VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON Le festival Villeneuve en scène prend l’air pour son retour
Après une année de pause involontaire pour cause de crise sanitaire, le festival Villeneuve en scène, qui met à l’honneur les théâtres en itinérance, fera son retour du 9 au 21 juillet.
Le festival, « jardin du Festival d’Avignon », comme aime à le qualifier son directeur artistique Brice Albernhe reprend donc comme son grand frère, avec l’optique non pas de le concurrencer, mais de le compléter. À la rive droite l’effervescence, la multitude, les paillettes, à la rive gauche « l’oxygène, le plein-air, le côté champêtre et forain », décrit la présidente de la régie festivals et adjointe à la culture Savine Demarquette-Marchat.
Avec un point commun entre les deux, outre le spectacle vivant : l’envie quoi qu’il arrive de revenir cet été. « Nous avons pris la décision en tout début d’année d’offrir une programmation quelles que soient les contraintes sanitaires », rejoue la maire Pascale Bories. Brice Albernhe et ses équipes ont donc dû fournir un travail considérable et naviguer à vue pour monter cette 25e édition, qui comptera 147 représentations de 14 compagnies itinérantes venues avec 15 spectacles qui seront joués dans dix endroits en plein-air. Le plein-air, contexte sanitaire oblige.
Donc voilà, « ça y est, nous y sommes ! », lance Brice Albernhe sous une petite bruine mardi soir, à l’occasion de la présentation de cette édition. Une édition qui investira la cité cardinalice différemment, avec outre la plaine de l’Abbaye, les écoles ou encore les places publiques. Certaines compagnies programmées en 2020 seront de la partie, et après un rapide tour d’horizon de la programmation de ce vingt-cinquième millésime, on a le sentiment de ne jamais avoir quitté ce festival atypique et attachant.
Car on y retrouve ce qui fait la patte de Villeneuve en scène : une variété dans les propos, de l’ambition comme du minimalisme, différents genres de théâtre itinérant représentés, avec un fil conducteur, toujours, la poésie et la recherche du beau sous toutes ses formes. Le reflet de la vision de Brice Albernhe, jamais lassé de se laisser émerveiller par un spectacle, une proposition artistique.
Dans le détail, mais pas trop, et dans l’ordre souhaité par le directeur artistique, qui n’est pas celui du programme papier : « Véro 1ère, reine d’Angleterre », de la compagnie 26 000 Couverts, l’histoire d’une famille de forains, une mise en abîme du théâtre itinérant dans une pièce de théâtre itinérant, « dans un univers baroque, déjanté, fait de non-sens », commente Brice Albernhe. « Dans le détail », de la compagnie Propos du chorégraphe Denis Plassard, « un véritable Cluedo dansé », pose le directeur artistique. Il s’agit effet de trouver qui, parmi les sept danseurs qui vont danser sept fois d’affilée, a dansé exactement la même chorégraphie.
Direction « Hiboux », de la compagnie Trois points de suspension, du théâtre contemporain qui invite à « repenser collectivement la question du deuil », pose Brice Albernhe. Pas facile à première vue, mais la compagnie y arrive « avec une infinité de douceur, de bienveillance et d’intelligence pour un spectacle fou, fabuleux », poursuit-il. De quoi piquer la curiosité. Puis « Oraison », de la compagnie Rasposo, « qui est au cirque ce que Baudelaire est à la littérature, elle va chercher le sombre pour aller dénicher des élans de beauté », commente Brice Albernhe. Difficile d’ajouter quoi que ce soit après ça.
Passons donc à « France profonde » de la compagnie la Grosse situation, qui comme son nom l’indique se penche sur la France des champs et des fermes. « Le spectacle interroge sur la transmission dans les familles d’agriculteurs et les changements de modèles avec un théâtre très direct, dès écrit et pas du tout manichéen », présente le directeur artistique du festival. Un retour ensuite, celui de la compagnie Adesso e Sempre, qui propose « Andy’s gone 1 et 2 », un spectacle entre tragédie antique et théâtre contemporain, où le public est muni d’un casque pour suivre l’histoire, une série théâtrale dont le troisième volet sera écrit en résidence au festival.
Évoquons « Lullinight », du Groupe Noces et Florence Bernad, un spectacle jeune public au carrefour du théâtre, du théâtre d’objet et de la danse, « avec une force d’évocation poétique très belle », promet Brice Albernhe. Rien à voir, quoique, avec « More Aura » de l’Association des Clous, « un spectacle coup de poing, un portrait de femme fabuleux avec une magnifique écriture », déroule le directeur artistique.
On reste dans le titre à double sens avec « Faute de tout pour faire un monde » de la compagnie Ici Même, une création sur la question de l’environnement et de trois époques, le XIXe siècle, aujourd’hui et demain, « avec un théâtre très fort en images », dévoile Brice Albernhe. Plus léger sans doute, « Le Kiosque », de la compagnie A l’West, « un projet foufou, festif, musical où huit musiciens jouent avec des chansons qu’on a tous fredonné mais dont on ignore le sens et l’histoire », présente le directeur artistique. Le tout à minuit, dans une ambiance cabaret.
Place à « L’enquête », de Lonely Circus, du théâtre « protéiforme, très gestuel », promet Brice Albernhe, dans une structure de papier avec un dispositif bi-frontal. « La Machine », de la compagnie Labkine, proposera pour sa part au fort Saint-André « une borne d’arcade avec des gestes chorégraphiques », de quoi se trémousser. Pour le jeune public, « Bêtes de foire », de la compagnie éponyme, proposera du cirque « dans un univers décalé, comme un cabinet de curiosités, très précieux, inventif et poétique », vend Brice Albernhe.
Enfin, le dernier spectacle au programme est « Macadam vacher », de VO Compagnie. « C’est Roger et sa vache Olha, qu’il va promener pendant quinze jours dans les rues de Villeneuve, pour créer une poésie du quotidien, ramener de la nature dans des endroits urbains », décrit le directeur artistique du festival. Nul doute qu’Olha trouvera de quoi brouter dans le « jardin du Festival d’Avignon. »
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Retrouvez le programme complet ici.