Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 22.09.2020 - boris-de-la-cruz - 2 min  - vu 4613 fois

NÎMES Des jeunes femmes condamnées pour proxénétisme : "Une gamine de 16 ans a vécu l'enfer"

Trois jeunes femmes de 19 et 20 ans ont été condamnées à des peines de 6 mois à 1 an de prison ferme.
Dans la salle d'audience du tribunal correctionnel de Nîmes. (Photo d'illustration : Tony Duret / Objectif Gard)

Elle était placée dans un foyer à Alès et venait de fuguer. À la recherche d'une épaule protectrice, cette adolescente de 16 ans est tombée dans un quartier sensible de Nîmes sur trois jeunes femmes, des apprenties proxénètes. Le trio comparaissait ce mardi matin devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour "proxénétisme aggravé sur une mineure du 12 juin 2019 au 16 juin 2019".

Une des jeunes prévenues, à peine âgée de 19 ans, déclare : "Je m'excuse, elle n'a rien demandé et maintenant sa vie est bousillée". La mise en cause comparaît libre comme ses deux complices proxénètes, également âgées de 19 ans et 20 ans.

"J'ai une impression de dégoût et de colère, avec des prévenues qui racontent des faits banals presque à les écouter. Pourtant on voit rarement ce genre d'affaire au tribunal, dénonce le procureur adjoint, Stéphane Bertrand. "Les trois prévenues ont pensé et organisé cette dérive en attrapant la victime qui était dans un état de faiblesse à cause de son jeune âge, d'une famille totalement absente et d'une fragilité psychologique évidente. Et comme elle était vierge, pour la préparer à se prostituer elles sont allées voir un copain", ajoute le représentant du parquet de Nîmes qui réclame que les trois copines "aux visages d'ange", soient arrêtées à l'audience alors qu'elles n'ont jusqu'alors pas effectué un seul jour de détention dans cette affaire.

Il réclame en outre des peines de 6 mois à 1 ans de prison ferme pour chacune des jeunes femmes. "Si quelqu'un entre dans la salle d'audience il pourrait prendre ces jeunes femmes pour des victimes, elles n'ont pas l'âge de ce qu'elles ont fait. Vous auriez la même affaire avec des hommes d'une trentaine d'années à leur place, ils seraient en détention avec des peines importantes qui auraient été infligées. Il faut s'attacher aux faits graves et non pas aux apparences", accable le procureur Bertrand à l'adresse du tribunal.

"Elle reconnaît et admet la gravité des faits, mais à l'époque à peine âgée de 18 ans, elle n'avait pas conscience de cette gravité et d'ailleurs elle croyait la victime majeure", estime pour sa part maître Laura Fabre dont la cliente a écopé de la peine la plus faible avec 2 ans de prison dont 6 mois ferme. Les deux autres mises en cause ont été sanctionnées par 2 ans de prison dont une année ferme. Toutes les peines sont aménageables et le trio ne devrait pas être incarcéré. Elles ont également évité des arrestations à l'audience. Par contre, elles sont inscrites au fichier des délinquants sexuels.

Pour la victime la peine est éternelle avait souligné juste avant maître Céline Moulinat. "Elle a été massacrée, humiliée, elle n'est pas parvenue à venir à l'audience. Une gamine de 16 ans a vécu l'enfer pendant quatre jours. Elle est marquée à vie et je ne suis pas sûre qu'elle ait les armes pour se protéger dans sa vie future", poursuit son conseil.

Pendant quatre jours cette jeune fille avait été obligée de vendre son corps dans un hôtel de Nîmes, enchaînant jusqu'à six clients quotidiens. L'argent, près de 2 000 euros, était récupéré et partagé par le trio sanctionné ce mardi au tribunal correctionnel. Un trio qui attendait et surveillait dans une chambre d'hôtel proche, sans compassion ni humanité.

Boris De la Cruz

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