Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 12.12.2015 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 579 fois

LES SPÉCIALISTES Cinéma le Sémaphore : Jean Sylvain Minssen, "que les gens se rassurent, on ne fera pas de popcorn."

Salle de cinéma du Sémaphore à Nîmes. DR

Minssen Jean Sylvain est en poste au cinéma le Sémaphore depuis 1988. Depuis le départ d'Alain Nouaille, il est le nouveau directeur et programmateur. Confronté à une concurrence de plus en plus rude, il fait le pari du renouveau sans perdre l'authenticité de ce lieu emblématique. Interview.

Objectif Gard. Vous êtes le nouveau directeur du Sémaphore depuis samedi dernier. À quelles problématiques ce cinéma est-il confronté à l'heure actuelle ?

Jean-Sylvain Minssen. Celle qui me préoccupe, c'est de faire revenir les jeunes dans nos salles. Quand on a commencé il y a quelques années, il y avait moins de film. Et puis avec l'arrivée d'internet illimitée, le streaming et le téléchargement, les jeunes ont modifier leur mode de consommation de l'image. Maintenant, ils peuvent regarder un film pendant une heure, le mettre sur pause pour répondre au téléphone, aller à un rendez-vous et reprendre la lecture plus tard. Il faut les recanaliser, les inciter à retourner dans les salles, dans le noir, pour voir un film du début à la fin. Le Sémaphore est un peu catégorisé cinéma intello', il faut faire évoluer la communication, rajeunir l'image par la programmation, c'est un des axes de travail.

Un multiplexe vient d'ouvrir à Alès, Cap'cinéma au Triangle de la Gare à Nîmes est en cours de construction. Cela va t-il influer sur le taux de fréquentation de votre cinéma ?

Sur certains films oui, malheureusement on sait que par expérience la multiplication des Multiplexes ne multiplie pas le nombre de films à diffuser. Par contre, les films phares multiplient leurs copies. Le nouveau Star Wars devait sortir dans deux salles à Nîmes, finalement il sortira dans trois salles. Pour Alès, bien évidemment le film sortira dans le nouveau Multiplexe, mais est-ce qu'il sera en meilleur qualité que dans la salle des Arcades, je ne sais pas. Pour exemple, sur un film comme L'Hermine qui est aussi diffusé au Kinépolis, Cap'Cinéma le demandera également, donc on sera trois au lieu de deux. L'ouverture d'un cinéma provoque une augmentation du nombre d'entrée, mais ce n'est pas exponentiel.

Comment survivre fasse à ces grands groupes et leurs moyens colossaux ?

En travaillant plus sur la diversité, en trouvant des nouvelles soirées thématiques, avec un accueil irréprochable, ou en augmentant le prix des places. On est quand même le cinéma le moins cher de la ville alors que l'on fonctionne sans publicité ni recettes annexes de confiserie. Mais que les gens se rassurent, on ne fera pas du popcorn.

Le Sémaphore restera t-il un cinéma indépendant et alternatif ?

Bien sûr. Le nouveau gérant Martin Bidou s'est engagé samedi dernier, en présence du maire et de l'adjoint à la culture pour que le Sémaphore maintienne sa ligne éditoriale, et j'en suis aussi garant. Il y aura des modifications, mais seulement au niveau de la structure. On ne va pas se mettre à diffuser Star Wars du jour au lendemain, on n'est pas sur ce créneau. Le 29 décembre, on fait une seule séance de Spectre, le nouveau James Bond, en version originale. On verra ce que cela donne. Ça peut être un angle d'attaque pour changer notre image de marque. Idem pour Star Wars, une séance en version originale en février est possible. Mais qu'une seule. Remplir une salle avec un James Bond sur dix jours si c'est pour perdre des films de notre politique de programmation, le jeu n'en vaut pas la chandelle.

Propos recueillis par Baptiste Manzinali

Baptiste Manzinali

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