PONT-SAINT-ESPRIT Le maire fait le SAV du PLU et s’explique sur son terrain
« C’est le Plan Local des Usuriers ! » La formule avait été lancée par l’ancien maire Gilbert Baumet pour qualifier le nouveau Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la ville, adopté lors du dernier conseil municipal.
Au passage, Gilbert Baumet avait mis en cause directement le maire Roger Castillon, propriétaire d’un terrain sur une des nouvelles Opérations d’Aménagement Programmé (OAP), et qui avait donc quitté la salle lors de la délibération.
Mise au point du maire
Roger Castillon a donc souhaité faire une mise au point hier en mairie. Oui, il est « propriétaire d’un terrain de 9 500 mètres carrés », mais non il n’a « nullement participé à la création de cette OAP, à côté d’un terrain déjà en cours de construction. Quand j’ai su que le bureau d’études allait soumettre ça, je n’ai jamais participé aux discussions qui concernaient un terrain qui m’appartient. »
Et l’adjoint à l’urbanisme René Lamarre de rajouter que ce terrain « a toujours été constructible. » Idem, il « n’a fait l’objet d’aucune viabilisation avec de l’argent public, affirme le maire. Les réseaux y sont et devaient être repris depuis 2007, il y a eu une mise en demeure du préfet restée lettre morte (…) Entre 2007 et 2011, M. Baumet avait largement le temps d’y faire face, mais il a préféré faire des feux d’artifices. »
Au passage, Roger Castillon qualifie son prédécesseur d’« épiphénomène conjoncturel de la politique qui ne traite pas les sujets de fond. » Le fond, parlons-en, justement : sur la question des terrains qui seraient devenus inconstructibles dans les quartiers de Saint-Pancrace et de la Mirandole, l’édile affirme qu’il n’avait pas le choix.
« On n’a pas pu faire autrement »
« Ce PLU prend en compte les contraintes environnementales, il doit respecter les zones naturelles, une autour de la Blache, une autre à la Mirandole, qui a toujours été en zone naturelle, note-t-il. Malheureusement elle est déjà beaucoup construite, et les services de l’Etat ont dit qu’il fallait préserver ce qui est naturel dans cette zone naturelle. C’est la même chose sur les flancs est de Saint-Pancrace. » « On n’a pas pu faire autrement », regrette René Lamarre.
Pour autant, Roger Castillon affirme que « c’était un des points compliqués, on comprend les habitants », dont certains ont crié leur colère lors du dernier conseil municipal. « On leur a fait croire que c’étaient des terrains constructibles, mais la Mirandole et Saint-Pancrace sont en zone naturelle depuis le début, depuis le Plan d’Occupation des Sols (POS, ndlr) qui date de 1980 », appuie René Lamarre.
« Il y aura des contestations »
En tout, le PLU « prévoit la restitution de 78 hectares au milieu naturel et agricole », compte Roger Castillon, et seuls « 32 % des zones naturelles-bâties de l’ancien POS ont été transformées en zones naturelles », et donc dorénavant inconstructibles.
Sur un plan plus global, le PLU prévoit une population de 12 000 habitants à l’horizon 2025. Le maire explique qu’« on ne peut pas faire plus à cause des contraintes d’eau et d’assainissement, le réseau est dans un état déplorable. »
Le PLU reviendra très vite devant le conseil municipal, puisqu’il devra prendre en compte une nouvelle loi adoptée depuis. En attendant, il peut être contesté devant le tribunal administratif pendant deux mois, et le maire le sait, « il y aura des contestations. »
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La réaction de l’élu d’opposition UDI Valère Segal : « Il s’avère que le seul fait de sortir de la délibération ne lève en rien le conflit d’intérêt. En effet il a été partie prenante de toutes les étapes du PLU, participant à son élaboration de A à Z, participant aux réunions publiques. Il a même reçu de nombreux administrés pour leurs expliquer que leur terrain devenait non constructible (…) Il sera bien à mal de prouver que aucune instruction de sa part n’a portée sur le PLU. »
Thierry ALLARD