ALÈS L'aventurier Nicolas Vanier ambassadeur d'une "sobriété heureuse"
À l'invitation du réseau d'entreprises Leader Alès, le cinéaste Nicolas Vanier, explorateur du Grand Nord, était dans la capitale des Cévennes ce mercredi soir pour initier les industriels alésiens à une écologie "positive et heureuse".
La grande salle bien garnie du Cinéplanet en dit long sur l'intérêt porté par les industriels alésiens aux exigences environnementales grandissantes à mesure que la menace écologique se réchauffe. Invité dans la capitale des Cévennes ce mercredi soir à l'initiative du réseau d'entreprises Leader Alès, Nicolas Vanier a trouvé son public.
"C'est quelqu’un qui, par son expérience en la matière, à cette hauteur de vue pour nous montrer sans dogmatisme que les solutions sont devant nous en matière d'écologie", indiquait en préambule Alexandre Coulet, président du réseau Leader Alès, lequel était déjà à l'origine il y a quelques années de la venue de Luc Julia, ancien vice-président de Samsung.
Car c'est avec l'intention de démontrer que les industriels du territoire "essaient d’avoir une trajectoire la plus décarbonée possible" qu'a été impulsée cette démarche. "Depuis longtemps déjà on réfléchit à des actions concrètes pour réduire notre empreinte carbone", a martelé Alexandre Coulet, paraphrasant au passage Louis Gallois, lequel, en visite à Alès en fin d'année dernière, avait estimé qu'en matière d'environnement, les entreprises industrielles occasionnent "20 % des problèmes" mais incarnent "100 % des solutions".
Ce mercredi soir, après quelques mots introductifs délivrés par Christophe Rivenq, patron d'Alès Agglomération, qui s'est présenté comme un "grand admirateur des nombreux films et reportages" de Nicolas Vanier, le dernier cité a mené une conférence efficacement intitulée "Entreprises et environnement : les défis à relever". Elle succédait par ailleurs à une table ronde sur la même thématique à laquelle venaient de prendre part les entreprises Agroof, NaïtUp, Jazzoparc et Ecosiège.
Une écologie "positive et heureuse"
La diffusion d'un petit film rétrospectif de la riche vie de Nicolas Vanier avait également donné à voir quelques-unes des nombreuses aventures qu'a connues cet "ambassadeur de la nature". Tout a commencé en Sologne, dans la ferme du grand-père, pour celui qui dès l'enfance, dévorait déjà les romans de Jack London, avant de se rendre "sans argent et avec une canne à pêche" en Laponie à tout juste 17 ans.
De ce voyage initiatique naîtra un amour profond pour les contrées glacées du Grand Nord (Sibérie, Alaska, Arctique) qu'il explorera jusqu'à devenir un spécialiste de ce qu'il qualifie "les pays d’en haut". Fort de ces 40 ans de voyage dans ces "pays fragiles", celui qui est aussi réalisateur de Belle et Sébastien a eu le temps d'appréhender "les conséquences du climat sur les animaux, les milieux naturels et les hommes".
Le sexagénaire aurait ainsi été "l’un des premiers à avoir pris la mesure de l’urgence climatique" qui, de son point de vue, ne doit pas pour autant nous conduire à des mesures punitives telles que celles réclamées par "certains écologistes qui monopolisent la parole dans les médias". Observateur attentif de la dégradation de l’environnement, Nicolas Vanier plaide davantage pour une écologie "positive et heureuse" esquissée dans son dernier roman C’est le monde à l’envers !
"Tout le monde va devoir jouer sa partition"
Nicolas Vanier
Une vision validée par Christophe Rivenq, lequel estime que l'adhésion "du plus grand nombre" à une démarche écologique globale est possible à condition que les solutions des experts soient "acceptables et durables". Des solutions, "on en a encore" revendique Nicolas Vanier, tout en concédant qu'il ne nous reste "plus beaucoup de temps" pour les mettre à exécution. Pour relever les "deux défis majeurs" que sont la limitation de "l’épuisement des ressources naturelles" et "la maîtrise du réchauffement climatique", Nicolas Vanier croit "beaucoup au rôle des consommateurs" et les enjoint par exemple à "ne pas manger des fraises qui viennent du Guatemala ou de Bolivie en plein hiver".
"Le climat est un énorme bateau lancé à pleine vitesse. Les efforts réalisés aujourd’hui, on commencera à les ressentir dans 15 ou 20 ans", prévient par ailleurs l'aventurier. Tout en modération, sans se montrer nostalgique de l'époque des déplacements en "charrette tirée par un cheval", l'explorateur considère que "la course effrénée au progrès et la surconsommation" dans laquelle s'est plongé le monde "exprime aujourd'hui ses limites". Paradoxalement, "la technologie sera précieuse" dans la quête d'une "sobriété heureuse" qu'il préconise. "On va y arriver", a-t-il rajouté en guise de conclusion optimiste, après avoir indiqué que "tout le monde va devoir jouer sa partition pour bouger les lignes" et qu'il "va falloir un peu plus partager".