Publié il y a 1 an - Mise à jour le 04.03.2023 - Marie Meunier - 4 min  - vu 1159 fois

GARD Passage en cru des vins de Laudun : l'aire d'appellation se resserre

Une consultation publique est ouverte jusqu'au 16 mars permettant aux viticulteurs de faire d'éventuelles réclamations
syndicat vins de laudun

Luc Pélaquié, président du syndicat des vins de Laudun, avec Maxime Leandris, responsable du syndicat.

- photo Marie Meunier

Depuis plus de dix ans, le syndicat des vins de Laudun travaille à ce que l'appellation passe en cru. Il s'agit du plus haut niveau de qualité. Une nouvelle étape est en train d'être franchie puisqu'une consultation publique sur la délimitation de l'aire parcellaire de l'appellation est en cours jusqu'au 16 mars. 

L'histoire débute en 1937 lorsque le Baron Le Roy met en place l'appellation Côtes-du-Rhône. "Il aurait été possible par voie juridique de faire passer sous certaines conditions les terrains de haute valeur qualitative en appellation locale, équivalente à ce qu'on appelle cru aujourd'hui", raconte Luc Pélaquié, président du syndicat des vins de Laudun. En 1947, le tribunal d'Uzès rend sa décision dans ce sens. Ne manquait plus que l'aval final du Baron Le Roy pour entériner la décision. Mais ce dernier ne le donnera pas.

"À cette époque, il n'y avait pas un engouement comme il existe aujourd'hui. Les producteurs voulaient faire du volume, les vins de table se vendaient bien", recontextualise le vigneron. Il ajoute : "En plus, l'appellation Côtes-du-Rhône végétait un peu à ce moment-là. Le Baron avait peur que si on l'entérinait pour Laudun, d'autres communes suivent et que ça fasse effet boule de neige."

Dix ans se sont écoulés depuis le dépôt du dossier

Une soixantaine d'années plus tard, le syndicat des vins de Laudun décide de relancer le dossier pour passer en cru. Il deviendrait le troisième du Gard, après Tavel et Lirac. "On a rallumé les flammes, mais cette volonté a toujours été présente chez les vignerons des trois communes de l'appellation Laudun-l'Ardoise, Tresques et Saint-Victor-la-Coste", assure Luc Pélaquié. Derrière cette volonté de passer en cru, il y a la "question de la valorisation des vins sur le marché et la pérénisation des exploitations", rebondit Maxime Leandris, responsable du syndicat. Il va même plus loin : "La consommation se polarise beaucoup sur les cuvées à moins de 5 € ou au-dessus de 10 €. Entre les deux, c'est là où on est actuellement et le marché est difficile. On veut confirmer notre positionnement au-delà."

Une fois le dossier déposé, les étapes de validation ont été nombreuses et lourdes : il a fallu l'approbation du comité régional, passer par un comité national qui nomme une commission formée de vignerons d'autres régions. En 10 ans, de nombreuses études ont aussi été menées. "Les experts ont vu beaucoup de parcelles, ils ont dégusté plusieurs millésimes. Il y a également eu des analyses de sol, de la météo, de la géologie...", liste Maxime Leandris.

À partir de tout cela, l'INAO (Institut national de l'origine et de la qualité) a élaboré plusieurs propositions d'aires parcellaires. La troisième proposition a finalement été approuvée par la quasi-totalité de la centaine d'adhérents du syndicat en assemblée générale en février 2022. Une belle récompense pour le syndicat qui s'est battu pour faire reconnaître ce terroir. La délimitation, validée par l'INAO, comprend 1 054 hectares disséminés sur les trois communes de l'appellation. C'est moins que l'aire d'appellation datant de 1947, qui comprenait un peu plus de 3 000 hectares. 

Pendant la consultation publique, il est possible de faire des réclamations

Tous les viticulteurs qui sont actuellement dans l'appellation ont des terres susceptibles de passer en cru, d'autres qui seront exclues du périmètre. "Tout le monde savait dès le départ qu'il y aurait une ligne et qu'il y en aurait qui serait à gauche, d'autres à droite. C'est dommage car certains vignerons étaient très dynamiques dans l'appellation et au final, ils ne se retrouveront avec pas grand chose en cru", soulève Luc Pélaquié. 

Tout l'enjeu de l'enquête publique est de permettre aux vignerons de prendre connaissance de la carte délimitant la future aire d'appellation en cru et aussi de leur donner un temps pour faire des réclamations s'ils ne sont pas dedans. L'enquête a démarré le 16 janvier et se termine le 16 mars. Maxime Leandris a déjà reçu une trentaine de personnes voulant faire des réclamations : "Je les vois sur rendez-vous, je les aide à monter un argumentaire pour demander un rattachement d'une ou plusieurs de leurs parcelles." Tous les dossiers de réclamation sont ensuite étudiés par l'INAO. Cela peut prendre un certain temps. 

Un cahier des charges plus strict

Viendra ensuite une phase transitoire où un cahier des charges assoupli sera appliqué pendant une certaine durée. "Passer du jour au lendemain en cahier des charges cru serait trop abrupt. La phase transitoire laisse le temps à chacun d'avoir un pourcentage de cépages requis", indique le président du syndicat. Car le cahier des charges final sera plus contraignant que l'actuel qui est le même pour toutes les Côtes-du-Rhône Villages, allant de Signargues à Nyons, dans la Drôme. Bien que Laudun a la particularité d'être le plus gros producteur des Côtes-du-Rhône Villages en vin blanc par rapport à sa déclaration (27 % des surfaces), et a forgé sa réputation grâce à cela.

Avec le cahier des charges cru, l'encépagement sera plus strict avec 25 % de grenache blanc et 25 % de clairette. "Ce sera moins permissif qu'actuellement. Mais cela fige le profil du vin et cela fera qu'il sera différent du voisin", résume Maxime Leandris. Il y aura également des rendements butoirs afin d'augmenter la qualité : pas plus de 40 hectolitres par hectare en blanc. Le président du syndicat n'est pas trop inquiet de ce côté puisque les rendements ont plutôt tendance à baisser au fil des années. 

Informations sur la consultation publique à retrouver en cliquant ici.

Marie Meunier

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