ALÈS Le quartier des Prés Saint-Jean se prépare à accueillir un nouveau pôle économique
Le quartier prioritaire des Prés Saint-Jean s'apprête à accueillir un projet audacieux : l'implantation d'un pôle économique, dont la validation a eu lieu hier, jeudi 26 septembre. La pose de la première pierre de ce projet estimé à 11,5 millions d’euros est prévue pour la fin de l'année 2025.
Il s'agit là d'un projet peu commun. « C’est risqué mais c’est calculé » selon l'édile. Et pour cause, le quartier des Prés Saint-Jean à Alès s’apprête à vivre une transformation de grande envergure avec la création d’un ensemble immobilier à vocation économique. Piloté par la Saem Alès, ce projet, situé au cœur du quartier, entend revitaliser cet espace tout en répondant à une demande (très) croissante d’immobilier d’entreprises sur le bassin. L’enjeu est d’en faire un pôle d’activités dynamique qui contribuerait à la mutation progressive de ce quartier autrefois délaissé. « Quand on dit qu’il y a tout pour le centre-ville, c’est faux », justifie Christophe Rivenq, président de l'Agglomération d'Alès et premier adjoint à la Ville.
Un projet immobilier d'une grande ampleur
Ce projet prévoit la construction d’un ensemble de 5 400 m² de locaux d’activités sur une parcelle de 9 300 m². Il comprendra des espaces destinés à l’immobilier économique avec 4 400 m² de bureaux et ateliers, ainsi que 1 000 m² de locaux de formation. La construction, répartie sur quatre bâtiments a pour objectif d'offrir des infrastructures adaptées aux besoins des entreprises locales et régionaled, tout en participant à l’effort de revitalisation du quartier. Le premier adjoint Christophe Rivenq se félicite : « C’est une originalité d'intégrer de la vraie économie dans un quartier prioritaire. »
L’investissement total est estimé à 11,5 millions d’euros hors taxes, avec un financement partiel de 4,5 millions d’euros provenant de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). À la suite d’un concours de maîtrise d’œuvre, c’est le groupement formé par A+Architecture, Per Ingénierie, Cereg, Celsius environnement et Arteba qui a été désigné pour mener à bien la conception de cet ensemble. Ce choix, validé hier, jeudi 26 septembre 2024, lance le coup d'envoi d’un chantier qui devrait s’étendre sur plusieurs années.
Les quatre bâtiments, répartis stratégiquement sur le site, aux côtés de celui réservé actuellement à France Travail, ont été pensés pour s’intégrer au mieux dans le tissu urbain du quartier. Deux d’entre eux, en R+2 (Rez de chaussée + 2 étages), offriront une nouvelle façade le long de l’avenue Jean-Baptiste Dumas. Un troisième bâtiment, également en R+2, sera visible depuis le pont de Brouzen et contribuera sans nul doute à l’animation visuelle du quai du 8 mai 1945. Enfin, le quatrième bâtiment, plus modeste, sera dédié aux ateliers et disposé en rez-de-chaussée au centre du site, entouré de voies de circulation interne.
Ces nouvelles infrastructures accueilleront seize ateliers, une cinquantaine de bureaux modulables allant de 16 à 53 m², ainsi qu’un centre de formation aux étages supérieurs. Conçus pour offrir un cadre de travail optimal, les locaux bénéficieront de vues privilégiées sur les rives du Gardon ou sur la place du marché. Max Roustan, maire d'Alès, souligne l'ampleur du projet : « C’est un pari que l’on fait sur l’avenir. On a déconstruit des bâtiments, c’est bien, on rénove, c’est bien, mais que fait-on de l’espace ? » Des façades perforées permettront aussi un ensoleillement optimal tout en protégeant les bâtiments des surchauffes estivales tandis que des panneaux photovoltaïques seront installés. « Ce sera un bâtiment vertueux, apprécié par les générations futures », explique Christophe Pérez, directeur de la Saem Alès, avant d'ajouter : « Nous allons chercher le label Bâtiments durables Occitanie (BDO), c’est un objectif que nous avons, pour le confort des salariés qui vont travailler là. »
Un chantier échelonné sur plusieurs années
L’obtention du permis de construire est néanmoins attendue pour 2025, et les travaux devraient débuter dans la foulée. « On espère la pose de la première pierre fin 2025 » explique l'édile. La première tranche, d’une durée de quatorze mois, permettra de livrer un premier bâtiment à l’horizon 2026. Ce qui offrirait ainsi aux premières entreprises la possibilité de s’installer dès cette date. Les phases suivantes se poursuivront jusqu’à 2028, date visée pour la finalisation complète du projet. Mais les élus l'assurent, tout sera fait le plus rapidement possible. « Nous essaierons même de finir avant, d'aller vite » chuchote Max Roustan, déterminé à faire vivre ce projet.
