LA GRAND'COMBE Entre Laurence Baldit et le député Alexandre Allegret-Pilot, une tension exacerbée
Accusée sur les réseaux sociaux par le député de la cinquième circonscription, Alexandre Allegret-Pilot, d'« outrage républicain » pour lui avoir refusé la main ce mercredi midi, la maire communiste de La Grand'Combe, Laurence Baldit, réagit.
De l'eau dans le gaz. La journée dédiée aux Jeux paralympiques, organisée ce mercredi 28 août par la municipalité de La Grand’Combe avec le soutien de la Région, du département, et du Comité départemental olympique et sportif du Gard, dont les représentants étaient présents, visait à célébrer le sport pour les personnes en situation de handicap en ce mercredi 28 août, jour historique où Paris accueille pour la première fois les Jeux Paralympiques (relire ici). Aux environs de midi, les activités avaient déjà commencé sur la place Jean-Jaurès, tandis que l’édile Laurence Baldit prononçait un discours mettant particulièrement en avant le principe d’inclusion.
C’est alors qu’Alexandre Allegret-Pilot se distingue discrètement au sein de la petite assemblée. Vêtu d’une chemise blanche et arborant un sourire réservé, sa présence surprend certains, compte tenu des relations tendues entre lui et la commune. En effet, lors de la campagne électorale, Patrick Malavieille, ancien maire de La Grand’Combe, l’avait gentiment égratigné sur son compte Facebook avec son ironie aiguisée, tandis que les relations entre l’actuelle maire, Laurence Baldit, et le tout fraîchement élu député avec 51,58 % des voix demeurent au point mort. Une fois les discours terminés, Alexandre Allegret-Pilot se dirige vers la table réservée au verre de l’amitié, après l’inauguration de la journée spéciale.
Le député de l’alliance des Ciottistes et du Rassemblement national, élu le 7 juillet dernier pour la cinquième circonscription, s’approche de Laurence Baldit. En vain : la maire de La Grand’Combe refuse de lui serrer la main, tout en lui adressant un sourire. À noter que durant sa récente campagne, le candidat parachuté semblait à peine connaître le nom de la maire. Le refus de serrer la main est mal perçu par Alexandre Allegret-Pilot, d’autant plus qu’il affirme ne pas avoir été invité à l’événement. Il repart alors dans sa citadine, rouge, sans avoir eu l’occasion de s’exprimer, puis s’empresse de rédiger un post exprimant son indignation sur les réseaux sociaux, qu’il publiera quelques heures plus tard.
Un courrier ignoré, une main refusée, un discours non prononcé... les accusations du député
Un député de droite, allié de l'extrême droite, déjà connu localement pour son engagement et son franc-parler, se retrouve face à une élue de gauche, communiste, tout aussi déterminée à défendre ses convictions. Cette confrontation n'est pas un cas isolé. Depuis bientôt deux ans, Pierre Meurin, député du Rassemblement national, fait face à une opposition ferme à Saint-Martin-de-Valgalgues, où le maire communiste Claude Cerpedes refuse catégoriquement tout entretien avec lui (relire ici).
Dans ce contexte, Alexandre Allegret-Pilot, dont le compte X a été supprimé en juillet après la résurgence de publications de 2023 et 2024 où il qualifiait la parité femmes-hommes de « régression » et l'inscription de l'IVG dans la constitution de « mascarade », considère le refus de lui serrer la main comme un « outrage républicain ». Sur son profil Facebook, il exprime son indignation : « Non seulement je n'ai pas été invité à l’événement en faveur du handi’sport et du sport adapté, mais j'ai également été privé de la parole lors de cet événement financé par les deniers publics. De plus, la maire de La Grand’Combe a refusé de me serrer la main. Laurence Baldit, malgré un discours fleuve sur « l’inclusion, la tolérance et la lutte contre l’exclusion sous toutes ses formes » (sic, cela ne coûte jamais rien), a ainsi refusé de saluer le député de sa circonscription sans aucune justification. Quelle ironie de la part d'une gauche qui se prétend tolérante et engagée pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens. »
Dans une accusation ferme, Alexandre Allegret-Pilot a révélé avoir envoyé une lettre à Laurence Baldit le 15 août dernier, dans laquelle le nouveau député de la cinquième circonscription proposait de collaborer sur des projets importants pour La Grand’Combe. Selon lui, cette lettre est restée sans réponse formelle. Lors de sa visite aujourd’hui, il affirme avoir appris que la maire n'était pas disposée à travailler avec lui, ce qui a exacerbé son sentiment d'exclusion. Il estime que cette situation reflète un manque d'intérêt pour les besoins des habitants de La Grand’Combe et accuse la maire de « cracher au visage de la démocratie et de 28% des électeurs de La Grand’Combe », et de privilégier des considérations politiques au détriment des préoccupations locales.
