Tribunal. Un père de famille, âgé de 28 ans, est jugé ce mardi devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour un terrible accident de la circulation survenu le 5 novembre 2017, à 5h30, sur une chaussée mouillée. Le procureur Bertrand a réclamé 5 ans de prison et un mandat d'arrêt à l'audience contre le conducteur.

Le prévenu est à l'origine d'un accident qui a fait quatre morts, sur le boulevard Salvador-Allende, à Nîmes. Après sa mise en examen, ce conducteur avait été placé sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention alors que le parquet de Nîmes avait réclamé la détention provisoire.

La nuit du drame, ce père de famille ramenait ses proches d'un mariage. Il roulait vite avec une voiture très détériorée, à près de 120 km/h sur une portion limitée à 50 km/h. Cette nuit-là, il avait consommé de la drogue malgré ses mensonges sur ce sujet au début de l'enquête. Il circulait également sans assurance, sans contrôle technique et sans sièges adaptés pour les deux enfants. Ses enfants de 6 mois et 2 ans sont décédés, ainsi que sa compagne, âgée de 24 ans. Les passagers n'étaient pas attachés. Une quatrième victime, son beau-frère, le frère de son épouse est décédé 48h plus tard au CHU de Nîmes. Après l'accident, le conducteur avait été placé d'office dans un établissement psychiatrique quelques heures.

Selon l'expert, il n'y a pas de raison mécanique à cet accident qui est lié "à une vitesse sous l'emprise de stupéfiants", et "à sa tentative de prendre à une vitesse trop grande la courbe". L'épouse du conducteur et ses deux enfants seront éjectés de la voiture et décédés avant l'arrivée des secours.

"J'ai perdu ma vie, ma femme, mes enfants", affirme le prévenu à la barre. "Ce soir-là, je ne sais pas, j'étais fatigué et pressé de rentrer", ajoute le chauffard qui a quitté les lieux pendant près de 50 minutes après l'accident pour y revenir ensuite. Il prétend qu'il voulait se suicider.

Le problème pour lui c'est qu'il a cumulé ce jour-là un nombre incalculable d'infractions. Dans la journée déjà une vidéo prouve qu'il menait le cortège de véhicules du mariage, avec des contresens, des infractions au code de la route, comme lui fait remarquer le président du tribunal Jean Pierre Bandiera. Ce conducteur avait l'habitude de "rouler comme un fou", selon des témoins retrouvés durant l'enquête "et se vantait de sa vitesse".

" Un tombeau roulant conduit par un chauffard inconscient, déplore maître Magali Fiol, conseil d'une famille détruite. C'est une famille qui continue à survivre et la responsabilité de cet homme, de ce chauffard est unique", insiste l'avocate nîmoise.

Pour maître Annelie Deschamps qui défend une jeune femme de 22 ans, la seule victime survivante les conséquences de l'accident sont incontestables. " Elle se demande pourquoi elle est survivante alors que tous les autres sont morts. Elle est détruite physiquement et psychologiquement". Le procureur a réclamé 5 ans de prison ferme et un mandat d'arrêt à l'audience.

"Comment infliger une telle peine à celui qui par sa faute a tué ses enfants, estime maître Isabelle Mimran pour la défense du conducteur. Oui c'est par sa faute et sa faute seule que le drame est arrivé, nous n'avons pas contesté le rapport accablant de l'expert automobile," ajoute la pénaliste qui affirme que son client vient d'obtenir un CDI. Le tribunal a entendu la plaidoirie de l'avocate du prévenu et a condamné le chauffard à 4 ans de prison dont un an avec sursis. Son permis est annulé pendant 5 ans. Il est reparti libre de l'audience et purgera sa peine plus tard.

Boris De la Cruz