La grande distribution est dans le collimateur depuis de nombreux mois. Alors que l'inflation a touché toute l'économie et en particulier, les produits de premières nécessités, les augmentations de prix sur les tickets de caisse ont fini par désespérer les consommateurs. La crise des agriculteurs a aussi montré du doigt les rapports en coulisses entre les différents acteurs et la pression exercée par la puissance de la distribution en France. Le président de la République a indiqué, samedi au Salon international de l'agriculture, l'application désormais d'un prix plancher pour les agriculteurs. Il a suffi de 24 heures aux géants de l'alimentaire pour exprimer leur désaccord. Mais surtout pour faire savoir qu'ils répercuteraient ces augmentations sur les étiquettes. Bravo la solidarité dans la souveraineté française. Tout est-il uniquement question de bénéfices ? De rentabilité des actionnaires même au risque de laisser un pan de notre société s'écrouler ? Quel est le problème à la fin ? Nos confrères du magazine économique Capital révélaient, la semaine dernière, les chiffres d’affaires de ces enseignes en forte progression en 2023 par rapport à 2022. Notamment en raison de l’inflation des prix des produits alimentaires. 10 % de plus pour Carrefour qui réalise un chiffre d'affaires de plus de 90 milliards d’euros. 10 % aussi pour Intermarché, +8 % pour Système U, et 4 % pour Auchan. Seul Casino, en délicatesse depuis plusieurs mois, mange son pain noir. D'abord et avant tout parce que sa stratégie s'est fracassée contre le mur d'une réalité. Celle de la croissance externe à tout prix avec le rachat de plusieurs plus petites enseignes déjà endettées comme Monoprix, Franprix ou Leader Price. Enfin, par la politique de tarifs trop élevés qui ont fait fuir des clients au faible pouvoir d'achat. Le tribunal de commerce de Paris a validé, hier, le plan de sauvegarde qui acte le transfert de 288 magasins de l'enseigne à Auchan et Intermarché. Dans le Gard, Intermarché reprend le magasin Casino d'Alès, tout comme celui de Saint-Dionisy et de Pont-Saint-Esprit. Saint-Laurent des Arbres, Redessan ou encore Cap Costières à Nîmes passent de leur côté sous pavillon Auchan. Ces changements interviendront en plusieurs vagues d'ici l'été. Sans connaître précisément l'impact sur l'emploi. D'ailleurs, cette question autour du personnel va être cruciale dans les prochaines années. Entre l'automatisation des caisses, la robotisation des services logistiques et la volonté de libérer des mètres carrées pour désormais produire uniquement des supermarchés, la révolution des grands magasins est en marche. À la fin, comme toujours, il y a quelqu'un qui va payer. Et ce ne sont généralement pas les actionnaires de ces grandes enseignes...