FAIT DU SOIR La refonte des contrats de ville continue à faire débat à la Grand'Combe
La nouvelle politique publique nationale de développement de quartiers en difficulté a été remise en cause une nouvelle fois à la Grand'Combe, à travers deux nouvelles réunions.
C'est un sujet brûlant et transpartisan qui se retrouve sur toutes les lèvres. Si rien ne change jusque-là, début janvier 2024, la refonte des contrats de ville devrait être officialisée par le gouvernement, modifiant l'actuelle carte. Ainsi, plusieurs quartiers prioritaires de la ville (QPV) pourraient se retrouver impactés, ce qui a le don d'agacer notamment du côté de la Grand'Combe. Le bassin d'Alès comporte cinq quartiers prioritaires : un dans la capitale cévenole, deux à la Grand'Combe, un à Anduze et un autre à Saint-Ambroix. Selon la nouvelle cartographie calculée selon les chiffres de l'INSEE, seul le QPV d'Alès pourrait survivre.
Il y a environ deux mois, une réunion à la maison France Services de la Grand'Combe en compagnie de nombreux maires des environs avait déjà alerté sur la situation. Patrick Malavieille, ancien maire, semblait déjà assez remonté : "Si j'avais été depuis longtemps hors de la Politique de la ville j'en aurais été le plus heureux. Mais ici dans certains quartiers, la précarité est haute et on se bat pour les enfants de ces quartiers !", martelait-t-il. Mi-juillet, la bataille continue, une réunion publique a été organisée mercredi dernier, afin d'exposer les enjeux aux yeux des habitants, visiblement très intéressés par la question puisque 140 personnes ont garni la salle Marcel Pagnol : "On a monté cette réunion en cinq jours ouvrables, c'était pas gagné d'avance !", s'exclame Patrick Malavieille.
Laurence Baldit, maire de la commune, est la première à prendre la parole. Avec le maximum de pédagogie possible, elle explique en quoi consiste la politique de la ville et dévoile les conséquences si cela changeait pour le quotidien des habitants : "La politique de la ville a été mis en place en 1997. Pour y figurer, il faut un nombre minimal d'habitant, appartenir à une aire urbaine et posséder un certain revenu médian. Le contrat de ville piloté par l'État et les intercommunalités repose sur trois piliers : la cohésion sociale, le renouvellement urbain/cadre de vie et le développement économique et l'emploi", détaille-t-elle.
Inquiétudes
La politique de la ville permet donc de financer certaines activités et animations dans certains quartiers en difficulté. Ainsi, 51 800 euros ont été alloués l'année dernière au centre social de la Grand'Combe. L'ancien édile Patrick Malavieille a tenu à faire passer un petit message à Jean Rampon, qui vit ses dernières semaines en tant que sous-préfet : "Faites-nous un beau cadeau avant votre départ", lui glisse-t-il.
Amal Couvreur, vice-présidente du Conseil Départemental, fut indignée de la possible décision de sortie du dispositif pour les deux quartiers de la Grand'Combe : "Heureusement que nous avons cette politique de la ville en cette période. Quand j'ai appris que la Grand'Combe pouvait en sortir, j'en ai été tétanisée !", affirme-t-elle. Tous les regards étaient tournés vers Jean Rampon, représentant de l'État. Environ 400 quartiers en France sont dans la même situation que la commune cévenole, et dans le désir de calmer les inquiétudes, il explique qu'une des raisons pour laquelle la Grand'Combe pourrait sortir des QPV concernerait les progrès réalisés, entre autres sur l'aménagement urbain.
À la fin des prises de paroles, les habitants ont été invités à se lever pour désigner les thèmes qui leur semblent les plus importants, à l'aide de trois petites gomettes représentants chacunes un sujet. Les cinq retenus : accompagnement de la jeunesse, prévention de la délinquance, réussite scolaire et éducative, valeurs de la République et emploi, formation, création d'activités ; ont été débattus autour de tables rondes.
Le PS grand'combien également alarmé
La secrétaire de la section PS Christiane Thomas avait réuni la presse une heure auparavant, pour dévoiler les préoccupations des socialistes sur le sujet : "Pour nous, le travail réalisé doit continuer. À ce stade, c'est une preuve du désengagement de l'État", déplore-t-elle. L'élue du Printemps Alésien semble assez admirative de la politique menée par l'ancien ministre de la Ville François Lamy : "À l'époque on ciblait les crédits sur certains quartiers pour resserrer les écarts", ajoute-t-elle. Christiane Thomas affime que pour le quartier de Trescols à la Grand'Combe, une petite cinquantaine d'habitants manque pour constituer le socle de 1 000 habitants, nécessaire pour faire partie du dispositif.
Didier Dart, secrétaire de la section PS à la Grand'Combe va encore plus loin : "Avec cette nouvelle carte, un bâtiment peut se retrouver complètement coupé en deux, une partie pourrait être aidée et l'autre non", déclare-t-il. Toujours selon le PS, au-delà de l'aspect financier, sortir de la politique de la ville pourrait nuire à l'implantation de nouvelles entreprises, qui pourraient se voir amputer de nombreux avantages.