FAIT DU SOIR Sans surprise, Clara Dupont-Monod rafle le Cabri d'Or
Ce mardi 15 novembre, depuis la salle des États du Languedoc de l’hôtel de ville d’Alès, les parents de Clara Dupont-Monod se sont vu remettre le 36e Cabri d’Or en l’absence de la romancière, retenue à Paris pour une obligation professionnelle. Les membres du jury n’ont eu aucun mal à désigner « à l’unanimité » le roman « exceptionnel » S’adapter, déjà lauréat du Goncourt des lycéens 2021, entre autres.
Le 7 septembre dernier, alors qu’ils présentaient les ouvrages en lice pour la 36e édition du Cabri d’Or, les organisateurs du prix littéraire cévenol avaient déjà quelque peu tué le suspense. De l’avis de l’éditrice Marion Mazauric, présidente du jury, qui venait d’engloutir les neuf bouquins en compétition, le roman S’adapter de Clara Dupond-Monod paraissait « hors catégorie ». Directeur de la librairie Sauramps et membre du comité de lecture, Éric-Michel Tolosini était tout aussi dithyrambique au sujet de cet ouvrage déjà primé (Goncourt des lycéens 2021 et Prix Fémina, entre autres) : « Clara Dupont-Monod a vraiment écrit un très bon livre qui respecte parfaitement le cahier des charges. J’ai rarement lu un ouvrage écrit avec autant de finesse au sujet des Cévennes ! »
À l’heure où le Cabri d’Or retrouve ses lettres de noblesse, Christophe Rivenq, président d’Alès Agglo, n’a pas hésité à le rebaptiser en « Goncourt des Cévennes ». Car ce sont ces mêmes Cévennes qui « inspirent des écrivains » depuis des décennies. Parée de son habit de lumière, Marion Mazauric s’est félicitée de présider un prix qui, « depuis douze ans, n’a pas cessé de révéler des auteurs qui ont de belles carrières ensuite. » Avec S’adapter, celle de Clara Dupond-Monod est peut-être à son apogée. Décrit par la plupart des membres du jury du Cabri d’Or comme un roman « exceptionnel », il serait « la peau des Cévennes » d’après la présidente qui est peut-être celle qui en parle le mieux. « Dans ce livre, ce sont les pierres qui parlent. Elles racontent l’arrivée d’un enfant inadapté dans une famille cévenole qui a dû s’adapter. C’est un livre d’une grande pudeur où la nature est présente à chaque instant. Pour le Cabri d’Or, il était impossible d’imaginer l’histoire des lauréats sans ce titre », s’est-elle fendue au micro.
Deux mois plus tard, sans surprise, et ce malgré « la qualité » des autres livres en compétition qui ont composé « un cru important », l’écrivaine de 49 ans inscrit une nouvelle ligne à son palmarès en raflant le 36e Cabri d’Or, présenté ce mardi matin par Max Roustan, maire d’Alès, comme un « fabuleux prix », « le plus doté de France » (5 000 euros pour le lauréat, NDLR) grâce à un financement d’Alès Agglomération. « Ça fait des mois et des mois qu’on travaille, qu’on lit les ouvrages, qu’on les relit. Le jury s’est même réuni trois fois », a assuré Alain Bensakoun, président de l’Académie cévenole qui a récupéré en 2010 l’organisation d’un prix alors tombé en désuétude. Et ce dernier d’ajouter : « Ce prix monte en puissance et couronne encore une fois un grand éditeur (Stock, NDLR). »
Absente ce mardi matin lors de la remise du prix dans la salle des États du Languedoc contrairement à ce qu’exige le règlement, la romancière qui vient « souvent en Cévennes » a fait une petite entorse à la règle en invitant ses parents, établis à Valleraugue, à la représenter. Émus bien que désormais rompus au succès de leur fille, ces derniers n’ont eu qu’à poser leur regard sur le mur rétroprojetant l’appel en visio de l’écrivaine qui, en direct depuis Paris où elle venait de participer à une émission sur les ondes de France Inter, délivrait des remerciements appuyés. « J’ai juste apporté ma pierre en essayant de construire le petit édifice littéraire que les Cévennes méritent », a-t-elle soufflé, avant d’être chaudement applaudie par une assistance fournie qui attend sa venue dans la capitale des Cévennes avec impatience. Une séance de dédicaces de l’auteure est en effet espérée dans le courant du mois de décembre dans un lieu qui reste à déterminer.
Un dictionnaire en trois tomes sur "Alais"
Le nouvel ouvrage de Bernard de Fréminville ne figurait pas parmi les livres en compétitions au titre du Cabri d’Or ce mardi matin, mais le dernier nommé, présent dans la salle des états du Languedoc, a bénéficié d’une mise en lumière assurée par Christophe Rivenq en personne. L’écrivain d’origine bourguignonne, qui s’est épris des Cévennes depuis une dizaine d’années, vient d’accoucher d’un ouvrage baptisé « Alais », lequel, en trois tomes, retrace la vie alésienne du XIIe siècle à 1926, année où la commune d’Alais devenait Alès. Ce dictionnaire encyclopédique, préfacé par Alain Bensakoun, président de l’Académie cévenole, est le fruit de huit ans de recherches et d’écriture pour celui qui, en 2016, en a fait de même avec la cité anduzienne. « C’est une chance inouïe pour Alès », a savouré le président d’Alès Agglo. L’ouvrage en trois tomes peut d’ores-et-déjà se précommander à la librairie Sauramps au prix de 60 euros.