GARD Entre les collectivités territoriales et l’économie sociale et solidaire, ça fonctionne
Pour le faire savoir, les Chambres régionales de l’économie sociale et solidaire organisent chaque année le Mois de l’ESS. C’est dans ce cadre que le Conseil départemental organisait mercredi soir au Pont du Gard un rendez-vous sur ce thème, et sur ce que les collectivités territoriales peuvent mettre en place en faveur de l’ESS.
L’ESS, « l’autre économie »
D’abord, il faut savoir de quoi on parle. L’ESS, ce sont les associations, les coopératives, les mutuelles, les fondations ou encore les entreprises à forte utilité sociale, et ça existe depuis plus d’un siècle. « Ce n’est pas un truc qui a surgi il y a quelques années », résume le président de la Chambre régionale de l’ESS d’Occitanie Olivier Hammel. Le point commun de toutes ces structures, outre qu’elles font passer l’humain et les solidarités parmi leurs finalités, est qu’elles sont « toujours venues d’initiatives cherchant à répondre à un problème, c’est ce qui fait que par nature, l’ESS est innovante », ajoute Olivier Hammel.
Dans le Gard, département qui a une longue histoire avec l’ESS, (avec l’école de Nîmes et Charles Gide par exemple), « on met plus de 440 millions d’euros par an sur les solidarités, soit 57 % du budget de fonctionnement, dont une partie non négligeable vers les structures de l’ESS», explique la conseillère départementale déléguée à l’économie sociale et solidaire Bérangère Noguier.«Et le Département intervient auprès de nombreuses structures. » Un Département qui, « malgré la loi NOTRe (qui a donné à la Région la compétence économique, ndlr) n’a pas désarmé sur ce point », salue Olivier Hammel.
Il faut dire que pour un département fortement touché par le chômage et la crise économique, les quelque 212 000 emplois de l’ESS dans la Région (16,6 % de l’emploi régional), dont 110 000 rien que pour les associations du secteur social et médico social, « ce n’est pas rien », souligne Olivier Hammel. Alors les collectivités territoriales ont tout intérêt à soutenir cette « autre économie », d’après les termes de la conseillère régionale déléguée à l’ESS Marie Meunier-Polge.
Une clause plutôt qu’une porte close
C’est déjà ce qui se passe au Département depuis 2010, notamment en faveur de l’insertion. « Nous avons commencé à demander aux services d’inclure des clauses sociales dans les appels d’offres, explique le vice-président Martin Delord.«Ça a été un peu compliqué, mais c’est maintenant habituel, et ça fonctionne bien. » Ça répond à la fois aux besoins de l’économie privée mais aussi à l’humain », souligne le chargé de mission et de projet départemental Philippe Jourdan. Par exemple, sur le chantier de la halle des sports du collège Trintignant d’Uzès, 1 200 heures ont été consacrées à l’insertion d’un public éloigné de l’emploi, et réalisées par 13 personnes. « C’est un pied à l’étrier », ajoute Philippe Jourdan avant de préciser que ce système sera reconduit sur le chantier du collège Jules-Vallès, à Nîmes.
L’entreprise BRL fait de même, en consacrant au social « 5 à 15 % du volume d’heures des marchés », « parce que la responsabilité de l’insertion est l’affaire de tous, et pas uniquement des collectivités territoriales », souligne la directrice des affaires juridiques et de la responsabilité sociale de l’entreprise BRL Anne-Emmanuelle Rousseau. Un constat partagé par le président du Comité national des Groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ), le Gardois Héric Quettelart. Dans le Gard, « on fait 40 à 50 contrats par an sur le GEIQ du BTP et le GEIQ multisectoriel dans le Gard », poursuit-il, avant de préciser qu’« à l’issue du parcours, 82 % des personnes obtiennent une qualification, et 71 % ont un retour positif vers l’emploi, soit un CDD de plus de 6 mois ou un CDI. »
De bons résultats qui permettent à un secteur convalescent de se régénérer, et qui doivent inciter les collectivités à aller plus loin. Héric Quettelart en appelle à elles, et estime qu’« il faut plus de clauses d’insertion. » A bon entendeur…
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Un nuage s’invite dans le ciel bleu de l’ESS : la suppression d’un certain nombre de contrats aidés, annoncée par le gouvernement. « Cette suppression pénalise nos associations, fragilise sérieusement nos territoires et les services rendus à la population, estime sans ambage Marie Meunier-Polge. Je le regrette terriblement. » La conseillère régionale a également rappelé que l’ESS a quitté le Ministère de l’Economie, où elle était rentrée lors du précédent quinquennat, pour rejoindre le Ministère de la Transition écologique et solidaire emmené par Nicolas Hulot.
Thierry ALLARD