L'INTERVIEW Olivier Donate, directeur général de l'Unapei 30 : "Aujourd'hui, on a des métiers en-dessous du Smic"
Une petite centaine de personne du collectif "Ségur pour tous" était mobilisée devant les locaux de l'ARS Occitanie pour faire entendre leur voix sur les problématiques rencontrées dans leur secteur du médico-social.
Objectif Gard : Qu'est-ce qui vous a poussé à vous mobiliser aujourd'hui ?
Olivier Donate : Nous représentons le secteur associatif qui oeuvre dans le champ médico-social et le champ du handicap mental. Notre secteur est confronté à des problématiques importantes qui se sont accentuées avec la Covid. Depuis trois ans, on a eu une multiplication par quatre des démissions et on a de plus en plus de mal à attirer des gens pour travailler sur nos métiers. Si on n'agit pas pour régler ces problèmes d'attractivité, on va droit dans le mur, comment on pourra accompagner les personnes qui en ont besoin ?
Comment redonner l'envie aux gens de travailler dans ce secteur ?
Il y en a certainement plusieurs qui se cumulent. Déjà, il faut qu'on intervienne dans les écoles et les lieux de formation pour mieux faire connaître nos métiers, c'est un premier niveau qui portera ses fruits avec le temps. Mais il faut aussi impérativement travailler sur la question de la rémunération des métiers parce qu'elles sont trop basses, c'est d'autant plus criant dans un contexte d'inflation. Aujourd'hui on a des métiers qui sont en-dessous du Smic, ce n'est pas acceptable. Il faut aussi dire que le Gouvernement pendant le Covid a obligé tout le monde à être vacciné quelque soit les métiers, sans quoi on aurait été suspendu sans rémunération. Quand est venu le temps du Ségur, venu gratifier ceux qui ont fait des efforts pendant le Covid, on a découvert que certains n'étaient plus des soignants, certains métiers administratifs et logistiques avaient été mis de côté, vous imaginez l'ambiance de travail ? Ça a créé des tiraillements et des démotivations en interne. C'est injuste, on se bat pour que tous nos métiers bénéficient du Ségur.
Vous avez été reçus par l'ARS hier, mercredi, qu'est-ce qui a été dit ?
Globalement on leur a fait part de ce que je vous ai évoqué tout à l'heure, en leur donnant des exemples concrets et précis pour qu'ils aient des éléments de terrain. Ils comprennent tout à fait ce que l'on dit, même si c'est pas l'ARS du Gard qui prend les décisions. Toutefois, ils peuvent faire remonter l'information, notre premier objectif c'est que ça arrive aux oreilles du secteur région, qui pourra faire remonter ces éléments dans des réunions jusqu'au national. L'ARS nous a aussi fait part du nouveau projet régional de santé. Celui-ci serait de redonner de l'attractivité à ces métiers, en lien avec des formations. On leur a expliqué que cela ne suffirait pas si cela n'était pas complémentaire à des décisions nationales sur des questions telles que la rémunération.
Avez-vous prévu d'autres actions prochainement ?
Dans le cadre du collectif "Ségur pour tous", on met de plus en plus de pression au niveau de nos fédérations qui négocient en direct avec le Gouvernement sur les conventions collectives entre autres. On se rend compte que lorsqu'on se mobilise on arrive à faire un peu pression. La suite pour demain dépendra de la façon dont le Gouvernement entendra nos messages et arrivera à les traduire par des décisions. Si rien ne se passe, on continuera à se mobiliser de plus en plus, on est déterminé à ne pas rentrer dans le mur sans rien faire.