ÉDITORIAL "Un p'tit truc en plus" : comment donner de la visibilité aux adultes en situation de handicap mental ?
Ce long métrage met en exergue le besoin indispensable de visibilité de ce public. Sans compter bien sûr cette touche de comédie et d'humour où les "valides" sont les victimes des situations.
Il s'agit certainement du film français de l'année. En tout cas, au box office, il risque bien de tenir un record jusqu'en décembre avec déjà, en trois petites semaines, plus de trois millions de spectateurs dans les salles. La comédie "Un p'tit truc en plus", tout premier film réalisé par Artus, est la surprise de ce printemps. Pourquoi un tel succès ? Probablement parce qu'avec simplicité, le réalisateur-comédien Artus parle d'un sujet central dans la vie de nombreuses familles : la présence d'un adulte en situation de handicap mental. Un frère, une sœur, un père, une mère. Pour ce film, l'humoriste a tourné avec pas moins d'une dizaine d’acteurs. Ces derniers se sont retrouvés en plein tournage avec plusieurs comédiens français reconnus, notamment, Clovis Cornillac ou encore Alice Belaïdi. Loin de leur établissement spécialisé, rarement ouvert au grand public et fréquenté la plupart du temps uniquement par des proches des porteurs de handicap. Mieux, ce long métrage met en exergue le besoin indispensable de visibilité de ce public. Sans compter bien sûr cette touche de comédie et d'humour où les "valides" sont les victimes des situations. C'est drôle. Mais c'est aussi émouvant. Car derrière le handicap, il y a aussi de la vie, de l'amour et de la tendresse. Il suffit de regarder l'émission « Les rencontres du Papotin », sur France 2 depuis quelques mois. Des personnes souffrant de trouble du spectre autistique interrogent des célébrités, avec audace, et même dernièrement Emmanuel Macron, le président de la République. Toutefois, il est dommage de constater que notre société moderne reste encore frileuse face à ces personnalités. Il n'y a qu'à voir comment Artus a rencontré des difficultés pour boucler son budget cinématographique et à trouver les bons producteurs... Ce succès, c'est donc le sien. Mais à travers lui, celui aussi de toute une profession, de tous les personnels des structures d'accompagnement des personnes en situation de handicap mental en France, en première ligne au quotidien. Y compris, on s'en souvient, pendant le covid où les résidents d'établissement n'avaient plus la capacité à voir physiquement leur famille. Ce film souffle donc un vrai vent de fraîcheur. Et redonne aussi le sourire.