Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 28.06.2024 - Marie Meunier - 2 min  - vu 365 fois

AVIGNON La poésie de Miss.Tic s'expose au Palais des papes

La curatrice, Camille Lévy-Sarfati, devant la campagne Miss.Tic présidente.

- photo Marie Meunier

Les aphorismes percutants et les silhouettes féminines peintes au pochoir par Miss.Tic prennent place dans le Palais des papes à Avignon. Après Éva Jospin en 2023, le monument accueille une exposition dédiée à cette pionnière du street art, décédée en 2022. 

La curatrice Camille Lévy-Sarfati, Cécile Helle maire d'Avignon et Marc Simeliere, président d'Avignon Tourisme. • photo Marie Meunier

"Cette exposition tombe bien, la culture doit être revendicative et porteuse de sens", clame Cécile Helle, le maire d'Avignon, faisant référence au contexte politique bouillonnant de ces derniers jours. La première magistrate était au Palais des papes pour découvrir la nouvelle exposition du monument qui réunit environ 300 œuvres et traces signées Miss.Tic. Radhia Aounallah de son vrai nom. Cette artiste engagée, née en 1956 et décédée en 2022, fut l'une des figures emblématiques du street art. Dans les années 80, elle s'inscrivit dans le mouvement des pochoiristes. Elle était l'une des seules femmes à aller bomber. 

L'exposition sur Miss.Tic sera visible jusqu'en janvier 2025.  • photo Marie Meunier

Depuis le 27 juin et jusqu'au 5 janvier, son travail ne sera pas visible à ciel ouvert mais au cœur du monument gothique de la cité des papes. Deux univers radicalement différents mais qui se marient pour quelques mois et qui s'étaient déjà bien accordés en 2019 lors de l'évènement autour d'Ernest Pignon-Ernest. L'exposition est divisée en trois mouvements, des débuts souvent illicites de Miss.Tic dans la rue jusqu'au choix du légal, après 1999 et son procès pour "détérioration d'un bien par inscription, signe ou dessin". La dernière partie explorera tout le processus de création propre à l'artiste. Les visiteurs pourront même voir son atelier situé dans le 13e arrondissement de Paris, tel qu'il était avec ses meubles, ses aérosols, ses croquis, sa radio. Son travail y transparaît presque comme laborieux, voire ritualisé. 

La campagne Miss.Tic président s'affiche 

Cette exposition a pu voir le jour grâce à la curatrice Camille Lévy-Sarfati, aux proches de l'artiste et à la Ville. Au fil de la visite, on découvre l'œuvre de cette artiste dont la vie a été émaillée de drames. À commencer par la perte de de sa mère, son frère et sa grand-mère dans un accident de voiture. Miss.Tic en sortira avec un handicap à la main droite. Cela ne l'empêchera pas de choisir le pochoir comme mode d'expression. Après un long travail de préparation, elle arpente la ville la nuit et façonne l'urbain selon sa vision. Son trait se distingue et interpelle. Sa démarche place le corps, l'identité de femme, sa force érotique au cœur de l'espace public. À travers les dessins et les aphorismes de Miss.Tic, on devine la poétesse et la femme de lettres qu'elle était. 

La série "Femmes de l'être".  • photo Marie Meunier

Elle a d'ailleurs réalisé toute une série sur les "femmes de l'être" en 2011 pour rendre hommage aux écrivaines irrévérencieuses, en apposant sur des pages de leurs ouvrages ses aphorismes. Miss.Tic s'est aussi amusée à détourner des slogans publicitaires de manière humoristique. En cette période d'effusion électorale, le public pourra apprécier la campagne "Miss.Tic présidente" qu'elle avait débuté en 1988, lors des présidentielles déjà marquées par la montée de l'extrême-droite. Elle l'a reproduit jusqu'en 2017, avec des formes et des supports différents. On doit aussi à cette artiste la série "Muses et hommes" où elle met à sa sauce des tableaux de peintres classiques où la muse est l'objet du regard masculin. 

Une partie de la campagne Miss.Tic présidente.  • photo Marie Meunier

Exposition "À la vie, à l’amor de l’artiste Miss.Tic", visible jusqu'au 5 janvier 2025, au palais des papes. Plus d'informations en cliquant ici. 

Marie Meunier

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