’ai proposé de gager la dépense sur les taxes sur ce qui génère du carbone, comme la TIPP (la taxe sur les produits pétroliers, ndlr). Je l’ai proposé au ministre.

Autre sujet sur lequel vous vous positionnez, le numérique. Un domaine porté par le Département, les communes et les opérateurs. Dans ce cadre, quelle est votre latitude pour agir ? Etes-vous uniquement un inspecteur des travaux finis ?

Ma latitude, c’est de remettre systématiquement sur la table ce sujet qui est essentiel, transversal. Effectivement, je n’ai pas d’argent sur cette thématique, mais au travers de rendez-vous avec les maires, le Département, le fait d’en parler permet de rappeler l’importance du sujet. Il ne faut pas qu’on soit en retard, on l’est déjà, mais il ne faut pas le cumuler. Dans tous les rendez-vous que j’ai avec les maires, le numérique revient systématiquement, c’est un vrai sujet. Je ne peux qu’alerter, mais je n’arrêterai pas de le faire.

Comment résorber la fracture numérique ? Durant la campagne, Emmanuel Macron en a fait un enjeu majeur.

Les engagements d’Emmanuel Macron tablent sur le plan Très haut débit sur lequel les Départements se sont engagés. Il ne faut pas imaginer que l’Etat se substituera aux acteurs. Cependant, je n’ai aucun doute sur le fait que Denis Bouad (président du Conseil départemental, ndlr) est conscient de l’importance du sujet.

Propos recueillis par Thierry Allard

Thierry Allard

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