LE 7H50 Sophie Ressouche : "Les dernières pluies ont permis d'interrompre l'assèchement des nappes, pas de refaire le plein"
Responsable du pôle eaux souterraines à l'EPTB Vistre Vistrenque, Sophie Ressouche s'inquiétait début avril du déficit des nappes phréatiques sur le sud du Gard. Un niveau qui n'avait plus été aussi bas depuis 1993. Un mois et deux épisodes pluvieux plus tard, elle refait le point sur l'état de la sécheresse au sud de Nîmes.
Objectif Gard : Quelle a été l'impact des pluies de ces derniers jours ?
Sophie Ressouche : Il est tombé environ 55 mm d'eau en deux semaines. C'est à peu près autant que ce qui était tombé depuis le début de l'année. Ces pluies ont été très bénéfiques car elles ont permis de nourrir une végétation en croissance à cette période de l'année. Cela a pour effet notamment d'interrompre les prélèvements d'irrigation pendant un certain temps et d'offrir un peu de répit au nappes phréatiques. Mais si on a trois jours de mistral derrière, il sera vite oublié. L'idéal serait qu'il y ait un autre épisode pluvieux dans une dizaine de jours pour le prolonger, mais ce n'est pas ce qui est annoncé.
Quel est l'état des nappes Vistrenque et Costières dont vous assurez la surveillance ?
Leur niveau est toujours très bas. Sur le mois d'avril, les précipitations ont été conformes aux moyennes calculées entre 1981 et 2010. Mais lors de tous les mois précédents, elles étaient très en-deçà. L'épisode pluvieux a globalement permis d'interrompre l'assèchement des nappes mais pas de refaire le plein. D'une manière générale, on n'est pas dans une saison où les situations s'inversent. Pour que les pluies aient un véritable impact sur leur niveau, il aurait fallu qu'il tombe deux ou trois fois plus d'eau.
Un premier arrêté préfectoral a été pris en avril. Faut-il s'attendre à des mesures restrictives cet été ?
Le Gard a été placé en vigilance eau ce qui signifie qu'on en était au stade des recommandations. L'idée était de sensibiliser les populations mais il n'y avait pas de restrictions. Pour cet été, il faudra voir comment la situation évolue. Quand on analyse les données sur le temps long, on s'aperçoit que le mois de mai peut être assez pluvieux alors qu'à partir de juin les précipitations sont beaucoup plus rares.
"Il faut une prise de conscience collective"
Quel est le rôle du pôle eaux souterraines de l'EPTB Vistre Vistrenque dans ces périodes délicates ?
Nous devons surveiller les nappes et faire remonter nos analyses des situations aux élus et à la préfecture. On insiste tous particulièrement sur les secteurs les plus en difficulté, c'est-à-dire ceux où il y a de gros prélèvements et où la baisse des niveaux pourraient avoir un impact important.
Quels sont-ils ?
Je pense notamment à Vauvert qui, avec plus de 10 000 habitants, a besoin de captages conséquents pour satisfaire les besoins des habitations. On a alerté les élus très en amont pour qu'ils communiquent. Il est très important que tout le monde joue le jeu, même ceux qui ont des forages. Ces derniers pompent la même ressource que les usagers classiques. Parfois, les gens qui possèdent un forage dépensent l'eau sans compter car elle ne coûte rien. Mais l'effet sur les nappes est le même. Il faut une prise de conscience collective.
Propos recueillis par Boris Boutet