GARD Quatre expositions pour un Lilian pas comme les autres !
Le peintre nîmois Lilian Euzéby, qui partage son temps entre Nîmes et Paris et dont l’atelier se trouve à Russan, proposera quatre expositions dans notre région dans le courant de l’été.
Personnalité connue pour sa liberté de ton dans un monde de l’art de plus en plus étriqué par le dogmatisme de la bien-pensance, Lilian Euzéby continue de travailler à sa manière et il présente des expositions au prieuré du Pont Saint Nicolas (entre Nîmes et Uzès), à Russan dans la petite mais néanmoins célèbre Maison Euzéby, à Arles à la galerie Sinibaldi et à Montpellier à la galerie Agnès B.
Depuis 2018, il travaille sur une série de très grands formats dans lesquels, le peintre a détaillé les grands monuments romains de notre région.
Lorsque que l’on voit ce qu’il présente au Prieuré du Pont Saint Nicolas, on comprend ce qu’est la vraie peinture. Des toiles de sept mètres, où tout fut peint par une seule main et une dizaine de pinceaux plus ou moins anciens.
« Pour cette exposition, par exemple, pendant des mois, j’ai eu de la peinture des pieds jusqu’à la tête. Tous les jours, j’ai respiré le pigment sombre de la terre de Rome. J’ai travaillé tout l’hiver couché par terre dans un atelier sans fenêtres ni chauffage. Ce n’est pas de la peinture de vieilles dames. Ici nous ne sommes pas dans une petite boutique de loisir créatif. Ça fait 30 ans que j’étudie et que je regarde attentivement la peinture, ça fait trente ans que je disperse de la peinture avec cette même attention. C’est une vie. C’est une existence. La nuit et le jour », confie l’artiste en fumant un cigare.
« Je n’ai pas l’habitude de faire une peinture régionaliste. Ce n’est pas le sujet. En revanche, les civilisations grecques et romaines me fascinent depuis toujours. La peinture et la statuaire de cette époque ont toujours été une source d’inspiration. Les ruines et les spectres de pierres m’attirent. »
Les grandes toiles figuratives en question sont un hommage direct au peintre du XVIIIe siècle, Hubert Robert. Sa série sur les monuments antiques romains de notre région est installée au Musée du Louvre.
D’après des petites photos que Lilian Euzéby a captées lui-même avec son iPhone 5 directement aux pieds des monuments, comme le font les touristes, le peintre a donné vie à ces grandes toiles en les dessinant pierre par pierre puis à grands coups de pinceaux. Inspiré par sa lecture des tragédies antiques, Euzéby apporte à ses paysages architecturaux une atmosphère sacrée et obscure.
Ainsi la Maison Carrée, la Tour Magne, les Arènes, le Pont du Gard et petit clin d’œil à son village, le médiéval Pont Saint Nicolas, se profilent tels des apparitions au milieu d’un ciel sombre rempli de messages venus du jadis. Il pleut des étoiles, les augures sont nombreux.
Ce qui est perdu rayonne encore est le titre de la grande toile qui représente nos chères arènes nîmoise, Lilian Euzéby la commente ainsi : « L’immensité de pierres sous un ciel d’eau et de nuit semble seule témoin du transport des cendres latines. Le jadis travaille inlassablement. Il y a longtemps que les étoiles qui illuminent ne sont plus et pourtant leurs lumières éclairent toujours ma nuit. »
Car il s’agit ici d’eau et de nuit. En effet, la nuit est symbolisée par les pigments sombres et l’encre noire de l’écrit. Le peintre tire profit du passé. Son atelier est rempli de poussière avec laquelle il travaille. Une eau ancienne, tombée du ciel, sert de liant à sa peinture. Lilian Euzéby recycle tout. Rien ne se perd, tout se transforme, ses lectures mais aussi sa mémoire. Les formats sont immenses mais les détails sont précis, les textes et les inscriptions du peintre qui sont sa marque de fabrique parlent directement aux spectateurs attentifs.
