MÉJANNES-LES-ALÈS Arcadie prise pour modèle par le réseau Gard Entreprises
Prise pour modèle pour son développement économique et ses engagements sociétaux et managériaux, l'entreprise Arcadie a été visitée ce mardi 30 mai par une trentaine de membres du très actif réseau Gard Entreprises. L'occasion pour ces derniers d'en apprendre davantage au sujet du projet de transport de marchandises à la voile.
Implantée sur l'avenue Émile-Antoine, dans la zone d'activité du parc des expositions de Méjannes-les-Alès depuis 2005, l'entreprise Arcadie créée en 1991 dans les Pyrénées sélectionne et conditionne les épices Cook et les tisanes L'Herbier de France. Ce mardi 30 mai, choisie pour son caractère "remarquable tant par son développement économique que par ses engagements sociétaux et son modèle managérial", elle s'est offerte à une trentaine de membres du réseau Gard Entreprises.
Manuel Brunet, cogérant de l'entreprise familiale, s'est mué en guide pour faire cheminer ses invités d'atelier en atelier au sein du bâtiment principal en ossature bois. Chaque halte allait être ponctuée d'explications illustrant les engagements de l'entreprise en matière de respect de l'environnement. Des emballages conçus à partir de matériaux facilement valorisables à une électricité achetée à Enercoop, un fournisseur d'électricité d'origine renouvelable, rien n'est laissé au hasard.
Au terme de la visite, chaque participant était en mesure de percevoir le modèle novateur pratiqué par l'entreprise et éprouvé depuis plusieurs années : l'holacratie, soit un système de gouvernance se détachant des structures hiérarchiques et pyramidales habituelles au profit d'une responsabilité accrue des salariés. Le modèle, adopté en 2017, semble faire ses preuves. Par ailleurs, les salariés possèdent 7 % du capital de l'entreprise et près de la moitié d'entre eux sont actionnaires.
En toute transparence, face à une assistance toute ouïe, Manuel Brunet a reconnu faire face depuis un an et demi à "la première crise" de la jeune histoire de la bio. Si elle se traduit par une baisse de 20 % du chiffre d'affaires d'Arcadie qui devrait s'établir à 17 M€ en 2023, elle est imputable d'après le cogérant à "l’inflation et la perte de repères des consommateurs notamment à cause d’une profusion des labels", certains n'étant pas aussi stricts que celui auquel est soumis l'agriculture biologique.
Pour autant, à l'heure où l'Hexagone demeure le plus gros consommateur de pesticides du monde, "cette logique va devoir s’arrêter et la bio reprendra son envol", se rassure Manuel Brunet. Les motifs de réjouissance sont tout de même nombreux chez Arcadie qui a ouvert son premier magasin d'usine il y a quelques mois afin d'opérer un rapprochement avec les consommateurs (relire ici). Il est assorti d'une cuisine propice à l'organisation de formations et à de la recherche et développement.
Tandis qu'un jardin potager est en train de se créer à côté de la micro-crèche d'entreprise qui réjouit les parents salariés, la ferme expérimentale d'une dizaine d'hectares située à Saint-Étienne-de-l'Olm est déjà un succès. Au rayon des perspectives, la construction d'un nouveau bâtiment de stockage en bottes de paille et d'un intérieur en enduit terre figure en bonne place.
Tout comme le projet coopératif baptisé "Windcoop" à l'issue duquel la construction d'un voilier porte-containers pour assurer un transport éthique et écologique des épices doit être opérée. "On est en plein dans la phase de levée de fonds nécessaires", précise le cogérant, qui parle d'un projet à 20 M€ pour lequel Arcadie, associée à l'entreprise bretonne Zéphyr et Borée, a déjà investi 2 millions d'euros.
"Le projet avance. Le bateau sera propulsé 100 % à la voile. À la voile, on va mettre six semaines entre Marseille et Madagascar, donc on sera plus rapide que le bateau à moteur qui met près de deux mois puisqu’il fait une halte en Inde", prévient Manuel Brunet. Le cargo à voile effectuera six rotations dans l’année et sera en capacité de transporter plus de 80 containers d'épices par trajet. "On espère que d’ici deux ans ce voilier fera son premier trajet. De toute façon, dans dix ans, les coûts de l’énergie seront tels que ceux qui n’auront pas pris le virage auront trop de retard", avertit le cogérant. Tant mieux pour Arcadie !