ALÈS Auchan : la mise au point du collectif des collaborateurs
Ouvert depuis le 5 février 2020 en lieu et place d’un Intermarché, soit un mois avant que n’éclate une pandémie mondiale, le supermarché Auchan implanté dans la zone dite de la Pierre plantée va fermer ses portes dans les prochains jours. Parue il y a quelques jours dans nos colonnes, l'information a généré un droit de réponse de la part du collectif des collaborateurs désireux de "rétablir quelques vérités".
C'est à se demander si un chat noir ou un esprit malveillant n'habite pas la zone. Car les supermarchés se succèdent depuis des décennies sur la route de Nîmes, dans la zone dite de la Pierre plantée. Il y a un peu plus de deux ans, le 5 février 2020, un magasin Auchan avait pris possession des lieux en remplacement d'un Intermarché. Celui-ci va fermer dans les jours qui viennent.
Si un "énorme trou dans la caisse" en partie imputable à une faible fréquentation a été évoqué, le collectif des collaborateurs d'Auchan Alès, lequel se compose de la quasi intégralité des salariés de la société, assure que la fermeture du magasin est plutôt l'œuvre d'un "conflit d'associés". En effet, la société par actions simplifiées (SAS) est détenue à 26% par Fabien Pelat, directeur opérationnel de la structure, à 24% par son ex-femme, et à 50% par un promoteur immobilier bien connu du bassin alésien.
"Notre PDG, c'est monsieur Pelat ! Les deux autres, on ne les voit jamais dans le magasin. Ils n'ont rien fait pour le sauver", martèle d'emblée le collectif des collaborateurs. Car après une année 2020 pour le moins délicate en raison de l'éclatement de la pandémie, le supermarché alésien pensait avoir redressé la barre en réalisant "une hausse de 30% de chiffre d'affaires". Il n'en a rien été.
En redressement judiciaire depuis juillet 2021
"On a joué de malchance. Ces derniers mois, on a eu un souci avec notre chaîne de fabrication de froid", indique le collectif. Et ce dernier d'ajouter, au sujet d'une fréquentation qui n'a jamais vraiment décollé : "Les gens s'attendaient à ce que ça soit un Auchan immense comme au Pontet. Il y a eu un peu de déception de voir qu'il ne s'agissait pas d'un hypermarché, mais simplement d'un supermarché classique."
Un contexte délicat auquel se serait donc rajouté ce conflit d'associés. "Les deux autres actionnaires se sont ligués contre monsieur Pelat qui n'avait alors plus de marge de manœuvre. On a donc été placé en redressement judiciaire le 22 juillet 2021 sur demande de monsieur Pelat qui a pris ses responsabilités en déclarant la cessation des paiements conformément au code du commerce. Il a protégé ses collaborateurs avec cette mesure", considèrent les collaborateurs, qui ont pris fait et cause pour leur directeur opérationnel.
Ce passage estival devant le tribunal de commerce de Nîmes a accouché d'une mise sous tutelle de la SAS, désormais aux mains d'un administrateur judiciaire. Jugé de bonne foi, Fabien Pelat a ainsi été maintenu dans ses fonctions initiales. "Le tribunal l'a conservé pour que le climat social reste serein. S'il était parti, on serait tous partis", commentent une nouvelle fois les membres du collectif.
Lidl à la relance
Quelques jours après le jugement, les salariés d'Auchan Alès "attendaient beaucoup" de l'assemblée générale extraordinaire qui s'est tenue en présence des trois associés et au cours de laquelle "il ne s'est hélas rien passé de positif". Le pourrissement de la situation aura donc eu raison du magasin qui s'apprête à tirer le rideau. Un nouveau jugement du tribunal de commerce de Nîmes est prévu le 4 mai prochain, lequel devrait intégrer tous les collaborateurs d'Auchan Alès (une trentaine de personnes) au projet de reprise de Lidl qui a vocation à investir la zone.
Un moindre mal pour le collectif des collaborateurs qui ne s'en délecte pas pour autant : "On perd beaucoup dans cette affaire. Premièrement on perd un boulot qu'on aime. Deuxièmement un patron qu'on apprécie. Et même si le tribunal va nous trouver une solution, ça ne sera plus jamais pareil car certains ont déjà fait le choix de partir. Ici on n'était pas des numéros. Tout le monde était considéré à sa juste valeur. C'est la fin d'une histoire, il faut arriver à en faire le deuil." Même son de cloche du côté de la déléguée du personnel : "On sait qu'on ne retrouvera sans doute pas la même ambiance ailleurs. Ça fait 15 ans que je suis dans la grande distribution et je n'avais jamais connu ça."
"Ce n'est pas une fermeture à proprement parler. C'est une continuité d'activité avec une société qui va opérer des travaux. Donc inévitablement le rideau va se baisser, mais pour mieux rouvrir derrière", se convainc la présidente du collectif, qui réfléchit à accepter la nouvelle aventure. Quant à la station-service attenante au supermarché, située près de la pharmacie et du futur pôle médical achevé mais toujours inoccupé, elle est également intégrée au bail intégralement repris par Lidl. Mais selon nos informations, le distributeur allemand aurait l'intention de la rétrocéder à un indépendant.
Corentin Migoule