L’univers de l’artiste est posé là avec toute l’évidence de ce ciel décideur et du temps qui passe au-dessus des monuments antiques qui nous sont si chers. On se retrouve saisi par la puissante évocation de la destinée céleste.
Les autres toiles monumentales s’intitulent Aucune nuit ne monte sans toi, L’esprit des rochers et l’ombre historique, Sur une poignée de sable, ce mystérieux rythme, ou encore Dans les soleils et dans les vents, l’immobilité parfaite.
Allez regarder ces peintures. Il faut voir ça en vrai ! Et en plus l’endroit est exceptionnel, l’écrin parfait pour une telle exposition. Les autres œuvres qui forment cette riche exposition sont tout autant puissantes. En particulier la série de photographies des Déesses ensevelies qui témoigne aussi de la grande sensibilité de l’artiste et de sa connaissance de la poésie antique. Par exemple cette Déesse implorant l’épaisseur de l’eau photographie datée de mai 2023.
Il faudra aussi aller à Russan, pour les quinze ans de la Maison Euzéby. À partir du 22 juillet, ce sont quinze artistes que Lilian Euzéby invite à exposer avec lui dans sa vieille baraque. Cet été, Claude Viallat présentera quelques nouvelles toiles avant sa grande exposition au Carré d’Art de Nîmes. Rudy Ricciotti, fidèle ami de Lilian Euzéby, sera aussi de la partie.
Quelques œuvres de Guy de Rougemont et de Jean-Michel Meurice seront montrées en guise d’hommage après leur récente disparition et leurs récentes rétrospectives dans différents musées. Anne Slacik, Clara Castagné et Jieun Kim présenteront pour la première fois leur travail dans la maison. Quelques dessins du surréaliste et ami d’André Breton, Georges Hugnet, hanteront les méandres de cet endroit insolite.
C’est au total une quinzaine d’artistes dont les œuvres seront montrées, cet été, à la Maison Euzéby. À Arles, en septembre, la Galerie Sinibaldi recevra un ensemble d’œuvres récentes de Euzéby. De la source du Rhône jusqu’à la mer, le peintre présentera le premier volet d’un travail commencé il y a très longtemps. Le cours du fleuve en est le sujet principal et avec lui toute la matière poétique qui en découle. Des photographies, des peintures, des dessins et une vidéo illustreront ce parcours sacré.
Ensuite à Montpellier, dans le bel écrin qu’est la galerie Agnès B, Lilian Euzéby clôturera cette série d’expositions méditerranéennes par une traversée de la mer antique. Lecteur d’Homère et des auteurs anciens, le peintre aime traiter les thèmes de la mythologie qui livrent enseignements et poésie à son travail. Les grandes peintures comme Les vivants et les dieux, Les molécules d’Icare et le triomphe de l’Azur seront quant à elles présentées avec beaucoup d’autres au 14 rue Foch à Montpellier.
Par delà le temps au Prieuré du pont Saint Nicolas, jusqu’au 17 septembre 2023. Ouvert du mardi au samedi de 14h à 20h. Entrée libre.
L’éclat de la clarté tombée, exposition de groupe à la Maison Euzéby à Russan (entre Nîmes et Uzès). Du 22 juillet au 2 septembre 2023. Maison Euzéby au 6 place de la fontaine, Russan, 30190 Sainte Anastasie.
L’éternel murmure du Rhône du samedi 2 septembre au samedi 30 septembre 2023 à la galerie Sinibaldi, 24 Rue de l'Hôtel de ville, 13 200 Arles.
Que voit mon regard disparu du 5 octobre au 11 novembre 2023 à la galerie Agnès B, 14 rue Foch à Montpellier.
Cet hiver, une exposition à Paris et la sortie d’un livre monographique viendront conclure une stimulante année 2023 pour l’artiste inclassable qu’est Lilian Euzéby. www.euzeby.me ou au 06.00.74.76.36. ou par mail à l.euzeby@yahoo.fr.