UZÈS Le « oui, mais » de Jean-Luc Chapon au projet de Parc naturel régional
Uzès a délibéré en faveur mardi soir en conseil municipal en faveur du projet de Parc naturel régional, projet auquel le maire, Jean-Luc Chapon, s’est opposé depuis ses débuts.
Étude et PETR
Un projet ardemment défendu par l’opposition municipale, le groupe Uzès ensemble de Caroline Sépet et Lydie Defos du Rau en tête, et qui rassemble déjà plusieurs dizaines de communes qui ont d’ores et déjà adhéré à l’association de préfiguration du Parc chargée d’élaborer la charte du PNR. Clairement, Uzès se retrouvait dans une position inconfortable : certes, certaines communes comprises dans le périmètre provisoire du projet s’y opposaient, mais aucune n’avait la taille de la cité ducale. Car même si dans le projet, chaque commune a le même poids dans les décisions, il serait difficile de concevoir ce PNR sans Uzès, qui en serait la ville-centre. Paradoxalement, Uzès commençait à se retrouver isolée. Cela a-t-il joué dans le revirement de la majorité uzétienne ? Probablement.
Reste que si le conseil municipal a voté la délibération à l’unanimité, cette délibération propose de « soutenir l’étude d’opportunité et de préfiguration du projet de PNR » et d’« autoriser le PETR (le Pôle d’équilibre territorial et rural, qui a pris le relais du Pays Uzège Pont du Gard et du Schéma de cohérence territoriale, ndlr) à mener des actions en son nom pour créer l’association de préfiguration et à travailler avec la commune pour la réalisation de la charte. » Ça n’a l’air de rien comme ça, mais c’est bel et bien un « oui, mais » de la Ville, qui impose ses conditions.
Alors après avoir demandé au maire s’il y aurait une présentation, compte tenu de la présence d’un rétroprojecteur allumé dans la salle - le maire lui répondra que « non » - puis s’être félicitée du revirement de Jean-Luc Chapon « qui était contre le projet depuis le départ sur le principe », Lydie Defos du Rau pointera le paragraphe de la délibération sur l’étude. « Elle stipule que le conseil soutient l’étude d’opportunité. Or cette étude est terminée », a ainsi pointé l’opposante. Le maire lui répondra en substance que l’étude citée par l’élue avait été conduite par le Syndicat mixte des Gorges du Gardon (SMGG), en faveur duquel « il n’y a jamais eu de vote pour dire qu’on lui confiait cette étude ». Une étude sur laquelle il ne faudrait « surtout pas se baser », notamment car « nous voulons garder une mainmise sur notre territoire. »
Uzès veut sortir le SMGG du jeu
Caroline Sépet pointera un gaspillage d’argent public du fait de cette deuxième étude, puis un manque supposé d’ingénierie au sein du PETR pour gérer le projet, alors que le SMGG impulse le projet depuis ses débuts. C’en était trop pour Jean-Luc Chapon qui dégainera un Powerpoint préparé en amont pour expliquer son changement d’avis, à l’aide…du rétroprojecteur. « J’ai eu énormément d’incertitudes sur ce projet. Quand j’ai vu la manière de travailler et les dépenses prévues je ne pouvais pas être favorable », a ainsi lancé l’édile, pointant « des périmètres à géométrie variable » et un risque de dérapage budgétaire.
Sur ce dernier point, l’élu projettera un document montrant que le PNR de la Narbonnaise compte « 48 agents, dont 28 cadres A, les plus hauts fonctionnaires ! » Pour mémoire, on parle de 3 équivalents temps plein pour le projet gardois. Alors « oui, il va falloir marcher avec le PETR, à la hauteur de nos finances », poursuivra-t-il avant de répondre à l’accusation de gaspillage d’argent public induite par l’étude : « l’étude c’est 150 000 euros, le SMGG prévoyait 250 000 euros par an, soit 750 000 euros minimum. »
Après avoir digressé sur l’opposition de la présidente du SMGG, Bérengère Noguier, concernant une subvention départementale au futur centre culturel et de congrès puis sur des actions judiciaires menées par des associations membres du projet de PNR, Jean-Luc Chapon estimera que « ce projet peut être intéressant, mais avec une vision de gestion budgétaire. » « Donc vous commencez par dépenser 150 000 euros pour une étude qui existe déjà », grincera Caroline Sépet. « Pour une étude complète ! », précisera le maire.
Caroline Sépet estimera ensuite qu’il n’y avait « pas besoin de changer de porteur de projet », donc de sortir de SMGG du jeu, syndicat dont on a bien compris que Jean-Luc Chapon ne le portait pas dans son coeur. Le maire n’a rien lâché sur ce point et la délibération a été votée à l’unanimité. Présent dans la salle, l’ancien président du SMGG, ardent défenseur du projet de PNR et candidat déclaré aux municipales de 2020, Christophe Cavard, nous confiera à la sortie sa satisfaction de voir Uzès s’engager en faveur du projet. Tardivement certes, mais « mieux vaut tard que jamais. »
Thierry ALLARD