SAINT-JEAN-DU-GARD Maison Rouge transformée en bouletière pour le week-end
Le 21e salon du champignon de la société mycologique d'Alès (présidée par la pharmacienne de formation, Vanessa Bozec) se tient ces samedi et dimanche au musée Maison Rouge. Des milliers de champignons frais exposés, des astuces pour les reconnaître, et des personnes ressources pour les distinguer.
Normalement organisé tous les deux ans, le salon du champignon alésien a connu une longue période de disette durant la période Covid. Une période où il a fallu parfois jongler pour s'adonner à sa passion, la cueillette en forêt. Si la majorité des cueilleurs sont "mycophages" - c'est-à-dire qu'ils cherchent avant tout les champignons pour leurs qualités gustatives - ce n'est pas toujours le cas des passionnés des sociétés mycologiques.
"Une fois que vous mettez le doigt là-dedans, vous n'en sortez plus"
Avec 45 ans de passion derrière lui, François Desprès est de ceux-là. Avec un nom dont l'orthographe est déjà une forme de contrepied - avec un accent grave où on attendrait un accent aigu - l'homme est un passionné et un puits de connaissance qui répète qu'il lui reste tout à apprendre. Un conseil, allez le voir pour connaître la fiche d'identité complète de votre champignon. mais ne lui demandez pas s'il est comestible, il ne vous laissera que le nom scientifique comme indice. "J'ai commencé à m'y intéresser parce que j'ai horreur de ne pas nommer les choses. C'est sans doute une maladie, ironise le mycologue. Mais une fois que vous mettez le doigt là-dedans, vous n'en sortez plus."
En cette veille de manifestation, c'est lui qui ôte les doutes sur les variétés exposées avant que les panneaux ne soient garnis de leur nom. "On commence à s'intéresser aux arbres, puis aux plantes, puis aux champignons. Bon, moi je suis passé directement des arbres aux champignons, sourit François Desprès. C'est fascinant : parfois, vous allez sur un site où on vous a indiqué un champignon intéressant. Sur place, vous ne le trouvez pas mais, tout proche, il y aura une autre espèce que personne n'avait encore observé en France."
Car les spores s'importent parfois, enseigne François Desprès. Lui garde en mémoire l'histoire de deux familles de phallacées (champignons en forme de phallus). L'une, originaire d'Australie, a été observée en grande quantité du côté de Raon-L'Étape, dans les Vosges, près d'une usine de filature où serait passée de la laine australienne dans les années 1920. L'autre famille provient d'Indonésie et aurait été apportée par des commerçants néerlandais.
Si les voyages donnent lieu à l'apparition de nouveaux champignons, ce n'est pas encore le cas du réchauffement climatique, d'après ce passionné. Qui refuse le terme de professionnel malgré la masse de ses connaissances. Et préfère la jouer modeste : "Comme je ne connais pas tous les champignons, je continue à explorer."
Si vous l'appréhendez doucement, ils vous parlera de son chouchou, le tricholome prétentieux. Et on vous dévoile un secret : contrairement à ce qu'il clame, il aime aussi les champignons pour leur goût. Proposez lui une souquarelle, vous verrez sans doute son oeil briller.
François Desmeures
francois.desmeures@objectifgard.com
Samedi 5 et dimanche 6 novembre, entrée gratuite, de 10h à 18h, pour le salon du champignon, à Maison Rouge. Samedi 5, à 11h, conférence : "L'intelligence évolutive des champignons", par Didier Borgarino. Dimanche 6, à 11h, conférence de René Foucher : "Comment consommer les bons champignons, principales recommandations et risques de confusion". À 14h30, "Usage ancien et actuels de l'amanite tue-mouches", par Natasia Camberoque.