LES PLANTIERS Bernard Mounier, le maire : "Ce qu'on a vécu nous marquera pour des décennies"
Aux Plantiers, les 250 habitants gardent tous en mémoire la tragédie qui a frappé la commune le 11 mai dernier (revoir ici). Mais un peu plus de six mois plus tard, alors qu'une année douloureuse va s'achever, Bernard Mounier, le maire, continue de poser les bases du "jour d'après", résolument tourné vers l'avenir de cette jolie bourgade cévenole qu'il entend embellir par des projets tournés vers le collectif.
Objectif Gard : Depuis votre prise de fonction au printemps 2020 pour votre premier mandat de maire, rien ne vous a été épargné. C'est d'autant plus dur que vous vous étiez présenté pour "rendre service"...
Bernard Mounier : C'est sûr que c'est un début de mandat pour le moins compliqué. On a connu trois confinements, deux catastrophes naturelles (un incendie et des inondations, NDLR), et le double meurtre. Un tel événement qui se passe à Aubervilliers ou à Montrouge touche à coup sûr les habitants, mais quand ça se passe ici c'est démultiplié car tout le monde se connaît. On a presque tous des liens de parenté.
Très vite après le drame, vous étiez tourné vers le "jour d'après". Comment s'opère depuis la "reconstruction" du village et de ses âmes blessées ?
Déjà il faut savoir que ces événements ne nous déresponsabilisent pas des petites tâches du quotidien d'un élu. Au contraire, si on veut être crédible lors des gros événements, il faut assurer lors des petits. Aujourd'hui, la difficulté c'est que les ressentis émotionnels sont invisibles à l'œil nu. Des familles ont été déséquilibrées. Elles sont toutes victimes. Celle de celui qui a commis ces horreurs comme celles des deux vraies victimes qui ont perdu la vie. Mais ce qui me paraît être une victoire, c'est qu'on a évité la rupture. Ainsi, tout est soignable. Toutes les mesures d'accompagnement, l'écoute attentive comme les regards compatissants, permettent à ces personnes de retrouver le sens de leur histoire, et surtout celui du bien commun car elles collaborent dans les mêmes structures. Aujourd'hui j'ai le sentiment que le village ne va pas mal. Mais ce qu'on a vécu nous marquera pour des décennies.
Après ces premiers mois chaotiques, l'heure des projets communaux a enfin sonné. Quel est le plus avancé ?
On a un projet de plateforme de télémédecine à côté de l'EHPAD des Jardins. Il est bien avancé puisqu'on va lancer l'appel d'offres ce lundi 13 décembre et les travaux pourraient s'enclencher au début de l'année 2022 en fonction de la disponibilité des entreprises. On escompte que nous aurons cette plateforme avant l'été prochain car il s'agit de l'aménagement d'un local déjà existant situé sous la salle de restauration de l'EHPAD. Trois infirmières libérales sont actuellement en formation et devraient accompagner la patientèle dans ce local aménagé équipé d'objets connectés. Il sera ouvert sept jours sur sept, de 8 heures du matin à 21 heures, donc on va arriver à avoir un accompagnement médical de qualité dans ce petit village perdu des Cévennes. On est très enthousiaste à l'idée de la réalisation de ce projet qui va coûter presque 100 000 euros au total. Au sein de cette plateforme, on va peut-être aussi pouvoir développer la dermatologie, la pédiatrie et l'ophtalmologie.
Le numérique faisait en effet partie des axes principaux que vous souhaitiez développer au cours du mandat...
L'arrivée de la fibre sur la commune nous intéresse particulièrement car ça rentre en complémentarité avec la cabine de télémédecine. Il y a quelques jours, on a opéré un gros chantier avec l'installation par Orange de trois pylônes 3G qui sont opérationnels depuis hier. Ils vont desservir plusieurs hameaux de la commune qui étaient jusqu'alors dépourvus de connectivité. D'autant qu'il y a une vraie problématique aux Plantiers, c'est les coupures d'électricité. Ça fait six mois que les résidents des hameaux de Monteils et de Faveyrolles n'ont plus de téléphone fixe. Ça pose de vrais problèmes de sécurité. Sachant que nous avons une population vieillissante, imaginez une chute à l'issue de laquelle la victime ne pourrait pas alerter les secours...
L'éducation figure également en bonne place au rayon des priorités de la commune et notamment du maire que vous êtes. Avez-vous entrepris des choses en ce sens ?
L'éducation est à mes yeux un élément majeur. Aux Plantiers, on a en charge les enfants de la maternelle jusqu'au CM2. Au début de la crise sanitaire, j'avais décidé de ne pas fermer l'école, au contraire de mon voisin de Saint-André-de-Valborgne, Régis Bourelly. Ce qui fait qu'on a accueilli les enfants de l'école voisine en ouvrant une deuxième classe car le maintien de leur éducation était à mes yeux prioritaire. Les deux institutrices, qui étaient réunies pour l'occasion, ont découvert le travail collaboratif et l'ont apprécié. C'est de là qu'a germé mon idée de créer un groupe scolaire, reprise ensuite par ma collègue de Saumane, Laurette Angeli. Ma volonté ferme c'est de travailler ensemble avec ces deux communes (Saumane et Saint-André-de-Valborgne) et l'Estréchure pour créer un groupe scolaire au niveau du croisement du pont de Bourgnolles où est actuellement implanté un grand camping GCU. Si les propriétaires s'avéraient vendeurs, ça serait un lieu central hyper symbolique pour ce projet qui est encore à la marge puisqu'il n'a pas été discuté en conseil municipal.
Propos recueillis par Corentin Migoule
Plusieurs autres projets portés par la commune des Plantiers et développés par le maire, Bernard Mounier, avec l'appui de deux adjoints, lors d'une visite de courtoisie de la sous-préfète de l'arrondissement du Vigan, qui s'est tenue en mairie ce jeudi matin, sont à découvrir dans le magazine d'Objectif Gard à paraître le 24 décembre prochain.