La réponse assumée de l'édile
Interrogée par nos soins ce mercredi soir, à quelques minutes de la diffusion de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques sur la place Jean-Jaurès, Laurence Baldit a expliqué et justifié ses choix : « La municipalité a organisé cette journée paralympique pour célébrer le sport, mais aussi pour promouvoir la diversité et l'inclusion. Alexandre Allegret-Pilot n'a pas été inclus dans la liste des invités, car le Rassemblement national est souvent associé à des positions d'exclusion. En revanche, à La Grand'Combe, nous avons une tradition d'accueil, d'inclusion et de respect des différences. Notre politique est entièrement axée sur ces principes, comme le montrent également les travaux que nous entreprenons. Concernant l'incident qu'il évoque, il est venu me voir, m’a tendu la main, mais je ne l’ai pas serrée. Je lui ai expliqué que je n'avais pas oublié son intervention violente dans nos bureaux de vote lors des élections législatives, lorsqu'il était venu avec ses collaborateurs. »
Alors que Laurence Baldit tenait un bureau de vote, les collaborateurs d'Alexandre Allegret-Pilot et lui-même avaient, de manière assez violente, contesté plusieurs choses. Dans un premier temps, accompagné de sa suppléante Nina Rafati, il avait fouillé les enveloppes bleues, estimant qu'il y avait eu des bourrages d'enveloppes. « Il est ensuite venu avec d’autres collaborateurs, qui ont été particulièrement violents et ont notamment critiqué notre gestion de la commune en disant : « 30 ans de communisme, voilà où ça mène », des propos que nous considérons comme diffamants. De plus, dans un bureau de vote, il est interdit d'exprimer des opinions politiques », raconte Laurence Baldit, qui avait jusqu'alors gardé le silence sur cet épisode. Et tout cela, l'édile ne l'a pas oublié.
« Face à cette violence, il est vrai que je n'ai pas souhaité serrer la main de ce monsieur. Je lui ai cependant indiqué que j'avais reçu son courrier proposant de travailler ensemble. Il m'a répondu qu'il ne travaillerait pas avec des personnes qui ne lui serrent pas la main. Dans ces conditions, nous ne travaillerons donc pas ensemble.
Laurence Baldit, maire de La Grand'Combe
« Pour moi, la parole du Rassemblement National est une parole de haine et d'exclusion. Je n'ai aucune affinité avec ce discours et je ne peux pas travailler avec ce monsieur, surtout lors d'événements comme celui organisé aujourd'hui, qui prône l'inverse. » L'édile souhaitait également revenir sur un point des accusations du député : « En revanche, concernant les accusations d'outrage républicain et de mépris des électeurs, je tiens à clarifier que ce n'est absolument pas le cas. Que ce soit sous Patrick Malavieille ou moi-même, nous avons un grand respect pour tous les habitants de la commune, indépendamment de leur vote. Je ne connais même pas leur choix électoral, mais je pense que je le démontre au quotidien par mon engagement dans l'amélioration de tous les quartiers et en écoutant les gens dans la rue. Le refus de serrer la main n'est en aucun cas dirigé contre les électeurs, car je les respecte tous, quel que soit leur vote. » Les électeurs devront en tout cas, faire sans les idées de son député qui ne sera manifestement pas écouté.