D’accompagner sa mère en compétition de bridge à devenir championne d’Europe, il n’y a eu qu’un pas pour Margaux Kurek-Beaulieu. Ou plutôt des centaines de parties. L’Alésienne de naissance a découvert ce jeu de cartes “il y a 7-8 ans par l’intermédiaire de [s]a mère qui est tombée amoureuse d’un bridgeur.” Aujourd’hui à Lille pour son travail, elle “se débrouille à chaque fois” pour faire un tournoi avec sa première partenaire quand elle revient dans les Cévennes, “même si elle passe son temps à dire que je suis meilleure alors qu’elle ne m’écoute jamais quand je lui donne des conseils”, rigole la Lilloise d’adoption.

“Mon copain et mes meilleurs amis jouent aussi“

Après une première compétition avec sa mère et quelques-unes à Paris, celle qui a fait ses études à Nîmes est très vite passée à un niveau national, en équipes de France ‘Girls’ (femmes de moins de 26 ans) et moins de 26 ans mixte, devenant vice-championne d’Europe féminine adulte et championne d’Europe ‘Girls’ cette année.

Avec une moyenne d’âge de 72 ans chez les pratiquants en France. “On connait très rapidement tous les jeunes bridgeurs français, mon copain et mes meilleurs amis jouent aussi, explique la jeune femme de 23 ans. Je joue davantage en catégorie ‘Girls’, mais aussi en catégories Dames et tout âge. Depuis dix ans, il n’y a d’habitude que des hommes en équipe mixte -26 ans, je suis contente de changer cela.”

"Je ne comprends pas comment j'ai fini par aimer"

Cette progression fulgurante et ce niveau étaient pourtant loin d’être prévisibles : “J’avais déjà joué à des jeux de cartes comme la belote ou le tarot, mais je détestais car j’étais nulle ! Avec le recul je ne comprends pas comment j’ai fini par aimer le bridge. Il y a beaucoup de règles difficiles à assimiler, c’est compliqué de commencer directement, détaille la membre du comité directeur de la fédération. Mais une fois qu’on connaît, la progression se fait lentement. On joue par paire, c’est aussi ce qui me plait. J’ai beaucoup progressé grâce à des entraînements lors desquels on discute, on échange, j’en ai besoin.”

Celle qui travaille dans l’équipe marketing de l’entreprise Funbridge profite de partenariats noués avec la fédération pour participer régulièrement à des compétitions. “Je menais des études pour devenir institutrice, je ne pouvais donc aller en compétition que lors des vacances. J’en avais une à Buenos Aires, elle n’a lieu que tous les quatre ans, mais c’était en période scolaire. L’école m’a dit que je n’aurai pas mon année si j’y allais, j’ai donc laissé tomber.” Sans pour autant laisser sa vie tourner uniquement autour de ce sport cérébral : “Je me sens moins pro que d’autres, j’en aurai marre si je ne faisais que jouer ou arbitrer”.

Exportation, sensibilisation et diffusion

“Très attachée au bridge féminin et universitaire”, la championne ambitionne déjà de devenir coach de l’équipe de France jeune un jour et travaille à rendre sa discipline plus accessible : “J'essaye de sensibiliser les filles car je trouve dommage qu’elles soient cantonnées entre elles. À Lille, on a décidé en novembre d’ouvrir un quai de jeunes bridgeurs. On utilise surtout les réseaux pour se faire connaître, le but est de faire ça sur deux ans.”