HOMMAGE Gérard Moschini artiste nîmois intègre et passionné par l'édition de qualité
Il est décédé à l'âge de 74 ans voilà quelques jours. Rien à voir avec le Coronavirus mais la perte d'une telle figure en cette période laisse une émotion intense à Nîmes comme ailleurs.
Pour l'adjoint à la culture de la ville de Nîmes, Daniel Jean Valade, " Gérard Moschini était un ami de longue date. Son père était photographe et avait son magasin à côté de la porte Auguste. Son frère est aussi photographe. " Gérard Moschini fut professeur aux Beaux-Arts de Nîmes mais surtout à Valence et son fils est passé par cette même école nîmoise.
" Gérard avait épousé une amie pianiste et professeur au Conservatoire de Nîmes, Geneviève. Ils habitaient au-dessus des Trois Maures, face aux arènes et de cela il a tiré une belle série d’œuvres qui mettait en scène les arches de l'édifice romain. Chez lui, l'édition de ses œuvres était toujours parfaite car il attachait de l'importance à ce détail. Cette vision des arches au fil du temps, un peu comme ce que Monet avait fait pour la cathédrale de Rouen, était magnifique, sur carton ondulé et fait avec beaucoup de soin " poursuit Daniel Jean Valade.
L'art jusqu'au bout des doigts
Mais Gérard Moschini était aussi un amoureux du Mexique. La Ville lui avait par ailleurs donné une subvention pour une exposition sur cette thématique. Elle s'est déroulée à la Chapelle des Jésuites et on pouvait y trouver sa réflexion sur le passé de ce pays et sur son attachement à la mort.
Daniel Jean Valade le dit sans ambages, Nîmes a perdu un personnage important de son histoire artistique moderne." Il avait aussi une certaine vision naturaliste. Il habitait en garrigue et avait un peu bougé contre les obligations de débroussaillage mais c'était un homme dynamique et intéressant. Ça m'a surpris d'entendre qu'il était décédé... C'était un bel artiste inspiré, intelligent, créatif et attentif. Le contenant était très important à ses yeux. "
Un grand qui disparaît
Stéphane Kochoyan, pianiste de jazz et directeur artistique de la belle association Jazz 70 à Nîmes pense la même chose. " Il faisait partie des artistes qui ont fait de Nîmes ce qu'elle est, une ville d'art. Comme les Viallat, Clément ou Duport, chacun avec sa personnalité. Gérard était discret, dans le jazz, on pourrait le comparer à Bill Evans, quand il était le sideman de Miles Davis. Il n'était pas devant mais il était indispensable au processus de création. "
Un Nîmois qui n'est, une fois encore, pas reconnu à sa juste valeur et dont on fait l'éloge... Trop tard. " Je suis très touché par sa disparition, je connais toute sa famille. Une belle et grande famille d'artistes. De Gérard, j'ai quelques œuvres, il était compétent, intègre et son niveau d'artisan créateur était très important. Il avait aussi une grande qualité, celle de la transmission avec l'école des Beaux-Arts. Toujours humble, doux, il savait parler de musique et on se croisait souvent dans un concert de jazz. On pouvait échanger sur de nombreux sujets, il avait un réel sens de l'ouverture " ajoute Stéphane Kochoyan.
Assurant que Gérard Moschini n'était pas un artiste de quantité mais de qualité, qu'il ne voulait pas être le premier ou juste à la mode, Stéphane Kochoyan conclut, " Son travail était sans compromission, soigné et original, il allait jusqu'au bout. Je ne suis pas un grand spécialiste de l'art, c'est un ressenti sur l'homme que je connaissais et l'artiste que j'appréciais. "