Cet échéancier, bien que lointain, reflète la volonté des porteurs de projet de respecter les délais tout en s’assurant que chaque phase soit menée à bien. Christophe Rivenq se montre optimiste : « Ça permettra des prix de locations abordables et c’était aussi pour déménager les sites Oasis 1 et Oasis 2 aujourd’hui vieillissants, plus du tout aux normes. On sait donc déjà qu’il y aura déjà des clients intéressés par ces bureaux. » Si la demande se révèle forte, notamment pour le centre de formation, il est envisageable que le chantier soit réalisé en une seule et unique phase.
Un nouveau souffle pour les Prés Saint-Jean
Depuis plusieurs années, le quartier fait l’objet de multiples transformations dans le cadre des programmes de rénovation urbaine successifs. La volonté d’étendre le centre-ville vers ce quartier périphérique, amorcée dès 2006 avec l’ANRU 1, prend ici une nouvelle dimension. Si les premières phases de travaux s’étaient concentrées sur la réhabilitation des logements sociaux et l’amélioration des infrastructures publiques, le projet immobilier actuel serait un tournant.
Ce projet s’accompagnera également d’un réaménagement des voies reliant le centre-ville aux Prés Saint-Jean. Des axes comme la place des Martyrs-de-la-Résistance ou le quai Boissier de Sauvage bénéficieront d’améliorations pour faciliter l’accès et rendre ces liaisons plus fluides. « La circulation sera repensée pour faciliter l’accès, on est plus dans la logique d’il y a 30 ans sur les QPV, aujourd’hui leur image a considérablement changé » précise Christophe Rivenq, ajoutant que le projet vise aussi à « amener une quiétude, de la vie » dans ce quartier.
Une architecture qui évoque indirectement le passé minier de la ville
Le groupement d’architectes A+Architecture, en charge de la conception des bâtiments, a choisi de s’inspirer du passé industriel d’Alès pour imaginer un ensemble fonctionnel et attractif, sans pour autant tomber dans la nostalgie. Clément Rabourdin, architecte associé chez A+Architecture depuis plus de 14 ans, évoque une architecture qui « raconte le côté précieux et brillant du territoire, en référence aux ressources minières qui ont marqué l’histoire de la ville. [...] Nous n'allions pas proposer des bâtiments entièrement noirs, à la couleur du charbon. »
L’enjeu pour le cabinet d'architecture qui travaille aussi bien à Nîmes qu'à Montpellier était également de proposer des espaces de travail pratiques et adaptables, capables de répondre aux évolutions des activités économiques dans les années à venir. « Il fallait proposer un projet sexy qui donne envie de venir travailler ici », ajoute l’architecte. Cette flexibilité, associée à un soin particulier apporté au confort des usagers, devrait faire du pôle économique des Prés Saint-Jean un lieu d'attraction pour les entrepreneurs.
« Nous sommes fidèles à l’architecture populaire. Ce n’est pas une architecture de classe, c’est un peu comme une musique des Beatles : elle rassemble tout le monde, peu importe sa culture ou son capital économique. »
Clément Rabourdin, architecte chez A+Architecture
Au-delà de la construction de nouveaux bâtiments, ce projet immobilier s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer l’attractivité économique d’Alès et de favoriser l’emploi local. Les entreprises qui s’installeront dans les nouveaux locaux bénéficieront de conditions de location flexibles, avec la possibilité de rester sur place pour des durées déterminées, en fonction de leurs besoins. « Plus de 200 ou 300 salariés vont venir travailler ici », anticipe ou espère Max Roustan, extrêmement convaincu du potentiel de ce nouveau pôle.