Publié il y a 1 an - Mise à jour le 16.11.2023 - Louis Valat - 3 min  - vu 2346 fois

ALÈS Top départ pour le nouveau centre de premiers recours

Dr. Salanova Pôle de soins ambulatoires

Le centre de premier recours a ouvert ses portes le jeudi 16 novembre à l'Institut Gard Vision. 

- Photo Louis Valat

Ce jeudi 16 novembre, au troisième étage de l'Institut Gard Vision, le Dr Salanova a jeté les bases de ce qui semble être une transformation majeure dans le paysage médical avec l'introduction du Pôle de soins ambulatoires d'Alès. Ce projet annoncé dans le cadre des États généraux de la Santé en présence du ministre Aurélien Rousseau, "révolutionnaire" dans l'organisation des soins de premier recours, vise à optimiser l'accompagnement des patients atteints de maladies chroniques ou d'affections subaiguës.

Cette fois-ci, c'est la bonne ! Retardé une première fois, le Pôle de soins ambulatoires (PSA) situé au troisième étage du bâtiment de l'Institut Gard Vision a accueilli ses premiers patients ce jeudi 16 novembre. Ce centre de premiers recours, plébiscité par l'Académie nationale de médecine en février dernier, et annoncé le 6 novembre dernier par le président d'Alès Agglo, Christophe Rivenq, souhaite rompre fermement avec la tradition du médecin traitant directement sollicité. En effet, il favorise une répartition plus efficace des responsabilités, permettant à chaque professionnel de santé de se concentrer sur ses compétences spécifiques. Pour la médecine générale, cela signifie un recentrage sur le diagnostic et l'orientation thérapeutique, tandis que les infirmiers et assistants médicaux apportent leurs compétences spécifiques.

"L'idée de ce concept même du Pôle de soins ambulatoires est d'affirmer que nous pouvons probablement réinventer un système intermédiaire, souligne la généraliste alésienne Amandine Salanova. Ce n'est pas parce que je vais voir quatre ou cinq fois mon médecin que je suis forcément bien pris en charge. Tandis que, parfois, en un ou deux consultations seulement, nous pouvons bien faire notre travail. Cela peut s'expliquer soit par le temps d'échange crucial avec un patient, que n'a pas forcément le médecin, soit par la répartition des compétences que nous proposons."

Population ciblée, orientations précises et parcours patient mieux structuré

Néanmoins, ne vous précipitez pas demain matin au 43 avenue Carnot ! En effet, il ne faut pas s'y méprendre, le PSA s'adresse spécifiquement aux patients sans médecin traitant, touchés par des maladies chroniques, comme le diabète, les maladies cardiovasculaire, les maladies respiratoires, le cancer ou encore les maladies inflammatoires, entre autres. Ou des affections subaiguës, à savoir celles qui nécessitent un suivi d'une durée plus courte.

L'objectif fondamental de cette initiative - mûrie par deux ans de travail souterrain mené par le Dr Amandine Salanova - est d'instaurer un suivi continu, personnalisé, éloignant les patients des suivis épisodiques classiques. Dans cette optique, la régulation précise des orientations par des professionnels de santé marque une rupture significative avec le système actuel, assurant ainsi une prise en charge adaptée et des délais plus acceptables.

"Parfois derrière une simple ordonnance, une simple certification ou un simple papier se cachent de véritables problèmes, des choses beaucoup plus complexes mais on les néglige de plus en plus, se lamente le Dr. Salanova, porteuse du projet. Nous devons rééduquer à la fois les patients, mais aussi les professionnels parce que nous sommes toutes et tous complices de ce système défaillant. C'est, entre autres, ce qui laisse plus de 12 000 patients sans médecin traitant aujourd'hui et ça, c'est un vrai problème de santé publique !" 

Cette approche innovante et holistique opérée par ce nouveau centre de premier recours d'Alès s'accompagne d'un parcours patient minutieusement orchestré. Les entretiens téléphoniques, les rencontres avec les infirmiers et les médecins visent à constituer des dossiers complets, posant ainsi les bases d'un suivi plus que jamais personnalisé. Une collaboration étroite avec le pôle de prévention de Filieris enrichira également l'offre d'éducation thérapeutique, particulièrement cruciale pour les patients atteints de maladies chroniques.

Fini le premier arrivé, premier servi. Les professionnels de santé assureront une régulation préalable, évitant la saturation des services, "l'effet Doctolib", et assurant une adéquation entre les services offerts par le centre et les besoins véritables des patients.

Nous allons proposer quelque chose de complètement différent. Nous le savons, avec ce nouveau système, nous allons forcément perturber la réflexion et les repères de chacun, nous en avons conscience.

Dr. Amandine Salanova

Financé en grande partie dans le cadre du CNR (Conseil national de la refondation en santé), décliné localement par l'Agence régionale de santé (ARS) de l'Occitanie à hauteur de 450 000 € par an, le projet a priori inédit dans le paysage médical et observé de près par les spécialistes, se positionne comme une expérimentation audacieuse sur une période de deux ans.

Ouvert depuis ce jeudi matin, le Pôle de soins ambulatoires aspire à terme à bouleverser l'ensemble des codes médicaux en coordonnant chaque service de manière harmonieuse. Avec une vision ambitieuse, l'objectif est d'atteindre une prise en charge optimale pour les 5 000 patients visés. En dehors des chiffres, le projet vise à démontrer la qualité des soins, à renforcer l'attractivité du territoire et à offrir une expérience enrichissante aux patients, même ceux initialement réfractaires.

J'ai repris du plaisir à accueillir les patients. J'ai l'impression d'avoir posé les bases et de réfléchir, de les accompagner au mieux. Même pour les infirmiers libéraux qui, je pense, sont actuellement profondément maltraités sur le terrain, retravailler en équipe cela va faire du bien à tous"

Dr. Amandine Salanova

Avec des moyens financiers conséquents, une équipe multidisciplinaire engagée, et une vision ambitieuse, cette expérimentation a le potentiel de redéfinir les normes médicales, d'améliorer l'accessibilité aux soins, et de placer le bien-être des patients au cœur de la réflexion médicale. Est-ce trop ambitieux ? Seules les deux années d'expérimentation le diront.

Louis Valat

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