NÎMES MÉTROPOLE Pourquoi Jean-Paul Fournier vole au secours de la Saur ?
C'est un courrier adressé par le directeur de cabinet de Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes (auquel Objectif Gard a eu copie), qui ouvre un nouveau front dans la guerre que se livrent la Ville et l'Agglomération depuis plusieurs années.
Cette fois-ci, c'est le marché de l'eau et assainissement qui est au centre du jeu où, selon nos informations exclusives, la Saur serait écartée après près de 50 ans de règne...
La rentrée de lundi s'annonce chaude à Nîmes métropole. À 14h, après un bureau communautaire, une conférence de presse est organisée par Yvan Lachaud, président de l'Agglo, pour présenter le rapport sur le choix du concessionnaire de la délégation de service public eau et assainissement pour les huit prochaines années. Un contrat public qui prendra effet au 1er janvier 2020.
La Saur écartée
Ce choix crucial devrait écarter l'opérateur historique depuis 50 ans : la Saur et c'est l'opérateur Véolia Eau qui tiendrait la corde. Toujours selon nos sources, l'économie réalisée serait de plusieurs millions d'euros sur la durée du marché qui comporterait de nombreux objectifs à réaliser : amélioration du rendement, station de méthanisation, l’établissement d’un diagnostic permanent du réseau ou encore sécurisation des sites…
Jean-Paul Fournier prend la plume
Mais Jean-Paul Fournier et ses équipes contestent la démarche d'Yvan Lachaud de vouloir remettre en cause un opérateur historique. Dans un premier temps, c’est un courrier, somme toute cordial, que le maire Les Républicains de Nîmes, Jean-Paul Fournier, a envoyé au président centriste de Nîmes métropole, Yvan Lachaud. Le maire de Nîmes dit regretter le manque d'association de l'Agglo à ce choix. « Je suis surpris d’apprendre que les différentes auditions se seraient tenues uniquement en présence de cadres et de techniciens de la collectivité et en l’absence de tout élu. » Et d'interroger : « Comment dans ces conditions arrêter un choix réfléchi sur cet engagement d’importance sans partager votre démarche ? »
De son côté, Nîmes métropole dit respecter la procédure. En mars, une commission composée d’élus, notamment ceux de l’UPNM (Union pour Nîmes métropole) dont fait partie Jean-Paul Fournier (*), avait arrêté les noms des trois candidats (La Saur, Veolia et Suez).
S’en est ensuivi trois réunions de négociation entre la commission de l’Agglo et les entreprises candidates. « Il s’agit de la même procédure qui a été faite pour les transports et nous n’avons eu aucune remarque », poursuit l’une de nos sources, pour qui il est inutile de polémiquer.
Olivier Berlioux, le directeur de cabinet de Fournier à l'offensive
Des explications qui ne semblent pas répondre aux doléances de la Ville. En témoigne le courrier électronique (auquel notre rédaction a eu accès) adressé à tous les conseillers communautaires du groupe UPNM de l'Agglomération Nîmoise par le directeur de cabinet de Fournier, qui semble vouloir contester le choix d'Yvan Lachaud. Rappelant le premier courrier du maire de Nîmes, Olivier Berlioux attaque d'emblée la démarche de Nîmes métropole «qui se voulait transparente mais transpire l’opacité…»
Et le même de poursuivre : « Inutile de vous dire que la réponse qui est parvenue à monsieur le Maire ne répond en rien à ses interrogations. De surcroit, nous avons été informés qu’un choix avait déjà été opéré puisque, comme ils nous l’ont confirmé, deux des candidats ont déjà reçu un courrier (en date du 3 janvier 2019, NDLR) en ce sens alors même que les commissions et le bureau sont convoqués ce 7 janvier pour avis, sachant que c’est bien le Conseil communautaire qui entérinera l’attribution au futur délégataire le 23 janvier prochain. »
Sur ce point, l'Agglomération le concède : «un courrier a effectivement été adressé aux candidats. C'est une procédure d'informations légales pour indiquer le résultat du rapport. En aucun cas, il ne s'agit d'anticiper le futur vote du Conseil communautaire.»
Pour autant, Olivier Berlioux n'a pas l'intention d'accorder crédit à Yvan Lachaud. Dans son e-mail, il propose aux destinataires du courrier de se retrouver lundi 7 janvier à 8 heures dans les locaux de Archi Botti 2 pour «semer le doute chez certains indécis (...) C’est dans cet esprit que des précisions vous seront communiquées pour que tout le monde dispose du même niveau d’information et que certains puissent provoquer des interventions constructives en commission. »
Dans cette nouvelle affaire entre la Ville et l'Agglo, comment ne pas voir la volonté d'Yvan Lachaud d'écarter La Saur pour s'offrir une nouvelle virginité à l'approche des Municipales 2020 et ainsi faire oublier l'épisode dramatique face à Élise Lucet lors de l'émission de télévision Cash Investigation sur France télévision, qui avait mis au jour l'année dernière les dysfonctionnements de la DSP concernant l'eau.
Dans le même temps, difficile de comprendre les motivations de la Ville dans cette opération de déstabilisation pour une mise en concurrence salutaire d'un opérateur en place depuis près de 50 ans «qui se gavait grave» comme le rappelait Yvan Lachaud dans l'émission.
À moins que des intérêts qui nous échappent soient en jeu ? Affaire à suivre...
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