Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 17.11.2021 - stephanie-marin - 3 min  - vu 235 fois

GARD Vent debout pour défendre l'élevage de plein-air

Des membres de la Confédération paysanne du Gard ont été reçus en préfecture ce mercredi 17 novembre. (Photo : S.Ma/ObjectifGard)

Le 30 septembre dernier, le ministère de l’Agriculture et de l'Alimentation publiait deux arrêtés renforçant les mesures de prévention contre l’influenza aviaire. Des mesures qui selon la Confédération paysanne du Gard menacent les élevages de plein-air et trompent le consommateur.

La France avait déjà relevé le 10 septembre le niveau de risque de "négligeable" à "modéré" sur l'ensemble du territoire métropolitain face à la progression du virus de l’influenza aviaire en Europe, il est désormais passé au niveau "élevé". Dans ce contexte, et ce dès le 30 septembre dernier, le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation publiait deux arrêtés visant à renforcer les mesures de prévention.

Le premier arrêté définit les parties du territoire métropolitain au sein desquelles le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène a une forte probabilité de se propager d’un élevage à un autre, en cas d’introduction. Ces zones appelées « zones à risque de diffusion » sont concentrées dans l'ouest du pays. Le second définit quant à lui les mesures de prévention à respecter dans les établissements détenant des volailles ou des oiseaux captifs, sur la base d’une analyse de risques (audit biosécurité). Les flux migratoires importants observés particulièrement dans tout le secteur de la Camargue, place le département en zone à risque.

Ce mercredi, des membres de la Confédération paysanne du Gard soutenus par la conseillère régionale Aurélie Genolher, se sont réunis devant la préfecture du Gard à Nîmes pour dénoncer le renforcement des mesures de prévention contre la grippe aviaire, qui selon eux menace l'élevage en plein-air. (Photo : S.Ma/ObjectifGard)

"Ces mesures imposent une claustration des animaux de plein-air pendant une période très large, de cinq à sept mois dans l'année, dénonce Paul Ferté, porte-parole de la Confédération paysanne du Gard. Nous voulons que nos éleveurs produisent de bons produits, du plein-air et c'est ce que revendiquent aussi les consommateurs, ce qu'ils recherchent. Mais au final, on aura des oeufs portant l'inscription "plein-air" alors que les poules n'auront pas vu l'extérieur. Et ça, on n'en veut pas. D'autant que les éleveurs suivent un protocole sanitaire strict." Répondant à un appel à la mobilisation national, des membres gardois du syndicat agricole - soutenus par la conseillère régionale déléguée à l'agriculture biologique et au bien-être animal, Aurélie Genolher - se sont réunis devant la préfecture du Gard.

"Le problème vient de la filière agro-industrielle"

Parmi eux, David Desvernes, 42 ans, secrétaire général de la Confédération paysanne du Gard, maraîcher et éleveur de volailles sur la commune de Beauvoisin. Labellisé bio, son élevage est autorisé à sortir de son bâtiment mais avec la contrainte d'une surface maximale de 50cm2 par volaille contre 4m2 auparavant. "C'est une aberration. Le problème vient de la filière agro-industrielle, c'est le flux des animaux provenant des pays étrangers qui diffuse le virus en France, pas les oiseaux migrateurs. Un oiseau migrateur qui a la grippe aviaire ne vole pas, il reste dans son nid et n'a donc aucune raison de contaminer nos parcours et nos volailles. Et dans le Gard, depuis qu'il y a la grippe aviaire, il n'y a jamais eu de cas."

Et pourtant, dans le Gard comme ailleurs en France, les éleveurs sont contraints à enfermer leurs bêtes. Un enfermement qui provoque des changements de comportement pour les volailles : stress, agressivité. Quant aux oeufs, leur quantité et qualité gustative sont moindres et leur fragilité supérieure. "Donc on aura plus de perte et à terme, on ne va pas s'y retrouver financièrement. Mais au-delà de cela, si nous enfermons nos volailles, quel sens a notre métier ?", interroge David Desvernes.

À ses côtés, Christine Rivière, 51 ans, partage ses inquiétudes et craint pour la viabilité de sa ferme. Son élevage de poules pondeuses bio est installé à Cardet. "Ça risque d'être dramatique, ça risque d'être la fin de ma ferme. J'ai déjà appliqué les mesures l'an dernier et j'ai eu du mal à m'en remettre parce que les poules sont tombées malades, j'ai eu un taux de mortalité important. C'est plus risqué pour moi d'enfermer les poules, surtout avec un tout petit élevage comme le mien, de 249 bêtes. Et puis, c'est mentir à mes clients, moi qui ne fais que de la vente directe."

Des membres de la Confédération paysanne du Gard ont été reçus en fin de matinée en préfecture, par le directeur du service départemental de la protection des populations, Claude Colardelle. "Nous avons pu faire part de nos revendications et espérons qu'elles remonteront jusqu'au ministère. Nous nous sommes sentis écoutés", souligne Paul Ferté. Reste à savoir si suite à cette mobilisation nationale, le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation lâchera un peu du lest.

Stéphanie Marin 

Stéphanie Marin

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