ÉDITORIAL Production de logements à l'arrêt : l'économie au plus mal
En cinq ans, on est passé de 120 000 nouveaux logements sociaux à seulement 82 000 en 2024.
La Fédération française du bâtiment tire la sonnette d'alarme sur la situation complexe des entreprises dans le Gard. Ce n'est pas nouveau. D'autres secteurs d'activité partout en France sont en difficulté. On pense bien sûr aux agriculteurs, aux viticulteurs. On pense aussi aux commerçants. Les complexes hôteliers, les restaurateurs, les brasseries et cafés du coin. Tout le monde compte le moindre centime. À juste raison. Personne ne sait où l'on va. Et cet état n'est pas que la résultante de la dissolution du début de l'été. Elle est le résultat surtout et avant tout d'une crise économique majeure liée à la fois aux contextes internationaux incertains, à l'innovation numérique qui s'empare de toutes les activités professionnelles. Et cerise sur le gâteau, aux multiples freins pour entreprendre. Et l'on ne parle pas de la dette abyssale du pays qui s'est creusée avec la pandémie du covid et qui oblige l'État et les collectivités locales à regarder avant d'investir. Quel est le paysage aujourd'hui ? Un Premier ministre qui lance, comme une bouteille à la mer, une hausse inéluctable des impôts. Qui va payer ? Et en face ? Pour le moment rien ! Pourtant, l'absence de plan Marshall pour sauver l'économie va encore plus enfoncer ceux qui trinquent déjà. La relance est pour le moins sacrément urgente. Il est nécessaire de relancer la politique de grands travaux. Cela tombe bien, les patrons dans le bâtiment n'attendent que cela. Un secteur est en carence depuis bien longtemps : le logement collectif. Selon l’USH (Union sociale pour l’habitat), 2,7 millions de ménages étaient toujours en attente d’un logement social fin juin 2024. Un chiffre en hausse avec 100 000 demandeurs de plus qu’en 2023. La demande de logements sociaux augmente, et dans le même temps, malgré les promesses répétées, l’État a diminué l'enveloppe budgétaire pour la construction de nouveaux logements sociaux. En cinq ans, on est passé de 120 000 nouveaux logements sociaux à seulement 82 000 en 2024. Qu'est-ce qui bloque ? Du financement bancaire ? Les taux d'intérêt sont pourtant sur le point de baisser à nouveau. Les banques frileuses depuis deux ans devraient pouvoir desserrer l'étau. À la condition aussi qu'un gouvernement crédible soit en mesure de garantir un retour à meilleure fortune.