VINS Vers un millésime 2018 « pas mal » dans le Gard
« On vit avec la nature », rappelle en préambule Jean-Claude Chinieu, vigneron bio avec sa fille Céline à Bagnols, au Domaine de Lindas. Un rappel utile d’un vigneron expérimenté, qui est dans sa cinquantième année de métier, au moment de se remémorer ce qu’a été le printemps dernier.
Le mildiou, cauchemar du printemps
Un printemps marqué par un champignon parasite dont la simple évocation du nom fait frissonner chaque vigneron : le mildiou. Le printemps pluvieux, avec notamment un mois de mai exceptionnel sur ce plan, ont déroulé un véritable tapis rouge au mildiou dans les vignes du Gard. « On a eu énormément de pression mildiou dans les vignobles, et il nous a fallu de nombreux passages pour les traiter », explique Michel Souchon, président de la cave de Durfort et de l’appellation Duché d’Uzès. Des traitements au cuivre, entre autres, ont donc été nécessaires pour sauver les récoltes, qui peuvent être entièrement ravagées en un rien de temps par le parasite.
De quoi donner du travail supplémentaires aux vignerons : « il ne fallait pas s’endormir cette année, je n’ai jamais vu ça depuis mes débuts en 1982 », poursuit Michel Souchon. Une tannée, d’autant plus en bio, où les traitements se limitent au cuivre et au souffre, comme le rappelle Jean-Claude Chinieu : « pour nous ça a été très difficile, on a dû traiter huit fois en mai, mais notre expérience du black rot (un autre champignon parasite, ndlr) en 2015 nous a bien servi et a permis de sauver l’essentiel de la récolte. »
Les vendanges ne vont plus tarder
À part le mildiou, tout va plutôt bien dans les vignobles gardois, qui se préparent gentiment à vendanger des raisins qui auront « des baies plus grosses, précise Louis Lefebvre, du domaine Lefebvre d’Anselme, à Sabran. Le mois de mai a été très froid, on a perdu un peu de temps, mais on peut avoir plus de sucre. » Le printemps humide a, et c’est un mal pour un bien, permis aux vignes de bien supporter la canicule qui a suivi. Il fallait juste la fameuse « pluie bénie du 15 août », comme l’appelle Jean-Claude Chinieu, finalement tombée en très grande quantité le 9 à l’occasion de l’épisode orageux. « La pluie est bienvenue et nous permet d’arriver sur une maturité intéressante, sans craindre la sécheresse », ajoute Michel Souchon, pour qui « le millésime s’annonce pas mal, même si on n’est pas encore à l’abri des sautes climatiques. »
À Sabran, Louis Lefebvre compte démarrer les vendanges « entre le 15 et le 20 août. » Du côté de Durfort, ce sera « très certainement avant la fin août pour les chardonnay, et les autres cépages suivront. » Enfin, à Bagnols « la date n’est pas arrêtée, tempère Jean-Claude Chinieu, mais ce devrait être autour du 3 septembre pour les syrah. »
Restera à voir ce que vaudra ce millésime 2018, mais pas tout de suite : « le qualitatif c’est fin août, début septembre qu’il se fait, affirme Louis Lefebvre. C’est encore trop tôt. »
Thierry ALLARD